L'ombre de la forêt

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-"Hermès !! Viens mon chien vite !"
Je vois la boule de poils sortir des fourrés épais. Je cours le plus vite possible. Mes poumons me brûlent. Je veux sortir de cette maudite forêt le plus rapidement possible. Quand soudain....

...Quelques jours plus tôt...

Me voilà enfin arrivé. Aujourd'hui c'est l'enterrement de mon grand-père...Je suis donc revenu dans la maison où j'ai habité toute mon enfance, dans ce petit village entouré de forêts. Je suis parti l'année dernière pour mes études. Je ne suis pas revenu depuis Noël et nous voilà déjà au mois de juin, le début des beaux jours.
Une si triste journée... Mais une occasion de revoir toute ma famille et surtout Hermès mon labrador chocolat que je n'ai malheureusement pas pu emmener dans mon petit appartement d'étudiants. Il est vrai qu'il est sûrement plus heureux à la campagne avec mes parents mais il me manque.
En parlant de lui, à peine sorti de ma voiture, je le vois courir, me sauter dessus et me réclamer des caresses.
Derrière, je vois mes parents sous le porche.
-”Simon, mon cœur ! Dit ma mère, tu m’as manqué !”
Et oui même à 20 ans ma mère me donne toujours des petits surnoms affectueux.
Je m'approche et je les serrais dans mes bras de toutes mes forces. Ils m'avaient tellement manqué.

...Le soir...

Cette journée a été éprouvante... Nous sommes rentrés du cimetière depuis deux heures environ et depuis l'ambiance est vraiment bizarre. La maison que j'avais connue heureuse et lumineuse, est aujourd'hui sous un énorme orage qui fait trembler toutes les fenêtres.
Ma mère, dévastée, est partie s'enfermer dans sa chambre.
J'étais resté avec mon père dans le salon. Tout le monde est reparti et mon père aussi vient de monter rejoindre ma mère.
Me voilà donc avec Hermès devant la cheminée. A la télévision, un documentaire sur les pharaons ou quelque chose comme ça. A vrai dire je n'écoute plus vraiment, depuis que, par la fenêtre au fond du jardin à la lisière des bois, j'ai vu une espèce d'ombre passer... Mais Hermès n'a pas réagi, je me dis donc que ça doit être mon imagination, après tout la journée a été longue, je devrais aller me coucher, je laisse donc mon chien sur le tapis du salon et monte.
Mais impossible de trouver le sommeil. L'image de cette ombre me reste en tête et tout à coup,  en me tournant vers la fenêtre, elle est là, à côté du petit potager de mon père. Un frisson glacial me  transperce le corps. J'ai comme l'impression qu'elle m'observe, mais en un battement de paupières, elle a disparu.
Je finis par m'endormir après tout, ça doit sûrement être la fatigue...

… Le lendemain soir...

Aujourd'hui avec ma mère, nous avons rangé la vieille maison de grand-père. J'ai eu la sensation d'être observé, comme si quelqu'un me suivait. Je me suis vraiment senti mal. Hermès aussi a été agité et ce n'est pas son genre. Il est de nature calme et posé normalement. Et chose qui n’est arrivée que très rarement, il a profité que la porte de l’arrière cuisine soit mal fermée pour se sauver. Nous avons donc passé une heure et demie à le chercher dans tout le petit village mais impossible de mettre la main dessus. Ma mère étant fatiguée par la journée éprouvante que nous avons passée, a donc décidé de rentrer à la maison où mon père nous attendait. Moi, il me reste plus qu’un endroit où aller chercher, la forêt…Je ne suis pas vraiment enchanté mais je n'ai pas trop le choix. Je dois retrouver mon chien.
Je gare ma voiture à l’entrée du bois. Il ne fait pas encore noir mais le soleil ne va pas tarder à se coucher.
Au loin, je reconnais les aboiements d’Hermès, mais j’entends que quelque chose ne va pas. Je presse le pas. Je quitte le chemin et m’enfonce entre les grands arbres. La luminosité baisse au fur et à mesure que je m’enfonce dans les bois. Je me rapproche également des aboiements d’Hermès.
-”Hermès ? Viens mon chien. Hermès !”
Je distingue la masse noire à une dizaine de mètres, et en relevant le regard à cinq mètres du chien, l’ombre… Elle a l’apparence d’une femme, assez fine et grande. Mais je n’arrive pas à distinguer son visage,  comme s' il était voilé. Elle a la tête baissée sur ses pieds, une aura triste émane d’elle. Elle n’a pas remarqué ma présence, mais cela ne tarde pas car elle relève la tête et je distingue dans ses yeux une lueur rouge. Un frisson me transperce. Hermès lui met la queue entre les pattes tout en reculant puis en courant dans ma direction. Focalisé sur le chien, je remarque seulement maintenant que l’ombre ravale les mètres entre nous. Je me dépêche donc de courir en direction de ma voiture. Je vois Hermès qui est juste derrière moi et en regardant par dessus mon épaule l’ombre se rapproche sans toucher le sol comme si elle survolait les racines qui jonchent le sol.
Je continue à courir vers le chemin.  Je ne vois plus Hermès, il est sûrement devant. Je continue ma course effrénée tout en regardant une fois de temps en temps derrière mon épaule. Je cours plus vite qu’elle, ce qui me permet de la distancer de quelques mètres de plus. Je me rapproche du chemin et arrivé sur celui-ci, je ne vois pas Hermès.
-"Hermès !! Viens mon chien vite !"
Je vois la boule de poils sortir des fourrés épais. Je cours le plus vite possible. Mes poumons me brûlent. Je veux sortir de cette maudite forêt le plus rapidement possible. Quand soudain… L’ombre apparaît juste à deux mètres de moi. Effrayé, j’essaie de reculer mais me prend les pieds dans des racines et tombe sur les fesses. L'ombre, elle, ne bouge pas, elle me fixe. Elle paraît aussi effrayée que moi mais je lis aussi sur son “visage” comme de la rancœur. Hermès aboie et brise le contact visuel que j’avais avec l’ombre. Je reprends mes esprits, me relève et repart en courant vers ma voiture. L’ombre elle aussi reprend sa course mais s'arrête soudainement à la sortie de la forêt, comme si elle était bloquée, que quelque chose l’empêchait de passer.  Je ne perds pas plus de temps, je monte en voiture avec Hermès et pars rapidement.

…Une fois rentré…

Mes parents m'attendaient pour manger. Mais en voyant mon teint livide, ma mère avait vite compris que quelque chose clochait. Même Hermès d’habitude gourmand n’a pas touché à sa gamelle…
Ma mère m’a vite fait asseoir dans le salon et m’a apporté un verre d’eau.
Je leur ai donc raconté tout ce qu’il s’était passé depuis que j’étais revenu. Ma mère eut alors comme une révélation. Elle se lança alors dans un long récit, pour nous raconter qu’à la fin des années mille neuf cent quatre-vingts, un soir d'été, une jeune femme a disparu dans les bois après une soirée un peu trop arrosée. Malheureusement elle ne fut jamais retrouvée. Et depuis, chaque été des rumeurs courent dans le village. Elles disent que chaque nuit, elle hante les bois avec l’espoir que quelqu'un la retrouve et la sauve…

...Le lendemain...

Intrigué par cette histoire, je décide de retourner dans la forêt, où je l'avais croisé la veille, quand tout a coup...

Fin...?

L'ombre de la forêt Où les histoires vivent. Découvrez maintenant