67.

6K 288 237
                                    

Lundi 24 juillet 2023 - Paris

Lorsque nous atteignons mon immeuble, le silence qui était pourtant apaisant devient pesant. Je suis tout simplement perdue quant à la façon d'agir après tout ce qui s'est passé. Je feins de chercher mes clés dans mon sac bien plus longtemps que nécessaire.

Une main large se pose sur la mienne, arrêtant mes gestes frénétiques. Il attrape doucement mon menton et relève mon visage vers le sien.

— C'est un honneur de t'avoir rencontrée, America. Et je te le répète, je ne regrette absolument rien, enfin sauf peut-être de ne pas t'avoir réellement prise contre ce miroir, il ricane légèrement.

Je secoue la tête et me joins à son rire.

— Tu n'aurais jamais pu redonner un cours dans cette salle sans avoir une trique d'enfer, je plaisante.

— Pas faux, répond-il en riant à son tour.

Nos regards se verrouillent pendant un bref instant avant qu'il ne se rapproche de moi. Consciente que c'est probablement la dernière fois que nous nous voyons, je me laisse faire. Ses lèvres se posent doucement sur les miennes dans un baiser empreint de douceur et de tristesse, un baiser d'adieu. Une larme roule sur ma joue, se mêlant à notre échange.

Finalement, il se recule, plaquant son front contre le mien.

— Prends soin de toi, trésor, et sois heureuse, tu veux ? chuchote-t-il près de mes lèvres.

Sa phrase, identique à celle prononcée par Hayden il y a peu, résonne en moi, me faisant sourire tristement. Il semble que tous les hommes de ma vie, sauf celui que j'aime, veuillent me voir heureuse.

— Je vais essayer, lui réponds-je avec un faible sourire.

Il hoche la tête et s'éloigne tout en gardant son regard sur moi.

— Merci Noah. Pour tout, vraiment. Tu es un mec en or, ne changes surtout pas ! je lui crie.

— J'aurais aimé être TON mec en or, crie-t-il en retour, mais je m'en remettrais, trésor ! Oh et si jamais, tu te rends compte que tu t'es trompé ou que tu changes d'avis, appelle-moi ! Je serais heureux de t'aider à oublier définitivement ce tocard !

Son sourire éclatant réapparaît alors qu'il s'éloigne dans les rues de Paris, quittant définitivement ma vie.

Épuisée par toutes ces émotions et accablée par la tristesse de ma situation amoureuse, je me glisse dans mon lit après un démaquillage rapide. Je sais que je suis censée rappeler Eden, mais ce soir, je n'ai pas la force de faire semblant que tout va bien. À la place, je préfère appeler ma meilleure amie. J'ai grand besoin de sa joie de vivre et de ses précieux conseils (même s'ils peuvent être discutables).

Je compose rapidement le numéro de June. À la troisième sonnerie, elle décroche, son énergie contagieuse se faisant entendre dès les premiers mots.

— Bichette ! Quel plaisir de t'entendre ! Comment ça va la vie parisienne ?

Sa voix joyeuse me fait sourire malgré moi.

— Hey. Eh bien, ça va... enfin, pas vraiment en fait.

Instantanément, elle devine ma tonalité morose.

— Oh non, qu'est-ce qui se passe ? C'est encore Alec ? demande-t-elle, tout de suite prête à m'écouter et à me soutenir.

Je laisse échapper un soupir.

— C'est une longue histoire...

Et je lui raconte tout, depuis mon appel avec Ezra jusqu'à ma conversation avec Noah, en passant par les tourments de mon cœur. June écoute attentivement, m'interrompant de temps en temps pour poser des questions ou offrir des mots de réconfort. Une fois que j'ai tout dit, elle prend la parole avec assurance.

— Écoute, poulette, je sais que ça peut sembler difficile maintenant, mais tu es forte. Tu as déjà surmonté tant d'épreuves, et celle-ci ne fera pas exception. Tu vas trouver le chemin vers le bonheur, je te le promets. Et en attendant, je serai toujours là pour toi, pour t'écouter, te soutenir et te faire rire, peu importe ce qui se passe.

Sa voix, empreinte de sincérité et de compassion, me réconforte. Je suis reconnaissante d'avoir une amie aussi merveilleuse à mes côtés.

— Merci, June, dis-je doucement. Tu es vraiment la meilleure amie qu'on puisse avoir.

— De rien, ma chère. C'est pour ça que les meilleures amies sont faites. Maintenant, viens, parlons de quelque chose de plus joyeux. Devine qui a ENFIN fait chic chic boom boom avec Nate ?

J'entends un râlement derrière et une vois masculine lui demandant si elle a terminé, signe que la belle brune n'est pas seule. Je lui fais remarquer mais elle balaie mon commentaire par un « On s'en fou, tu es plus importante » qui fait pester l'homme à ses côtés. Malgré le son lointain, la voix me paraît drôlement familière. En réalité, je la reconnais clairement. Je tente de l'interroger mais June m'assure que je ne le connais pas. Or, sa voix qui tremble légèrement m'indique qu'elle ment. Je pourrais m'en formaliser mais je préfère qu'elle m'en parle d'elle même quand elle se sentira prête. Après tout, ça fait un moment que des doutes quant au rapprochement de mon frère et de ma meilleure amie. Je suis juste déçue qu'elle ne se sente pas assez en confiance pour m'en parler et surtout qu'elle attende que je sois à Paris pour le voir en douce.

Malgré ma légère déception, je mets cette histoire de côté et nous passons un bon moment à discuter de tout et de rien, laissant de côté les tourments de mon cœur pour profiter simplement de notre amitié. June a cette capacité magique à illuminer les moments sombres de sa bonne humeur et de ses anecdotes hilarantes.

Après avoir raccroché, je me blottis dans mon lit, le cœur un peu plus léger. Dans l'obscurité apaisante de ma chambre, je laisse enfin la fatigue emporter mes pensées tourmentées.

----

Mardi 25 juillet 2023 - Paris

*BOOM BOOM*

Je me réveille en sursaut, frôlant l'arrêt cardiaque. Je me redresse brusquement, à la limite de tomber de mon lit. Mon souffle est rapide et saccadé alors que je m'efforce de reprendre mes esprits. Il fait encore nuit, la lumière de la lune dessine des ombres dans ma chambre à travers les rideaux. Mon téléphone m'indique qu'il est trois heures du matin.

Un deuxième coup retentit à la porte, plus fort cette fois. Mon pouls s'accélère encore, et je me lève avec précaution. Chaque pas résonne dans le silence de la nuit, et je sens une montée d'appréhension en approchant de la porte. Mon instinct de survie semble hurler, me mettant en garde contre ce qui pourrait se trouver de l'autre côté.

Je colle mon œil au judas de la porte, retenant mon souffle. Et là, c'est avéré, mon cœur a dû cesser de battre lorsque j'ai sursauté, je suis déjà morte, je ne vois pas d'autre raison qui expliquerait la présence d'Hadès devant ma porte.

Je reste là, complètement paralysée, ne sachant pas quoi faire. Les battements de mon cœur résonnent dans mes tempes, et mes mains deviennent moites. Malgré mes paroles précédentes, mon palpitant semble reconnaître la présence de celui qui a le pouvoir de le faire vaciller, de le briser en mille morceaux.

La porte tremble sous un nouvel assaut du brun, sa voix résonnant dans l'air avec une intensité croissante.

— Ouvre cette foutue porte, Swan ! Je sais que tu es là ! crie-t-il avec force.

Mon corps se réveille enfin, prenant conscience de la gravité de la situation. Je prends plusieurs respirations profondes pour calmer mes mains tremblantes avant de déverrouiller la porte.

Il semblerait que notre Hadès préféré se soit enfin décidé à intervenir !

Liens interdits : entre cœurs et amitiéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant