We Own The Gift Of Forgiveness

XXVIII

Seth

Dans la salle d'attente, une grande partie de la famille de Devon est déjà présente. Alors que je m'attendais à ce qu'Olivia, qui a étrangement tenu à être celle qui m'accompagnerai à l'hôpital, fasse demi-tour, elle se mit contre le mur, les bras croisés, comme si de rien n'était. Je pensais aussi que les Howard ne voudraient pas nous voir alors que Devon était au bloc opératoire entre la vie et la mort par ma faute, mais alors que je n'osais plus avancer et trouver une place pour attendre, Dean s'approcha de moi. J'eus un mouvement de recule par appréhension.

— Tu vas bien ?

La question, aussi simple soit-elle, me demande un long effort de réflexion. Pourquoi s'en préoccupe-t-il ? Je me rappelle de cette nuit, ligoté sur cette chaise au milieu de nulle part, où mon état l'importait peu. Je le dévisage sans même m'en apercevoir avant de remarquer son expression désolée.

— J'ai été un vrai connard Seth. J'aurais dû comprendre que votre relation n'était en rien quelque chose de néfaste pour Devon, ou n'importe qui d'ailleurs... Je sais que ça n'excuse rien, mais j'étais sous l'influence de mon père, et j'en ai profondément honte, surtout après ce soir. Je suis désolé, pour tout.

Mon regard se déporte sur Olivia qui fixe le sol, le regard vide. Ce conflit est d'un ridicule, et il aura fallu qu'une vie soit mise en péril pour que tous en prenne conscience. Hésitant, Dean pose sa main sur mon épaule.

— Je sais que mon frère a pris la bonne décision.

Soudain, lorsque une larme roule sur la joue de Dean, les miennes se remettent à couler. L'ambiance est terriblement lourde dans la pièce et j'aimerais pouvoir, en cet instant, revenir des années en arrière. Si seulement nous n'avions pas été influencés, si Devon et moi nous étions rapprochés bien plus tôt, si l'argent et la renommée n'étaient pas des éléments de nos vies si importants... Nous aurions dû avoir la maturité de cesser cette guerre inutile et stupide avant que la première goûte de sang ne soit déversée, mais ce n'était pas notre rôle. La justice ne devrait pas accepter des pots de vins et ignorer des bâtiments qui brûlent, des soirées qui virent au drame, des bagarres sans queue ni tête aux yeux de tous...

Il est trop tard pour les remords et les regrets, nous devrons vivre avec pour toujours. Ils nous serviront de leçons pour l'avenir. Néanmoins, la seule chose qui m'intéresse pour l'instant c'est de savoir si Devon va pouvoir vivre car c'est lui mon avenir. Sans sa présence à mes côtés, est-ce qu'enterrer la hache de guerre en vaut la peine ? Nous avons renoncé à notre amour tant de fois, à présent nous étions prêts à l'explorer et faire éclater les barrières qui avaient été créées, sans lui tout ça n'aura servit à rien. 

Je ne veux pas être fort ou courageux, je veux traverser tous les aléas et obstacles de la vie avec lui, pouvoir accepter mes faiblesses et crier au monde entier que cet homme en fait parti. Il est la plus belle de mes faiblesses. Je refuse qu'il parte de cette manière. 

***

— Est-ce que les parents de Howard Devon peuvent m'accompagner ?

— Il n'y a que moi.

L'homme en blouse blanche et la mère de Devon s'éloignent. Je regarde autour de moi pour occuper mon esprit en attendant des nouvelles de l'opération : Scott, le plus jeune des trois frères, s'est endormi contre l'épaule de l'aîné. Ma sœur, qui est allée se chercher un café, revient en marchant doucement, un paquet de gâteaux en main. Arrivée à mon niveau, elle me le tend. 

— Si jamais tu as faim.

Je la remercie mais dépose le paquet à côté de moi car manger est la dernière chose qui me serait venue à l'esprit tant ma gorge est serrée et ma bouche sèche. Je poursuis mon analyse de la pièce en décortiquant la décoration douteuse accrochée au mur constituée à 90% de feuilles parlant de prévention ou de consignes sanitaires. Dans ma quête de trouver n'importe quoi en capacité de me divertir, je rencontre les yeux de Dean. Il semble me demander comment je vais d'un mouvement de tête, je me contente d'hausser les épaules.