•| 22|| Smoothie fruité

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Les dix premiers mètres, tout va pour le mieux, mais il suffit d'une erreur de débutante au onzième pour que je dérape et m'écrase les fesses sur le bitume froid et humide. C'était obligé, rit ma conscience, et je regrette de ne pas être tombée sur la tête comme la dernière fois au studio afin de la faire taire. Je lâche un petit gémissement de douleur en constatant que je me suis égratigné les paumes en essayant vainement de me rattraper. Quelques pas devant, Brian se retourne, intrigué, et s'approche à grands pas lorsqu'il me voit au sol.

- Eh ! Ça va ?

Il se baisse pour ramasser les affaires qui sont tombées de mon sac resté ouvert, l'air inquiet, marquant une petite pause en tenant mon journal avant de le ranger à son tour. C'est quand il s'agenouille face à moi, le visage éclairé par la lumière que je vois l'hématome qui s'étale derrière les verres de ses lunettes, du côté droit. C'est maladroitement caché, mais ça semble faire l'affaire puisque je n'avais rien remarqué de loin. Je romps le contact visuel qu'il a établi entre nous en tournant violemment la tête sur le côté pour récupérer mes béquilles, mais il est plus rapide et me tend un bras pour m'aider à me redresser. Je fais bouger mes épaules pour lui montrer que je ne veux pas de contact et il me lâche, laissant tomber ses bras ballants.

- Ça va. Merci.

Je le laisse seul et repars de mon côté en claudiquant d'un pied sur l'autre, toujours aussi lentement que tout à l'heure. Et je ne peux pas m'empêcher de me sentir coupable alors que je dépose mon journal dans son casier.

Quand je monte dans la voiture de Nolan en compagnie de Paul et Luna, ce soir, mon amie arrive en courant pour me glisser dans les mains le carnet. Les légers sourires figés sur leurs lèvres à tous les trois me font comprendre qu'ils sont plusieurs à être dans le coup. Je soupire, parce que Lù insiste beaucoup et que ce n'est pas avec cela que je vais penser à autre chose. Ils me déposent jusqu'à la maison et je me laisse tomber devant le porche sans prendre la peine d'ouvrir la porte.
Assise sur les marches, je me plonge dans la lecture de la nouvelle lettre qui m'attend.

Chère Théa,

J'imagine à quel point ça doit être compliqué pour toi vu la Miss Hyperactive que tu es, de rester sans bouger. Tu ne t'es pas fait mal, tout à l'heure ? Ça va ? Je comprends ta décision de rester à l'écart, et d'ailleurs, je t'assure que s'il existe une erreur dans notre amitié, elle ne vient pas de toi.

Ne déprime pas, tout va bien se passer, je te le promets. On est tous présents pour toi, et de toute façon, pour après le lycée... non, je ne te dis rien, tu verras bientôt. C'est une surprise.
Je te laisse, parce que j'imagine que tu ne souhaites pas me parler. Sache que je suis là. Je me répète mais c'est la vérité. Appelle moi.

B.

Je range le carnet et toque à la porte pour appeler Haron, car après une longue journée à me traîner d'un bout à l'autre du lycée, je n'ai plus de force pour monter les quelques marches qui m'attendent - ni pour me relever, d'ailleurs. Il se moque gentiment en m'ouvrant, et me tire par les bras pour m'emmener jusqu'au canapé. Je lui en veux encore pour l'autre soir, mais sans lui je ne peux pas monter les marches, alors je m'oblige à être agréable en sa compagnie.

- Tu m'aides ? me lance-t-il quelques temps plus tard depuis la cuisine. Je dois faire à manger pour ce soir mais on sait très bien que tu es plus douée que moi...

Mes pensées ne veulent pas arrêter de se tourner vers Brian, je me mords la lèvre et me fais force pour penser à mes devoirs pour demain. L'idée de préparer à manger me donne un haut-le-cœur et je secoue la tête en lui demandant de plutôt m'aider à atteindre ma chambre.

- Pas de problème, soupire-t-il alors.

J'escalade son dos et m'accroche à ses épaules pour ne pas tomber, et lorsqu'il me pose sur mon lit, il marque une pause, le regard rivé sur la porte de ma chambre, je l'entends déglutir et l'air d'adulte qu'il a lorsqu'il se retourne fait louper un battement à mon cœur, car je sais de quoi il va me parler.

- J'ai remarqué que tu t'affames, Sista. C'est pas bien. Pas bien du tout. Je veux que tu manges, je veux te voir avaler quelque chose ce soir. Si quelque chose te tracasse, tu peux m'en parler !

- Je sais...

- J'ai l'impression que tu n'as pas conscience de la gravité des troubles de l'alimentation. Et moi, s'il y a bien une chose que je sais, c'est que si ça continue je t'envoie voir quelqu'un.

- Je ne peux pas m'en empêcher, Haron ! Ça sert à rien de me menacer, quand je mange, j'ai envie de vomir ce que j'avale. C'est contre moi ! Je n'y suis pour rien !

Il me tapote la tête en déposant un baiser sur ma joue.

- Eh bien ta famille, tes amis, nous sommes tous là pour t'aider. Il faut vraiment que j'aille faire à manger, mais on parle de ça après le repas, d'accord ?

Une odeur sucrée monte jusqu'à ma chambre dix bonnes minutes après, et mon frère grimpe les escaliers quatre à quatre pour venir me chercher en s'exclamant :

- Je t'ai préparé un smoothie, c'est pas grand-chose mais au moins, je suis sûr que ça, tu le boiras.

Je lui souris d'un air fatigué mais le remercie intérieurement, me promettant de lui faire plaisir et de suivre ses conseils.

Tout va bien Théa.

Même ma conscience est de mon côté, ce soir, me murmurant tout bas : Ça va bien se passer.

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L'Enfer c'est toi #2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant