« -L'espoir naissait de la douleur. La douleur naissait de l'espoir. C'était les faces d'une même pièce. Chaque jour, chaque heure, chaque minute et même chaque seconde ! Chaque seconde, vous m'entendez ! À chaque instant vous lancez cette pièce et vous choisissez si je vais souffrir, ou si je vais espérer ! Si je souffre, alors je pleure et je me mets à espérer. Je rêve, je rêve que le monde soit beau, que les Hommes soient bons, que la mélancolie ne soit qu'une illusion, que mes larmes n'existent pas et que je souris. Si j'espère, alors j'ai un goût amer dans la bouche et ça me fait souffrir. Parce que je sais que l'espoir ne mène nulle part. Que je ne mène nulle part. Et que ma vie se résume à cette foutue pièce de monnaie : je souffre, puis j'espère, j'espère puis je souffre. C'est aussi simple que cela. C'est aussi insupportable que cela. J'aimerais ne plus souffrir, mais j'aime bien espérer. Parfois, je peux me contenter d'espérer. Puis je me rappelle d'où vient cet espoir et je revois votre visage diabolique me toiser et me sourire de votre sourire affreux, cette pièce dans la main, toujours cette pièce dans la main ! J'en ai assez d'espérer, ça fait trop mal. Que ne reste que la douleur, mais elle aussi elle fait mal. Tout fait mal. Mes regrets pèsent lourd sur mes épaules. Ma colère est comme un feu de camp un soir où des loups rodent. Elle devrait rester allumée mais elle vacille, lutte pour ne pas s'éteindre, mais ne fait pas le poids. Les loups arrivent, et je me retrouve à leur faire face, mais je ne veux pas y faire face. Ça fait bien longtemps que j'ai arrêté de voir mes regrets comme une meute à laquelle j'appartiens. Dire que je ne suis que regrets...Le bonheur me parait être une sotte fable quand je me remémore cette douleur et cet espoir qui m'habitent ! Tout est inutile. Je ne sers à rien. Je suis une pièce de monnaie, que vous prenez dans vos mains et que vous lancez en riant. Vous contrôlez ma vie comme j'échappe à moi-même. Faites-moi confiance quand je vous dis que je suis à votre merci. Vous faites ce que vous voulez de moi. Un jour, je suis votre jouet, l'autre votre souffre-douleur, l'autre votre éponge. Et je vous laisse faire. Parce que je ne suis rien d'autre qu'une pièce de monnaie qui souffre et qui espère, qui espère et qui souffre. Je vous aime. Tellement que j'ai envie de vous briser. À vous dont je suis la marionnette,
Je suis le mal que vous me faites ».
Indigo, Sous le souffle d'un nouveau
Printemps, Toren Farrot, 2022.
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Les Gens Heureux
Romance« Tant que nous parlons des morts, c'est un peu comme s'ils vivaient encore à travers nous ». Merry Alouette avait toujours cru en la magie de Noël. Et elle aurait aimé y croire encore aujourd'hui, en ce 1er décembre 2023, malgré ses 21 ans bien en...