CHAPITRE 1

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Ce jour-là, lorsque j'avais rejoins mes deux collègues derrière le comptoir du petit restaurant où je travaillais, nous avions eu la mauvaise surprise de constater que notre patron était à cran. En effet, nous étions tellement débordés depuis quelques jours, qu'il commençait à souhaiter qu'il y ait moins de clients. Force était d'admettre que ce petit restaurant chaleureux était très bien placé et qu'en cette saison d'hiver, le nombre de clients ne désemplissait  jamais. Pourtant, ce n'était pas à lui de stresser, mais bien à nous, ses employés.

Soleil ! Vite, rattrape cet homme, il a oublié sa monnaie !

Je suivis du regard l'homme que ma collègue pointait du doigt et m'élançai à sa poursuite. Une fois à l'extérieur, je n'eus pas de mal à le rattraper, car par ce froid, la rue était presque déserte.

→ Attendez !

Le  bruit des voitures étouffait ma voix, mais le vieil homme se retourna et me remercia lorsque je lui rendis sa monnaie. Je profitai de l'air frais pour évacuer mon stress et affronter sainement la tonne de travail qui m'attendait. Pourtant, quelques minutes seulement après être retournée aux fourneaux, ma collègue me fit signe d'approcher :

→ Tu vois ce jeune homme assis là-bas ? J'allais le servir mais il m'a dit qu'il avait quelque chose à te dire. Tu devrais aller le voir.

Je  tournai la tête en direction de l'homme en question qui, malgré l'absence de soleil, portait des lunettes sombres... Les bras croisés, le teint mat, les cheveux coiffées en arrière, il arborait un grand sourire censé m'être destinée.

→ ...Qu'est-ce qu'il me veut ? demandai-je, gênée.

→ Je ne sais pas, peut-être que tu l'intéresses ?

Mon sang ne fit qu'un tour :

Nous n'avons pas le temps de discuter. S'il n'a pas faim, qu'il libère la place à d'autres personnes.

Presque paniquée, je m'empressai d'aller accueillir les clients à l'entrée. Il faut dire qu'à l'exception de mon frère, les hommes avaient tendance à m'intimider, voire à m'effrayer. En fait, il arrivait souvent que Jeff invite ses amis à dormir chez nous et leur comportement plus que douteux m'avait toujours répulsée de la gente masculine. Depuis, j'étais partie sur l'idée que tous les hommes étaient munis de mauvaises intentions... C'est alors que la voix grave d'un client me sortit brutalement de mes pensées :

Excusez-moi ?

Je sursautai et posai machinalement la question habituelle :

Sur place ou à... emporter?

J'ai déjà été servi, merci. répondit l'homme aux lunettes sombres que je venais à peine d'ignorer.

→ ...Dans ce cas, que désirez-vous? demandai-je sur la défensive.

Vous... ne me reconnaissez vraiment pas ? lança-t-il tout en retirant ses lunettes de soleil.

Quoi ! Pensait-il vraiment que j'allais tomber dans le panneau? C'était la technique de séduction la plus ringarde qu'on ne m'avait jamais faite auparavant.

Non, on ne s'est jamais rencontrés! ... Et d'ailleurs, je ne suis pas célibataire.      ajoutai-je à la hâte espérant pouvoir me débarrasser de lui.

Pardon ? dit-il d'un air amusé. Je crois qu'il y a un malentendu!...

Je n'eus pas le temps de lui répondre que mon patron, déjà sur les nerfs depuis ce matin, hurla mon nom depuis l'autre bout de la salle.

SOLEIL ! Vous pensez que c'est le moment d'accueillir les clients à l'entrée ?! Ne voyez-vous pas tout le travail qu'il y a à faire ici ?!

Mince! Je me mordis la lèvre avant de rejoindre timidement mon patron, derrière le comptoir. Tout le restaurant avait les yeux rivés sur nous.

J'ai vraiment l'impression de vous payer pour rien ! renchérit-il.

Cet homme demandait juste un renseignement... tentai-je d'une voix à peine audible.

Je ne veux rien savoir ! Ce soir vous resterez pour faire le ménage. Me suis-je bien fait comprendre ?!

Me laissait-il vraiment le choix ? J'acquiesçai de la tête et attendis que mon patron s'éloigne pour jeter un regard furieux en direction de l'entrée. Inutile. Le mystérieux inconnu avait disparu..


My Lovely Star!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant