Chapitre III - En Cage

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Quand l'obscurité s'installa, tous les bruits se turent soudainement, comme si le monde entier retenait son souffle. Alan courait, les bras tendus devant lui, prêt à amortir un choc potentiel. Le terrain changeait constamment sous ses pieds, les murs bougeaient, les plateformes se déplaçaient, et la lumière ne revenait que par intermittence, suffisante pour lui faire perdre tout repère. Il faut que je trouve une issue, et vite, songea-t-il, l'angoisse serrant sa poitrine. Il crut apercevoir une lueur à l'horizon, une éventuelle sortie, mais elle se dissipa presque aussitôt. Juste une foutue illusion.

Le va-et-vient entre l'obscurité totale et ces éclairs de lumière aveuglante le rendait dingue. Ils essaient de nous déstabiliser, pensa-t-il, ce n'est plus un test physique, c'est une torture mentale. Il ne cherchait plus à prouver quoi que ce soit, ses compétences ou sa bravoure, cela n'avait plus d'importance. Il voulait juste sortir de cet enfer, ses yeux en feu à cause des transitions brutales entre la lumière et l'obscurité.

Lorsque la lumière réapparut, elle dévoila un nouvel obstacle. Des mains mécaniques surgissaient du sol et des murs, comme dans la "salle de bain" qu'ils avaient traversée plus tôt. Elles semblaient prendre vie, se jetant sur tout ce qui passait à leur portée. Elles essaient de nous attraper, comme des araignées géantes, pensa Alan avec une pointe d'horreur.

Mais il aperçut aussi un autre adversaire. C'était la même femme qu'auparavant. Elle ne m'a peut-être pas encore vu, espéra-t-il, son instinct lui dictant de se cacher. Il se faufila derrière un mur, retenant sa respiration. Ses muscles étaient tendus, prêts à réagir au moindre mouvement, tandis qu'il essayait de se fondre dans les ténèbres qui s'abattirent de nouveau.

Collé contre le mur, Alan sentit son cœur battre à tout rompre. Son corps entier frissonna, un avertissement primal. Quelque chose arrive, se dit-il, alors que chaque fibre de son être semblait le crier. Puis, il sentit soudain une main froide saisir son visage. Elle m'a trouvé !

Il se débattit avec fureur, pliant son corps pour rendre son torse moins accessible. Son souffle devenait court, chaque inspiration brûlante dans sa gorge. En une fraction de seconde, il se rendit compte que la main qui l'avait attrapé n'était pas celle de la femme, mais une de ces maudites mains robotiques. Elles tentaient de lui agripper les pieds. Sans sa chaussure, Alan parvint à se dégager plus rapidement qu'il ne l'aurait cru. Je dois courir, maintenant !

La lumière revint et révéla la véritable horreur de ces mains mécaniques qui semblaient émerger d'un autre univers. Elles grouillaient, cherchant à s'accrocher à tout ce qui se mouvait. Devant lui, un autre candidat, celui qu'Alan avait observé plus tôt. C'était le même homme tremblant, celui qui semblait terrifié. Le pauvre gars, pensa Alan, il n'a aucune chance.

L'homme se dirigeait, tant bien que mal, vers une sortie possible. Mais il courait maladroitement, penché d'un côté, comme un enfant qui trébuche. Juste avant que la lumière ne disparaisse à nouveau, Alan le vit s'écraser contre un mur avec une violence inattendue. Même en pleine lumière, il n'arrive pas à se débrouiller...

Mais ce n'était pas tout. Un autre candidat, celui-là rapide et vif, se déplaçait comme un fauve. Agile comme un guépard, il se penchait en avant, prêt à bondir. Il est incroyablement fort, pensa Alan, fasciné par la fluidité de ses mouvements. Ce candidat semblait se diriger vers l'homme à terre. Alan hésita, son regard allant de l'agile prédateur à l'homme blessé.

Je suis si près de la sortie... Mais je ne peux pas le laisser comme ça, se dit-il, luttant intérieurement. Quand la lumière s'éteignit de nouveau, Alan se décida à agir. Il bondit dans l'obscurité, se mouvant avec une aisance qui le surprit presque. Je dois y arriver avant l'autre, pensa-t-il, alors qu'il franchissait les obstacles dans le noir, ses muscles tendus, ses sens en alerte.

Les cris du blessé guidaient ses pas. Alan se rapprochait rapidement. Il arriva à ses côtés juste avant que la lumière ne revienne. Le type était allongé, le visage tordu de douleur. Merde, il a dû se faire sacrément mal. Alan se pencha et lui tendit la main, paniqué :

« Prends ma main, lève-toi, l'arrivée est proche ! Dépêche-toi, un gars nous poursuit, il va nous rattraper ! »

Le blessé leva les yeux vers lui, fixant sa main tendue. Il ne répondit pas immédiatement, ses lèvres tremblantes formant un faible sourire. Pourquoi il sourit ? se demanda Alan, une suspicion soudaine se glissant dans son esprit.

Puis, sans prévenir, l'homme attrapa sa main, mais au lieu de se relever, il se projeta vers Alan, touchant son torse. Alan sentit un froid glacial l'envahir, comme si toute sa volonté venait de lui être arrachée. Non, non... c'est impossible.

« On ne t'a jamais appris à faire attention aux étrangers ? railla l'homme, un sourire cruel se dessinant sur son visage. Dommage pour toi, mais j'ai bien vu que tu étais faible. Alors j'en ai profité ! »

Le choc laissa Alan paralysé, incapable de réagir. Son esprit se noyait dans un tourbillon d'émotions contradictoires : colère, honte, désespoir. J'ai été trop naïf, se maudit-il intérieurement. Comment j'ai pu tomber dans ce piège aussi facilement ?

La sensation de vide sous ses pieds le sortit de ses pensées. Il glissait, lentement mais inexorablement, à travers une trappe destinée aux perdants. Le sol semblait se dérober sous lui, le faisant sombrer dans un gouffre. C'est fini... Le sentiment de trahison se mêlait à celui de l'échec. J'aurais dû me méfier dès le début.

Alors qu'il disparaissait dans les ténèbres, un dernier mot résonna dans sa tête, comme une malédiction qu'il s'était imposée : Crédule...

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