Dans la campagne de Palerme, août 1921.
L'odeur des agrumes et du jasmin s'entremêlent, le vent chatouille les rameaux d'oliviers multiséculaires.Au loin, l'imposante bâtisse de la famille de Torrepadula. La dentelle des voilages s'échappant à l'extérieur des fenêtres ouvertes.
- Antonietta! Antonietta!
Le Prince Antonio cherchait désespérément sa fille.
- Antonietta bon sang! Où es-tu? N'es-tu jamais là lorsque nous avons besoin de toi? Où es-tu pour l'amour de Dieu, où es-tu?
- je suis là Père! Que me voulez-vous? Cria Antonietta au milieu des Oliviers.
- Et ton frère que fait-il? Où est-il? Où est Alberto? Sanglota le Prince.
- Il arrive! Il arrive! Il était avec Carmelina, il arrive!
Le Prince, rouge de colère et les larmes aux yeux dit :
- Maïs que fait-il encore avec Carmelina? Toujours avec Carmelina! Votre mère se meurt! Le prêtre est là! Votre grand-mère est là! Vos oncles et vos tantes sont là! Et vous, vous jouez dans les oliviers! Votre mère se meurt! Va chercher Alberto et montez à l'étage!
Depuis leur retour de la ville, la princesse Agostina, épouse du Prince Antonio, avait attrapé la tuberculose. Plus rien ne pouvait la sauver.
Le temps de monter à l'étage, dans un dernier crachat de sang, la Princesse rendit son âme à Dieu.
Le Prince, d'un froid glacial, ne versa aucune larme, il fit signe au prêtre de lui fermer les yeux et retourna dans sa chambre.
Les enfants ne savaient pas quoi dire. Leur mère est morte. Mais dans la pudeur exacerbée de leur milieu, ils n'osèrent dire un mot, de peur d'être qualifié d'hystériques.
5 minutes ne sont même pas passées, le Prince sort de sa chambre, déjà vêtu de noir, convoque le prêtre et sa famille, et les fait s'assoir dans le grand salon.
- Aucun enterrement en grande pompe, elle sera enterrée demain matin dans la crypte, sans aucune messe et sans personne. Dit le Prince.
- Aucune messe? Même pas une messe de Requiem? Une messe basse? Rien? S'étonna le prêtre.
- Non! Rien! Rien du tout! Dites votre messe de votre côté si ça va chante, mais rien ne sera dit ici. Retirez vous tous, je veux rester quelques instants seul avec mon épouse. Hurla Don Antonio
Tout le monde repartit de son côté. Don Antonio rentra dans la chambre et dit : « après toutes ces années de malheur je suis enfin délivré de ta présence ». D'un grand geste, Le Prince leva le bras et mis une gifle au cadavre de son épouse.
Don Antonio en criant dit: « enterrez là! Enterrez là maintenant! ».
- où ça? Dirent les valets.
- sa place est prête depuis que je l'ai épousé, enterrez là sous la dalle centrale de la crypte. Sans nom, sans date, et que l'on n'en parle plus. Enterrez cette sorcière! Dit Don Antonio en colère.
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Citron et mandoline
Historical FictionDans les années 20, une famille sicilienne établie depuis plusieurs siècles se délecte de ses privilèges. La famille Zanzara, travaillant pour eux depuis bien longtemps, est bien décidée à bousculer l'ordre naturel des choses. L'avènement de Mussoli...