Chapitre 6: le dîner

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19h.

Un cœur avait un rythme inhabituellement rapide. Ce cœur d'ordinaire discipliné, calme et régulier dans son travail avait, pour une raison inconnue, décidé d'enclencher la vitesse supérieure. Le détenteur de se cœur devenu fou espérait qu'il allait tenir le coup pour la soirée. Ce jeune soldat marqué par le temps devait encore faire son travail pour les prochaines heures. Le propriétaire ne demandait pas plus. Juste quelques heures, après se vaillant soldat qui l'avait accompagné durant des décennies pourrait bien s'arrêter si l'envie l'en prenait. Mais pas avant qu'il ait finit de dîner avec Kirsten. Parce que oui, ce cœur malade était celui du policier Hans. Jamais son cœur n'avait été mis à rude épreuve, du moins pas à ce point-là. Il avait bien eu des poussé d'adrénaline lors de courses poursuites, où lorsqu'il était sur le point de coincer un criminel. Il se souvenait parfaitement de cette agréable sensation de force, l'adrénaline qui circulait dans ses veines le rendant plus alerte. Il aimait cette sensation. C'était l'une des choses qu'il préférait dans son travail. Cependant, même en aillant été préparé à tout avec son boulot, jamais il n'avait été préparé à cela. Au fait que son cœur s'emballe une heure avant qu'il aille chercher une femme pour l'emmener dîné.

19h30.

Les mains tremblantes se mouvaient pour faire un nœud de cravate. Hans se regardait dans le miroir en même temps que ses mains, mu d'une vie propre, passait et repassait le tissu afin de l'attacher en un nœud élégant. Son cœur battait toujours aussi irrégulièrement.

« Je n'aurais jamais dû lui proposer de venir dîner »

Cette phrase passait en boucle dans la tête de l'homme. Lui d'ordinaire sûr de lui, ce soir il n'en menait pas large. Il avait peur que la soirée soit un fiasco, qu'il fasse une tache sur sa seule et unique chemise blanche pendant le repas, il avait peur de passer pour une personne trop peu raffinée et manger salement, il avait peur de renverser son verre de vin sur Kirsten par mégarde. Il avait peur d'être ridicule, tout simplement.

20h.

Cela faisait dix minutes que le policier était arrivé devant la demeure de sa collègue. Il ne pouvait s'empêcher de pianoter sur son volant. Il avait l'étrange sensation que son corps était doté de sa propre vie, et qu'il faisait ce qu'il souhaitait sans rien demander à Hans. Sensation étrange de ne plus contrôler son propre corps. Tel l'automate qu'il était depuis plusieurs heures il sorti enfin de son véhicule. Il ferma la voiture derrière lui. Il traversa la route après avoir vérifié qu'aucune voiture en marche n'arrivait. Il gravit les quelques marches du perron de la maison, prit une fois de plus une profonde inspiration et appuya sur la sonnette. Les sens aiguisé par les années du vieux flic lui permirent d'entendre un escalier craquer. Kirsten était surement à l'étage et descendait les escaliers. Puis, lui parvint un bruit plus aigu qu'il n'identifia pas. La porte finit par s'ouvrir et laissa entre apercevoir Kirsten. Le pouls d'Hans, déjà rapide, accéléra encore plus. Il avait l'impression d'entendre les pulsations de son cœur dans sa tête.

- Bonsoir Hans

Ce dernier fut incapable de lui répondre immédiatement. Le silence s'installa un court instant entre les deux adultes. Un léger sourire était apparu sur le visage de Kirsten. Elle détailla la tenue de son cavalier. Il était vêtu d'un élégant costume noir et d'une chemise blanche. Un petit rire glissa entre les lèvres de la femme. Elle s'approche d'Hans, attrapa sa cravate et la remis droite. Hans l'avait regardé faire sans rien dire. Le sourire de Kirsten n'avait pas disparu.

- Bonsoir Kirsten, avait enfin réussi à souffler Hans. Tu es vraiment ravissante ce soir

- Ce soir uniquement ? le taquina la femme

Le rouge monta aux joues du policier. Un nouveau gloussement sorti de la bouche de la femme.

- Toi aussi, tu es très élégant ce soir Hans

Le regard de la femme pétillait tout comme celui d'Hans. Cela faisait des années qu'ils attendaient que l'autre fasse le premier pas sans le savoir. Les anges avaient surement aidé à ce qu'Hans se décide enfin à inviter Kirsten. Seuls eux avaient la réponse, le futur couple ne soupçonnait en rien l'existence de ses créatures bienfaitrice.

20h15.

Hans conduisait, Kirsten à son côté. Hans ne pouvait s'empêcher de lui jeter des petits regards discrets. Elle portait une robe bleu nuit, le tissu contenait des milliers de paillettes. On aurait dit que la robe était faite avec un morceau de ciel étoilé. Ses cheveux tombaient en une cascade de boucle sur ses épaules nues. Elle paraissait étrangement jeune pour une femme d'une cinquantaine d'année. Peut-être était-ce l'excitation, la joie qu'elle éprouvait à cet instant précis ? Ou peut-être le regard pétillant de la femme ? Ou son immense sourire juvénile qu'elle avait bien du mal à effacer ? Hans n'arrivait pas à le savoir. Et il s'en moquait. Ils n'avaient pas parlé depuis qu'ils étaient dans la voiture, seule la radio faisait en sorte que le silence ne soit pas complet.

- Je ne savais pas que tu avais autant d'argent, fit subitement Kirsten

- Je ne suis pas du genre à étaler ce que j'ai pour frimer comme la plupart des frimeurs que l'on voie au bureau

- Je sais, mais pourquoi ne t'en sers tu pas ?

- Je ne l'ai pas gagné en travaillant

- C'est-à-dire ?

- Cela appartenait à mes parents

- Je suis désolé souffla Kirsten

- Tu n'as pas à t'excuser, tu n'étais pas au courant, et cela remonte à loin, j'ai fait mon deuil depuis des années

La voiture s'arrêta, Hans sorti le premier et alla ouvrir la portière à Kirsten. Un voiturier arriva pour garer le nouveau véhicule. Hans donna ses clefs, et la Ford Mustang rouge dernier cris s'éloigna d'eux.

- Mon père avait toujours rêvé d'acheter une Mustang rouge...

Un sourire triste étira les lèvres de la femme. Hans lui souris. Il lui proposa son bras, Kirsten y glissa sa main. C'est bras dessus bras dessous qu'ils entrèrent dans le restaurant le plus renommé de Londres.

21h30

- J'ai l'impression que tu n'es pas complètement avec moi ce soir Hans

- Désolé

- Qu'est-ce qui te tracasse comme ça ?

L'homme soupira bruyamment.

- C'est ton enquête s'est ça ?

- Je n'arrive pas à comprendre pourquoi il a changé de mode opératoire, ni pourquoi il aurait fait passé le crime d'un autre pour l'un des siens

- Peut-être qu'elle avait une place particulière dans la vie du tueur

- Peut-être, j'y ai déjà pensé

- Elle s'appelait comment ?

- Marie, Marie Brythe

- Et elle n'avait aucun lien avec les autres victimes ?

- Non, on n'en a pas trouvé pour le moment en tous cas

- Aucune de ses précédentes victimes n'avaient de liens Hans, s'est dans la continuité de son mode opératoire

- Il y a quelque chose qui cloche pourtant

- Tu trouveras Hans

- J'espère

- As-tu essayé de trouver un lieu qu'elles auraient pu toutes les trois fréquentées sans pour autant se connaître ?

- Non, je n'y ai pas pensé

Hans réfléchi un instant. La clé du problème était peut-être là. Il allait creuser ses recherches plus profondément à ce niveau-là. Et peut-être qu'il trouverait enfin un suspect.

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 02, 2015 ⏰

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