~Chapitre 2~ Giulia~OK

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— Depuis quand ça dure ? me demande Livia.

Je viens à peine de rentrer de mon cours de boxe, et je viens de lui expliquer pour le message anonyme que j'ai reçu ce matin.

Avec Livia, on se connait depuis qu'on est enfants, nos parents étaient les meilleurs amis et ne se lâchaient jamais. Une chose en entraînant une autre, nous sommes devenues inséparables. On a fait les quatre cents coups ensemble et toutes les conneries possibles et imaginables.

Je ne peux rien lui cacher de ma vie, elle a toujours été là, dans les bons moments comme dans les mauvais et faut dire que j'ai eu une grosse période noire. Mais malgré tout elle est restée et m'a épaulé.

— Je ne l'ai reçu que ce matin.

Livia souffle et commence à faire les quatre cents pas. Je n'ai pas besoin de lui expliquer qui je soupçonne d'être à l'origine de ce message. Je pense qu'elle l'a deviné elle-même.

Ses cheveux longs et blonds tombent en cascade dans son dos, elle est un peu plus grande que moi. Mais nous n'avons pas la même corpulence. Je lui envie son visage et ses yeux bleus qui font craquer tous les hommes.

Bien que je ne sois pas à plaindre avec mon corps, forgé par des années de boxe. Mais elle a ce quelque chose qui attire tout le monde.

Je n'ai jamais été jalouse de Livia. Elle est belle certes et n'a aucun mal avec la gent masculine, mais de mon côté je ne cherche pas de relation.

Je n'ai envie d'aucun rapprochement sentimental quel qu'il soit avec quelqu'un. Très peu pour moi. Un coup d'un soir par-ci par-là pourquoi pas.

Pour Livia, c'est facile d'attirer l'attention, avec son visage d'ange et son caractère enjoué. Elle te met tout le monde à genoux.

Moi j'ai plutôt un caractère renfermé et froid. Une carapace que je me suis construite depuis quelques années déjà. J'étais bien obligé pour survivre. Autrement je me serais écroulée et je ne le pouvais pas, je ne l'aurais pas permis. C'est à ce moment-là que la boxe est devenue une échappatoire pour moi et c'est à ce moment-là que j'ai rencontré Pablo. Il m'a ramassé en morceaux et m'a aidé à passer au-dessus. À canaliser ma colère et ma tristesse et en faire une force pour me relever et avancer.

— Hey, ho! m'appelle Liv, tu m'écoutes ?

— Pardon, j'étais perdue dans le fil de mes pensées. Qu'est-ce que tu disais ?

— Je disais qu'il fallait qu'on sache précisément qui t'a envoyé ce message et qu'on retrouve cet enfoiré.

— J'effectuerais des recherches.

— Je peux demander aux parents si tu veux, je suis sûr qu'ils connaissent un bon détective.

Ça me fait toujours drôle quand Liv me parle de ses parents, elle m'inclut dans la famille. Ce qui est un peu vrai en fin de compte. Les Silvestri m'ont recueilli quand mes parents m'ont reniée et laissée à mon sort. Grande histoire qui a brisé l'amitié entre nos deux familles. Ils n'ont pas cherché à comprendre le pourquoi du comment et m'ont invitée chez eux. Depuis ce jour, ils me considèrent comme leur deuxième fille et font tout pour m'inclure dans leur famille.

— Je n'ai pas envie de les déranger, ils ont autre chose à faire.

— Tss, je les appelle, tu n'as rien à dire.

Je souffle un coup car je sais qu'il ne sert à rien de la contredire, elle aura toujours le dernier mot, ce qui m'exaspère un peu parfois.

Je me lève de ma chaise et m'en vais dans ma chambre.

Une fois en pyjama, je m'écroule sur mon lit et fixe mon plafond.

Et je suis assailli d'images d'un passé que je préfère oublier.

« Il fait noir.

J'ai froid.

J'ai entendu du bruit autour de moi mais quelque chose obscurcissait ma vue.

J'ai envie de pleurer.

J'ai encore reçu des coups.

Il est revenu me chercher hier.

C'est de nouveau mon tour.

Je l'ai entendu me dire des mots doux à l'oreille.

Il me donne envie de vomir.

Toute douce ma chérie. Tu vas te détendre pour que je puisse m'occuper de toi. Tu ne voudrais pas me mettre en colère. Car tu sais ce qu'il se passe quand tu me mets en colère.

Et j'ai crié.

J'ai crié à m'en péter les cordes vocales car aujourd'hui il y est allé plus fort que d'habitude, et qu'aujourd'hui il a voulu essayer quelque chose de nouveau.

J'ai mal.

Je crie.

Je pleure.

J'arrête de respirer.

La douleur est telle que je m'évanouie.

Et je crois que ça ne l'a pas arrêté.

Il en a profité autant qu'il voulait.

J'étais inconsciente et il continuait à jouer avec mon corps.

Est-ce que je peux encore dire que c'est mon corps... »

Je me réveille en sueur dans mon lit.

Je suis constamment hantée par ces souvenirs.

Et ils me mettent toujours dans le même état de transe.

Je me lève tant bien que mal et me dirige sous la douche.

Qu'importe l'heure qu'il est, j'en ai besoin.

Il m'a marqué au fer rouge, et malgré tous mes efforts je n'arrivais jamais à m'en débarrasser.

Il sera toujours là. Quoi que je fasse.

Il a marqué ma peau et mon esprit.

Est-il de retour ?

Est-ce lui qui m'a envoyé ce message ?

Je ne vois que lui.

Pourquoi revient-il maintenant ?

Je reste une bonne heure sous la douche à ressasser le passé et à essayer de reprendre le contrôle de mon esprit et de chasser chaque pensée néfaste. Mais c'est dur.

Quand une personne vous marque de la pire manière possible il est compliqué de l'oublier et de passer à autre chose. Même avec la plus grande volonté. Vous êtes son jouet même s'il n'est plus là pour s'amuser avec vous.

Quand enfin je retrouve un semblant de lucidité je retourne me coucher et constate qu'il est quatre heures du matin.

Je peste intérieurement car je sais que je ne retrouverais pas le sommeil.

Sacrifices Eternels [EN AUTO-EDITION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant