Réalité virtuelle

Chapitre 40 : Regrets

Tu devais être heureux de ce que tu venais de faire, Ernesto.
Tu m'avais pris tout ce que j'aimais et souhaitais défendre ...
-Et toi, Andréalle, toi qui venais de tout perdre, comment pouvais-tu croire que j'étais le plus heureux de nous deux?
À la fin, il n'en restera plus qu'un encore debout.
-À la fin, il n'en restera qu'un.

Lorsque j'ai repris connaissance, Sera faisait tout son possible pour me maintenir en vie.
Mais ce qui m'a fait revenir à moi, était la fée que j'avais laissée à Ernistère.
Au moment où je n'ai plus réussi à sentir sa présence, un déclic s'est fait en moi, me faisant ouvrir les yeux.
Le regard larmoyant de Nuxie, d'Elvirin, Rénald et ma sœur me rendait moi-même triste.
Je n'avais pourtant qu'un objectif depuis toutes ces années, c'était celui de venger mes parents.
À mon réveil, le soleil tapait fort et j'ai entendu les pleurs des habitants ayant perdu leur maison, voire leur famille aussi.
C'était en partie de ma faute mais aussi celle de celui qui était responsable de cette tragédie.
La guilde des Croix inversées devait payer pour ses actes, me faisant me relever rapidement.
"Tu devrais prendre ton temps avant de te redresser. Me conseilla Sera.
-Comment le pourrais-je? Lui ai-je demandé.
Je sens qu'un drame est en train de se produire à Ernistère, il me faut y aller sans tarder." Finis-je en me mettant en route.
Bien que mes compagnons étaient inquiets pour moi, alors que j'étais en train de tituber, j'ai ramassé une cape d'un cadavre de ces barbares des Croix inversées puis Heimérid s'est changé en Nyrzhül que j'ai chevauché.
"Il n'y a pas une minute à perdre, il me faut retrouver Ernesto.
Il va payer pour ses crimes!" Ai-je crié en me mettant en route.
Ils n'étaient pas obligés de me suivre dans ma vendetta mais pour moi, il n'y avait qu'une seule solution, celle de mettre un terme à ce conflit une fois pour toute.
Les trois aventuriers sont montés à cheval tandis ma sœur changea sa tenue en son familier pour me suivre.
Nous avons cavalé durant des heures jusqu'à ce que nos montures soient à bout de force.
Rapidement arrivés dans les landes, je pouvais voir au loin une immense fumée noire dans le ciel où même la lune rouge ne donnait plus de sa clarté.
Même si je ne tenais presque pas debout, je me suis mise à courir sans m'arrêter.
Mon état faisait peur à ceux qui m'accompagnaient mais je ne pouvais me permettre de faire une halte pour me reposer.
N'ayant plus contact avec Ernistère, je savais qu'il était arrivé quelque chose, surtout en tenant compte de ce brouillard sans la moindre visibilité que nous avions.

C'est lorsque je suis arrivée sur place, en voyant les remparts de ma capitale entièrement détruits à même le sol où les cadavres jonchaient sur celui-ci, que j'ai compris ce qu'il se passait réellement.
Les maisons en feu, les démons qui pleuraient leurs morts alors que moi, je n'avais même pas pris la peine de m'occuper de Zhin qui était lui-même décédé.
Je devais faire une piètre amie mais encore pire, une mauvaise impératrice ...
J'avais abandonné mon peuple pour ma vengeance personnelle, les délaissant à leur propre sort ...
Qu'importe où je regardais, je ne voyais aucun de ses barbares des Croix inversées.
Seuls les décombres des habitations et les vestiges du champ de bataille étaient encore présents.
Avec Sera, nous avons joint les mains pour calmer les flammes des maisons, utilisé nos fées pour repérer où se trouvaient les blessés et on a demandé à ceux qui nous accompagnaient de s'occuper d'aller porter secours à ceux qui en avaient le plus besoin.
Après des heures de travail acharné dans la capitale, je me suis rendue au château avec les membres de la guilde de l'arc-en-ciel noir et blanc.
Lui aussi était pratiquement détruit, avec la tour sur laquelle j'avais pour habitude d'aller qui était entièrement tombée sur le reste de l'édifice.
Là aussi, les gardes royaux étaient tous au sol et en faisant notre possible pour les aider, j'ai été me diriger jusqu'à la salle des trônes.
En y arrivant, je suis tombée à genoux, retenant mes larmes qui s'étaient elles-mêmes mélangées à une profonde haine.
É'Synthia se trouvait là, devant moi, avec une dague enfoncée dans son cœur.
Mais c'est en voyant qui se trouvait derrière que j'ai fait apparaître Tranche-destinée.
Assis sur mon trône à moitié intact, se trouvait Udlys, l'ancien général des démons, avec une cape de la guilde des Croix inversées autour de lui.
"Comment oses-tu pointer le bout de ton nez ici, à Ernistère ... Ai-je demandé à voix haute en me redressant, où j'ai serré le manche de mon arme si fort que je me suis enfoncée mes ongles dans la peau à m'en faire saigner la main.
-Je ne suis pas ici pour me battre. Répondit-il en mettant sa main devant lui pour me dire de m'arrêter.
-Avec ce qu'il vient se passer, n'espère pas avoir un traitement de faveur de ma part, traître!" Criais-je en marchant jusqu'à lui.
C'est à ses prochaines paroles que je me suis arrêtée pendant un bref instant pour l'écouter.
"Je suis ici pour te transmettre un message d'Ernesto. M'expliqua-t-il, me donnant un rictus au niveau du visage.
Il aimerait pouvoir discuter avec toi, ne serait-ce qu'une fois, avant d'en finir pour de bon."
J'ai pleuré et rigolé nerveusement à la fois, à m'en cacher le visage de ma main.
Je ne savais pas comment réagir face à cette ... Provocation mais c'était l'occasion idéale pour terminer ce qui avait été commencé.
"Donne-moi l'endroit et je m'y rendrai sur le champ." Lui ai-je dit d'un regard noir mais sadique à la fois à cause de mon sourire qui ne s'en allait pas.

Après qu'il ait disparu une fois son message transmis, je suis retournée à l'extérieur, plus motivée et anéantie que jamais.
À cause de mon regard, ma sœur a pris un instant avant de s'approcher mais l'a tout de même fait puis s'ensuivirent ceux de l'arc-en-ciel noir et blanc.
Nous nous sommes rendus sur ce qu'il restait des ruines des remparts et j'ai regardé l'horizon de ma nation que j'avais laissée à l'abandon.
"Je sais où est Ernesto, il ne reste plus qu'une chose à faire pour terminer cette histoire une fois pour toute. Ai-je dit sans pour autant les regarder.
-Tu as raison, ma sœur, un tel drame ne peut rester impuni."
Pour la première fois, elle et moi étions d'accord mais surtout, sur le même ton.
"Et que comptes-tu faire, Andréalle? Me demanda Elvirin.
-Ce que j'aurais dû faire depuis longtemps ..." Ai-je répondu en sortant la fiole que j'avais.
Avec la fiole brisée dans ma main, j'ai serré de toutes mes forces jusqu'à casser la larme qui se trouvait à l'intérieur.
Je n'étais plus capable de respirer, Heimérid s'est énervé en moi mais je savais que je faisais le bon choix.

J'ai sorti Tranche-destinée que j'ai enfoncée dans le cœur de Sera, faisant que les trois aventuriers ont commencé à crier dans leur incompréhension.
Le Nyrzhül est sorti de mon corps pour lui mordre le cou.
À son tour, son griffon est sorti de son corps pour m'attaquer au niveau du cœur.
Personne ne comprenait ce qu'il se passait puis lentement, après qu'elle m'ait tapé de son bouclier, nous nous sommes prises dans les bras, ne faisant plus qu'une, celle que nous étions censées être et avions toujours été ...