𝐑𝐈𝐒𝐊

𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟔

Julia

8 août 2023

Confortablement demi-allongée dans le coin du canapé, je fixe l'écran sur lequel défile Cars

Ce soir, nous avons décidé de regarder un film, de se faire une petite soirée cinéma.

Les garçons ont insisté pour qu'on regarde ce film-là et je n'étais pas contre alors c'est allé assez vite. Ça les fait beaucoup marrer d'entendre les voix de leurs coéquipiers.

Dehors, il fait totalement nuit et l'air s'est rafraîchi. On en profite pour aérer le rez-de-chaussée en ouvrant en grand les fenêtres.

J'ai ramené mes cheveux en chignon négligé et mon pyjama comporte un débardeur bleu nuit ainsi qu'un short de la même couleur.

Mes yeux pieds bougent frénétiquement sous le plaid qui est sur moi. Je ne sais pas pourquoi, mais mon esprit est ailleurs. Mes pensées dérivent sans arrêt, pourtant je suis incapable de me rappeler à quoi je pense.

C'est assez étrange je vous l'accorde

Malgré mes efforts, je ne suis pas vraiment le film et les images ont beau remuer devant moi, je ne suis pas vraiment capable de dire ce qui vient de se passer.

A ma droite se trouve Georges et il semble remarquer mon état car il se penche vers moi.

— Que se passe-t-il ? Questionne-t-il tout bas

J'espère que personne ne l'a entendu. J'ai du mal quand on se préoccupe de moi devant les autres, j'ai toujours peur d'attirer la pitié, et j'ai horreur de ça.

— Rien du tout, je réponds automatiquement comme un robot

Ma réponse est dite comme si elle était récitée, ça en fait presque peur à quel point le cerveau humain est parfois comme programmé.

— Tu peux la faire à qui tu veux, mais pas à moi, que te passe-t-il dans ta petite tête ?

L'avantage d'un meilleur ami, c'est qu'il vous connaît par cœur, l'inconvénient d'un meilleur ami, c'est qu'il vous connaît par cœur.

J'ai bien compris au ton de Georges, que mon mensonge est apparu noir sur blanc dans son esprit.

— Tout va bien, je suis juste un peu fatigué avec hier, je finis par déclarer

Il me considère du regard, peu convaincu. Mais il ne cherche pas à approfondir maintenant sachant que si je le veux, il n'obtiendra rien.

Il se contente de se redresser, son regard en coin ainsi que ses sourcils froncés me font comprendre que je m'en sortirai pas comme ça et qu'on reprendra cette conversation plus tard.

Hier, nous sommes allés nous balader et nous avons visité des temples antiques. Nous avons marché toute l'après-midi et les jambes s'en souviennent très bien.

Ce que je viens d'affirmer devant le britannique n'est pas faux, mais ce n'est pas l'entière vérité. J'essaye de me persuader que je ne lui mens pas mais que je ne lui dis juste pas entièrement mon état. Après tout, ce n'est pas le moment.

Mais je ne peux m'empêcher de m'en vouloir de lui cacher cela. Je sens que j'ai besoin de parler, de faire part à quelqu'un de mes doutes qui sont revenus ces derniers jours et Georges a toujours été à mon écoute quand j'en ai eu besoin l'année dernière.

Cette fois-ci, mes pensées sont bien claires dans mon esprit et les flashbacks sont de retour. Je prie intérieurement pour que mon mal-être soudain passe inaperçu. Repenser à certaines choses réveillent mes démons et je ferai bien d'arrêter et de me concentrer si je veux dormir cette nuit.