Le jeune homme manqua une marche et s'écroula sur le sol. Sa successeure eu un mouvement de recul.– Faites attention, dit-elle en le contournant
Elle prit place sur un siège rouge adjacent. 304, nota Vincent. Il s'accroupit sur une marche et noua ses lacets. Un groupe de noble passa, il fronça les sourcils au contact de leur parfum exagérément dispersé sur leur vêtements.
La salle commençait d'hors et déjà à accueillir des privilégiés par les grandes portes de bois. Vincent descendit les marches pas à pas veillant à éviter une énième chute. Il fallait qu'il touche deux mots à Nathan.
Le jeune homme baladait ses mains autour de son corps ne sachant pas ou les ranger, lui qui habituellement les mettait dans ses poches.
Les pieds sur terre, il contourna un groupe extravagant, sortit du tapis rouge, et s'aventura dans le hall.
La grille de l'ascenseur émit un bruit strident au contact de sa main. Le jeune homme posa ses pieds dans la petite cabine en bois, il s'apprêtait à enclencher le bouton quand un homme obèse prit place à ses côtés. La cage étant de nature petite, Vincent se retrouva coincé entre une tenue transpirante et une paroi de bois.
– Quel étage ? articula-t-il les yeux dans le vague
– 3, cracha l'homme en réajustant sa cravate
L'ascenseur démarra doucement. Le bruit de reniflements et de respiration forte s'ajoutèrent aux gouttes de sueurs qui tombaient sur ses épaules. Vincent attendait, le bras posé sur la barre latérale de la cabine. Les portes s'ouvrirent.
Un sourcil levé pour marquer sa lassitude, il suivit du regard l'homme qui s'aventurait dans les couloirs propices aux balcons.
Le banlieusard ouvrit la porte des toilettes à sa gauche. Il entendit le bruit d'une chasse d'eau et ouvrit le robinet. L'eau ruissela sur ses doigts.
– Bonsoir, dit-il en levant la tête
– Quel accoutrement singulier vous avez là, remarqua l'homme
– N'est-ce-pas ? répondit Vincent en s'essuyant les mains. Des habits de mon père.
– Ce doit être un grand homme, hasarda-t-il en tournant la poignée de porte, bon spectacle.
– Vous de même, bonne soirée.
Vincent grimpa sur le lavabo encastré dans la pierre, détacha la grille et se hissa à l'intérieur des bouches de ventilation.
– Déposez-les dans ma loge, imposa une voix
La porte s'ouvrit. Le jeune homme remit la grille en place. Un robinet venait d'être ouvert, le bruit de l'eau lui permit de placer ses coudes sur l'acier et pousser son corps en avant. Il répéta ce mouvement deux fois jusqu'à l'intersection.
La porte claqua. Vincent changea de position – dos au vide – prit de ses mains une des lames situées en hauteur et s'extirpa du tunnel. Les jambes suspendu dans l'air il se balança vers la gauche et atterrit sur le rebords d'une surface lisse.
Vincent déboutonna sa chemise et détacha la corde qui le ceinturait, d'une main il l'attacha à une grille de ventilation. Il s'agrippa au cordage, se laissa balancer un temps dans le vide et amorça sa descente.
Inspirer, expirer.
Il vida ses poumons et descendit de quelques pas. Une douce odeur de viande cuite envahit ses narines. Les cuisines. Il se décala de quelques centimètres à droite, un long tunnel s'étendait à ses côtés.
Après avoir décalé la corde, Vincent – poussé vers la gauche – détacha ses pieds du mur et les enroula autour du cordage. Un bruit aigu retentit. Il leva la tête vers la grille de ventilation. Le nœud tenait.
Inspirer, expirer.
L'obstacle passé il voulut reprendre ses appuis mais son pieds glissa. Il déglutit et ferma les yeux. Respire. Sous de grandes bouffées d'air il centra son esprit sur les bruits environnants : le clapotis de l'eau, les craquements des parois, les cris aigus des souris. Il ouvrit les yeux.
– Vinc...kshhh
Il ouvrit les yeux. Nathan. Une main sur le cordage, il baissa la tête et sortit le talkie walkie de sa poche.
– Deux secondes
Il coinça l'objet entre ses dents, exerça une poussée sur les parois et s'élança. Sous l'impact de son corps, la grille s'ouvrit.
L'odeur nauséabonde des égouts lui coupa le souffle. Il entoura son visage d'un bandeau qu'il noua derrière sa tête en évacuant les résidus de bactéries de sa bouche. Vincent posa un pied sur les dalles glissantes couvertes d'un liquide visqueux. L'eau tambourinait à ses oreilles, un pied après l'autre il longea la paroi. Des cris trident résonnèrent à sa gauche. Il leva sa lampe torche en retirant sa main du tunnel. Des dizaines d'yeux se levèrent au contact de la lumière.
– Charmant, ironisa -t-il
– Vincent
Un frottement rugueux retentit suivit d'un craquement sec. Les bestioles prirent la fuite dans la pénombre. Une lueur chaude apparut au fond du tunnel. Vincent émit un sifflement strident et se hissa dans le passage étroit. D'une poussée le jeune homme atteint la grille polluée par les égouts. Il s'assit dos contre la paroi la tête levée et la respiration forte. Nathan lui ouvrit et essuya ses mains sur un bout de tissu.
L'impact de leur paumes résonna dans la pièce comme un bruit sourd et lourd. Vincent ôta son bandeau et passa son visage sous l'eau d'un robinet.
– Elle est au siège 304, déclara-t-il entre deux gorgées
Nathan griffonna les chiffres sur un bout de papier.
– Je t'ai prit des vêtements similaires, indiqua-t-il. Voici ta place, 305. Sois discret.
Vincent enfila une chemise et déboutonna son pantalon. Il mit un bas bleu nuit, noua sa cravate et déposa du parfum sur son cou.
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Papillon
Romance1870, Paris. Vincent est banlieusard, elle princesse. Un soir d'août, clopes, bière, fumée et leur mondes s'effondrent. Ce soir là une flamme passionnelle nait dans la capitale. Celle de deux destins opposés fragmentés par la société. Un jeu dangere...