Imagine Dragons - It's Time

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Je lui donne encore dix minutes, et si d'ici là, elle ne ressort pas par cette fichue porte, je mets les voiles !
Elle n'aura qu'à se débrouiller toute seule !
ras-le-bal de ses conneries !
Je me penche jusqu'au vide-poche, récupère un paquet de Skittles et l'empressé de l'ouvrir. Mes nerfs se calment très vite grâce au délicieux goût sucré de bonbon qui se répand dans ma bouche.
Dommage que cela ne dure pas très longtemps !
Car dès l'instant où je repose mes yeux sur le tableau de bord, c'est pour constater qu'elle a déjà plus de cinq minute de retard par rapport à ce dont nous avions convenu plus tôt dans la journée. Je déjanté à nouveau.
— Tu fait vraiment chier, Dinah ! tempêté-je, a voix haute, contre ma sœur. Et puis, enfin je vois la porte d'entrée de l'immense villa s'ouvrir, elle apparaît en haut des marches. Au vu de la gigantesque banane qui s'affiche sur son visage, je suppose que tout se déroulé comme prévu. Je ne serai pourtant calmée que lorsque nous aurons regagné notre appartement, et que nous en aurons fini avec tout ça !
— j'ai failli appeler les flics ! ironisé-je, dès qu'elle pose ses fesses sur le siège passager.
— Roule ma poule! répond-elle en me tirant la langue.
Et dire que c'est bien elle, l'aînée, et de dix ans ! Par moments, je me demande s'ils n'ont pas échangé mon cerveau et le sien à ma naissance !
Bref, le principal, c'est qu'elle soit là, et que nous puissions enfin nous casser d'ici.
— Comment Ben a-t-il pris la nouvelle? m'informé-je, en contournant la fontaine qui trône devant l'imposante bâtisse.
Je me lance ensuite sur le chemin qui rejoint la grande-route.
— mal, très mal ! Tu aurais dû voir son visage lorsque je lui ai montré les vidéos que tu a faites pendant notre petit séjour à la montagne. Il s'est littéralement décomposé.
— J'en conclus qu'il a payé ?
— Oui, et même avec un supplément sur ce qui était prévu au départ.
— Un supplément ? l'interrogé-je.
Avec Dinah, je m'attend à tout. Mon cerveau est occupé à prier pour qu'elle ne m'avoue pas lui avoir fait une dernière petite gâterie en échange de quelque billets !
— Ne me regarde pas comme ça, Madyline ! Je ne l'ai pas sucé, si c'est déjà ce que tu pense ! Du moins, pas aujourd'hui, glousse-t-elle.

— Et toi, arrête de m'appeler Madyline, bon sang ! M-A-D-Y, ce n'est quand même pas compliqué, la grondé-je, en épelant chaque lettre avec insistance.
Elle éclate de rire et m'ébouriffe les cheveux. Je déteste lorsqu'elle fait ça ! Maintenant, je suis obligée de donner un petit coup d'œil dans la rétroviseur.
Et voilà, je ne ressemble plus à rien ! Moi qui avais fait un effort pour rassembler ma tignasse blonde en une queue de cheval, on dirait qu'un pétard a explosé sur le sommet de mon crâne !
Dinah prend un instant pour m'expliquer qu'il y avait plus d'argent qu'elle l'imaginait dans le coffre de Ben. Elle l'a menacé avec le dossier que nous avons monté toutes les deux, et il n'a pas hésité à payer pour être certain que Dinah ne divulguera rien de leur idylle secrète.
Ce qui serait très fâcheux pour lui, puisque son train de vie luxueux - les beaux hôtels, les belles voitures de collection - il ne le doit qu'à la fortune de son épouse. Alors, bye bye à son poste haut place dans l'entreprise familiale de « Bibiche ».
C'est comme cela qu'il surnomme sa femme ; Dinah s'est confiée un jour alors qu'elle revenait de son premier rendez-vous avec Ben.
— On termine en beauté, c'est encore mieux, alors. À notre dernière victime : Ben, dis-je, en souriant a ma sœur.
Ce n'est pas trop tôt ! Cela fait déjà quatre ans qu'elle fait son numéro de charmeuse à ces hommes fortunés, afin de leur soutirer de l'argent. Maintenant que j'intègre l'université a la rentrée, j'ai besoin de retrouver un semblant de normalité dans ma vie.
Je devrais donc être enjouée, et pourtant, lorsque Dinah tourne la tête dans ma direction, un mauvais pressentiment me gagne. Sa façon de me regarder avec ses yeux qui disent clairement : « j'ai envie de te fuir ! »
— Dinah, je te préviens, tu rêves ! On étais d'accord toutes les deux pour que Ben soit le dernier. Tu te souviens ? Je vais à la fac en septembre, je ne mettrai pas mes études en danger pour te suivre autour du globe, et faire tes fichues photos ou vidéos, tu m'entend ?
Je ne sais déjà par quel miracle, j'ai réussi à boucler mes années de lycée avec brio, je n'ai pas envie de tenter le diable à nouveaux. Si pour Dinah, les études, ça ne sert à rien dans la vie, je ne suis pas du même avis qu'elle.
Ce que je veut plus tard, ce n'est pas me rabaisser à coucher avec des hommes fortunés et pervers, et tout ça pour leur soutirer du pognon grâce au chantage. Moi, ce que j'aspire, c'est avoir un vrai boulot et être rémunéré pour mon travail fourni. Après mes études, je souhaite devenir assistante sociale et aider des enfants en leur offrant une seconde chance. Si j'atteins ce but, je serai là plus heureuse, Dinah sait d'ailleurs à quel point c'est important pour moi, ce qui fait que je ne la comprend pas à cet instant.
J'ai accepté son idée complètement folle, cela fonctionnait, Dinah est devenue gourmande et les types se sont enchaînés.
Ce qui me fait penser à un nouvel argument a lui balancer !
— D'ailleurs, j'intègre Penbrook University, il est hors de question que je déménage encore ! Tu m'a promis qu'on s'installerait pour de bon ici, Dinah ! Soupiré-je, soudainement dépitée.
Elle n'a pas besoin de parler, je lis en elle comme dans un livre ouvert. Elle a clairement quelque chose en tête.
— madyl...
Je quitte la route des yeux pour le foudroyer du regard.
Elle aïe me taquiner avec mon prénom, mais là, c'est vraiment pas le moment !
— Mady, cette fois, c'est différent.
— Différent ? Je ne vois pas en quoi cela changerait des autres fois ? Un plan est un plan, non ? Tu séduis le type en question, tu le baises dans tout les sens du terme, pendant que j'immortalise tout ça avec mes photos. Tu le fait chanter ensuite, fin de l'histoire, résumé-je, ce qu'est notre cité ces dernières années.
Dinah soupire, et tourne la tête vers la fenêtre. Elle reste silencieuse un long moment, puis pivote à nouveau vers moi.
— Arrête-toi un instant sur le bas-côté, s'il te plaît.
Je lui lance un regarde furibond, bien décidée à ne pas céder, mais ses yeux façon « chat potté » ont toujours eu un putzin d'effet sur moi.
et merde !
Je finis par me garer dans le petit renfoncement qui longe la route, puis je coupe le moteur.
— Accouche ! ordonné-je, en serrant le frein à main.
— Cette fois, ça serait différent, Mady.
— Ça, tu l'as déjà dit.
— Laisse moi parler au lieu de me couper. Ce que je veux dire, c'est que nous n'aurions pas besoin de déménager, pas cette fois. Tu vas pouvoirs intégrés le campus de ton université comme prévu. Là, Mady, je te parle du « mec », les autres à-côtés de lui, c'est du pipi de chat, crois moi !
— Sois plus clair, s'il te plaît, m'impatienté-je.
— Il vit ici, à Penbrook.
— Alors, je vais devoir te demander de te débrouiller toute seule, je suis désolée, mais pas cette fois, Dinah. Ça sera sans moi.
      Elle soupire à nouveau.
— Mady, je vais bien partir quelque temps pour me faire oublier auprès de Ben, comme c'était prévu.
Qu'est-ce qu'elle raconte ? Je ne la comprend plus.
— je ne peut pas rester ici, deux victimes au même endroit c'est trop risqué et c'est un coup à se faire prendre. Si c'est différent, c'est parce que j'ai appris que son fils étudiait dans la même université que celle que tu va intégrer. Il est en deuxième ann...
Je la coup vivement dans son élan.
elle rêve, rêve et rêve encore !!
— C'est inconcevable, tu m'entend ! Jouer les paparazzis, OK, mais que je couche avec ce type pour que tu m'echauffé-je, à la l'idée qu'elle puisse imaginer une telle chose.
Je mets la main sur le contact pour redémarrer et me barrer d'ici, mais ma sœur m'en empêche en posant la sienne dessus.
— que c'est de la folie ! Je ne veux même pas connaître le nom de ce type, tu m'entends ! Ben était le dernier, point final. Maintenant, je vais démarrer cette fichue bagnole, et on va rentrer chez nous. Je n'en peut plus de cette chaleur ! Fichu mois d'août et fichu été de merde ! Tu vas prendre ton avion demain matin, et moi, je vais allez étudier, comme une fille normale de mon âge. Et c'est non négociable, terminé-je, en joignant le geste à la parole.
Décidément, elle vient de réussir à me ficher de mauvais poil, et en un temps record, en plus !
À mon plus grand soulagement, Dinah semble abandonner la partie. Je suis étonnée, mais peut être a-t-elle senti que cette fois, j'étais vraiment sérieuse et que j'en avais vraiment assez de cette vie ...

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 23 ⏰

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