Steve Robert

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Aujourd'hui, ma femme s'est réveillée en retard pour le travail.

Je l'observe silencieusement. Elle attrape sa brosse à cheveux avec une agitation nerveuse, ses gestes sont rapides, presque désordonnés. Un chignon grotesque se forme sur sa tête, semblant défier toute logique, prêt à se défaire à tout moment. Mais elle ne semble pas s'en soucier. Ensuite, elle se vêt rapidement, superposant des vêtements de façon absurde. Une veste blazer dissimule à peine le motif de son t-shirt de pyjama, tandis qu'un pantalon ample tente vainement de cacher son short de nuit. Elle est méconnaissable, mais je la trouve toujours belle... d'une manière troublante. Elle enfile des escarpins noirs, mais leur modestie contraste étrangement avec le reste de sa tenue. Elle se précipite vers la salle de bain, mais son reflet semble la captiver. Ses yeux restent rivés sur sa propre image, comme si elle y cherchait quelque chose de perdu. Puis, d'un geste brusque, elle tire ses joues vers le bas, déformant son visage dans une grimace grotesque. Ma femme se trouve laide, bien qu'elle soit pourtant si belle. 

Elle quitte la maison avec une hâte frénétique, laissant derrière elle un chaos de vêtements et la porte ouverte. Ma femme ne ferme jamais la porte à clé. C'est comme si elle invitait le danger à entrer et comme si elle s'y complaisait.

À force de l'observer, mon œil commence à me démanger. Je le frotte avec délicatesse. Enfin, je peux m'éclipser vers le travail. Là-bas, m'attendent mes collègues insignifiants et mon patron despotique...

Je choisis le métro, comme un simple et responsable citoyen, fuyant les émanations polluantes de ma propre voiture. Le métro, une fourmilière en mouvement, où les passagers se serrent dans les wagons bondés. Les lumières blafardes éclairent des visages pressés, témoins d'une multitude d'histoires se croisant fugacement. Malgré l'agitation, une étrange harmonie règne dans cette cacophonie urbaine, où chacun trouve sa place dans ce ballet matinale quotidien. 

Mais aujourd'hui, un rustre écrase mon pied sans vergogne. Ma chaussure, délicate et onéreuse, est désormais brisée... Son manque de courtoisie alimente le brasier de ma colère. Oh, comme j'aimerais lui faire payer son insolence... Mais ce soir, je retrouve ma femme douce et angélique, alors je ravale ma fureur, pour l'instant...

En descendant du wagon, un mendiant quémande quelques pièces. Je lui offre généreusement 30 dollars, ses yeux pétillants et son sourire abîmé et taché me remontent le moral.

Lorsque j'arrive au travail et que je pénètre dans mon bureau privé, une aura de luxe imprègne chaque coin de la pièce. Les murs ornés de bois sombre et les meubles en cuir exsudent une atmosphère chaleureuse, mais derrière cette façade élégante, une tension insidieuse s'installe. Les trophées et les souvenirs de réussite qui ornent les étagères semblent désormais comme des fantômes du passé, rappelant des jours meilleurs qui ne reviendront jamais. Même la lumière dorée qui filtre à travers les fenêtres n'arrive pas à dissiper la mélancolie étouffante qui imprègne la pièce. Malgré tout le luxe apparent, chaque objet semble peser comme une enclume sur ma conscience, chaque recoin de la pièce murmure des mots sombres, créant une ambiance qui donne envie de se suicider.

Mon secrétaire Dan est encore absent, comme un refrain agaçant. Je suis condamné à tout gérer seul, comme d'habitude ! Et voilà que mon collègue Karl, ce serpent rampant, vient me refiler le travail que notre supérieur nous a confié. Il me le demande, accompagné de ses blagues ennuyeuses et taquines et de son sourire narquois.

Je le hais du plus profond de mon être. Je souhaite qu'il connaisse les tortures les plus atroces et qu'il endure chaque souffrance imaginable... Il habite dans notre résidence, cet être répugnant, plein de noirceur, si proche de ma femme rayonnante. Je le maudis de tout mon être...

Une sombre pulsion s'empare de moi à l'évocation de Karl. Je ressens un désir ardent, presque palpable, de lui ôter la vie. Chaque fibre de mon être réclame sa disparition, comme si cela apaiserait la tempête qui gronde en moi. Les images de sa souffrance me hantent, elles dansent dans les recoins sombres de mon esprit, alimentant mes fantasmes les plus sombres.

Mes yeux parcourent machinalement le bureau. Mon regard tombe sur un crayon bien taillé, là, innocemment posé sur le bord de la table. Il me nargue, me défie, comme s'il savait ce que je trame. À côté, une tasse, banale en apparence, mais qui pourrait bien se transformer en arme redoutable entre mes mains. Pourtant, je le sais bien, je ne peux pas agir maintenant. La rage bouillonne en moi, mais je suis contraint à la patience, à la retenue. Pour l'instant, je dois contenir cette colère meurtrière qui gronde sourdement en moi, en attendant le moment propice pour la libérer.

Oh, comme j'aimerais sentir son dernier souffle s'échapper de ses lèvres sèches, voir la terreur dans ses yeux tombants alors qu'il réalise que sa fin tragique est imminente. Mais je réprime ces pensées morbides, les cachant derrière le masque de la normalité que je dois maintenir pour le monde extérieur. J'accepte donc le travail supplémentaire avec un sourire forcé, tiré, presque rouillé. Karl laisse échapper un petit rire satisfait lorsque j'accepte. Il part sans fermer cette porte lourde et insonorisée qui m'offre ce silence paisible, si agréable. Je me lève lentement avant de la claquer violemment.

À la pause de midi, je n'ai guère d'appétit. Cette collègue que j'évite avec constance depuis les sept dernières années, cette vieille cougar, vient me parler, tentant bientôt de me séduire... Je sens les regards moqueurs de mes autres collègues, tout aussi agaçants les uns que les autres. Je n'écoute pas réellement ce qu'elle me dit, car à vrai dire, cela m'est plus qu'indifférent... Son parfum me donne la nausée... Sa voix stridente et son haleine me donnent envie de m'enfuir... Mais je reste agréable en lui souriant et en hochant régulièrement la tête.

La scène se déroule lentement, comme une tragédie silencieuse dans la banalité du quotidien de bureau. Chaque seconde avec cette femme est comme une éternité, une épreuve à endurer pourtant inévitable. Les minutes s'étirent, interminables, alors que je lutte pour garder mon calme, ma patience, face à cette intrusion dans ma quiétude feinte. Mes pensées divaguent, errant loin de cette conversation superficielle, vers des lieux plus sombres, où le désir de fuir est palpable.

Mais je suis pris au piège, enchaîné à ce bureau, à cette routine oppressante, à ces interactions insupportables avec des gens odieux. Et ainsi, je reste là, prisonnier de ma politesse, attendant désespérément que cette torture prenne fin...

Je rentre chez moi, lourd de soulagement. Cette journée de travail, avec toutes ses épreuves et ses tensions, est enfin derrière moi. Une sensation de libération m'envahit alors que je franchis le seuil de ma maison, laissant derrière moi les tourments du bureau pour trouver refuge dans le calme apaisant de mon oasis.

Au plus profond de mon être, un feu dévorant consume chaque parcelle de ma raison, chaque fibre de mon être. C'est l'amour que je porte à ma femme qui me hante, qui me consume jusqu'à l'obsession la plus malsaine. Son image me hante jour et nuit, ses moindres gestes sont gravés dans mon esprit comme des cicatrices indélébiles. Son absence est un poids insupportable, une douleur lancinante qui déchire mon âme. Je suis prêt à tout pour la garder près de moi, pour la posséder entièrement. Chaque souffle que je prends, chaque battement de mon cœur, ne résonne qu'en son nom. Je suis prêt à franchir toutes les limites, à commettre les pires atrocités, pour assouvir cette obsession qui me consume.

Angela, je t'aime, ton mari aimant...


(Merci pour le temps que tu as pris pour lire mon chapitre jusqu'au bout. C'est une première pour moi d'écrire quelque chose de ce genre et de le partager, donc tes retours sont précieux. Je suis ouvert à toute critique constructive que tu pourrais avoir. N'hésite pas à me donner ton avis honnête, car c'est grâce à cela que je pourrai m'améliorer. Et vos avis seront pris en compte dans le déroulement de l'histoire ;'))


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⏰ Last updated: Apr 25 ⏰

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Les chaines de l'obsessionWhere stories live. Discover now