12 / Une bien étrange coïncidence

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Bordel ! C'était impossible ?! Comment ne l'avait-il pas senti plus tôt ? Il avait fallu qu'elle le touche pour lui ouvrir les yeux ! Mais qu'est-ce qu'il avait fait pour mériter cette situation !? Dresden se leva précipitamment comme brûlé par le contact éphémère de la jolie blonde.

— Je dois y aller. Je vous recontacte, M. Dorville. Il faut vraiment que nous parlions... de manière urgente, dit-il toujours avec cette voix à tomber, avant de faire volte-face et de disparaître.

— Tu lui as donné ton numéro ? demanda Lara en croquant dans son sandwich, les yeux rivés sur la silhouette qui s'éloignait.

— Non.

— Il va te contacter comment, alors ?

— J'imagine qu'il va le trouver par un autre moyen. Il connaît mon patron.

— Ton patron n'est pas censé donner ce genre d'information. Même à un pote.

— Je sais. Mais il lui a bien donné mon nom. Probable qu'il lui ait donné le reste. Il va peut-être falloir que je trouve un autre job. Voire un autre logement... Une autre vie sur une autre planète, peut-être...

— C'est pas gagné. À ma connaissance le programme pour Mars est loin d'être abouti.

— Au plus profond d'une forêt sombre et maudite, alors ?

— Ça n'existe plus, ce genre d'endroit. Il y aura toujours un con de touriste pour photographier ta hutte « trop locale et pittoresque ».

— Tu as raison. Je suis cuite, répondit Camille laconiquement.

— Pas nécessairement, répondit Lara en mâchant vigoureusement.

— Comment ça ? Pas nécessairement ?

— Il t'a dit ce qu'il te voulait ?

— Non.

— C'est peut-être un chasseur de tête.

— Un chasseur de tête ? Du genre de ceux qui trouvent des profils pour des entreprises ?

— De ceux qui trouvent des personnes pour le showbiz ou, pour toi, plus probablement le mannequinat, laissa tomber Lara en mâchant de plus belle.

Astérios disparut de la place. Aucune des deux étudiantes ne remarqua les coups d'œil en coin qu'on leur lançait depuis la brève apparition du jeune homme. Dresden ne laissait jamais personne indifférent. Camille y compris, malgré ce qu'il pensait.

L'éloignement d'Asterios l'avait soudain privée d'air. Elle n'en avait rien dit à Lara, de peur de la voir tomber dans un romantisme dégoulinant de mièvrerie. Mais c'était pourtant la vérité. Tout le temps où il avait été là, Camille avait été tiraillée entre l'envie de l'embrasser jusqu'à manquer d'oxygène, et l'envie de le frapper jusqu'à ce que mort s'ensuive. Résister à l'une et l'autre de ses envies lui avait demandé beaucoup d'énergie. Et quand il était parti précipitamment, elle avait ressenti un vide, une absence douloureuse. Et maintenant, Lara qui lui disait qu'il voulait peut-être lui parler mannequinat. Le rire qui fusa d'elle fut libérateur. Il n'effaça pas le besoin qu'elle ressentait de se trouver près de Dresden Asterios, mais soulagea un peu la douleur qu'il provoquait.

— Le mannequinat ?! répéta Camille en calmant son accès de rire.

— Ben quoi ? Tu as le profil...

— Le profil ? Lara ?! Je fais 1m67 ! Tu en connais beaucoup des modèles de cette taille ?

— Au moins deux ! En plus, tu sais qu'aujourd'hui...

— Laisse tomber, Lara ! Si c'est ça, c'est qu'il est encore plus branque que je ne le pensais...

— Ou alors, c'est pour du porno... dit Lara en se retenant de rire.

De notre sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant