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Mardi 25 juillet 2023 - Paris

Allongée dans mon lit, je me retourne sans cesse, incapable de calmer mes pensées. La dispute avec lui tourne en boucle dans mon esprit, comme un disque rayé, tandis que mon cœur bat la chamade. L'adrénaline de nos retrouvailles coule toujours dans mes veines.

Pour tenter de me calmer, je décide de prendre une douche. Discrètement, je jette un coup d'œil par la fenêtre : Alec est toujours là, sur ce banc, mais cette fois, il est couché plutôt qu'assis. Je ne distingue pas son visage clairement, mais il semble fixer les étoiles.

Lorsque j'allume la lumière, son regard se détourne immédiatement vers moi, confirmant qu'il est bel et bien éveillé. Une partie mesquine en moi se réjouit de le voir à la rue, mais mon cœur n'est pas du même avis. J'essaie d'ignorer le pincement dans ma poitrine et me dirige directement vers la douche.

L'eau chaude coule sur ma peau, relâchant la tension dans mes muscles et apaisant momentanément mon esprit. Cependant, la réalité reprend rapidement le dessus et le visage d'Alec se dessine déjà derrière mes paupières fermées.

Ses traits fatigués, la colère, mais surtout la douleur dans ses yeux quand je lui ai avoué avoir couché avec Noah. Je m'étais refusé à le voir tout à l'heure, mais il est clair que cette vérité l'a profondément touché. Bien que seulement quelques jours se soient écoulés depuis notre dernière entrevue, cela a semblé une éternité. Son visage, sa voix (même lorsqu'il est en colère) m'ont manqué bien plus que je ne veux l'admettre.

Depuis combien de temps ne l'ai-je pas vu rire ou simplement sourire ? Ce constat me déchire de l'intérieur, me faisant prendre conscience de la toxicité de notre relation.

Pourtant, mon cœur lui est entièrement dévoué. Je suis incapable d'expliquer comment cet homme a réussi à s'enraciner si profondément sous ma peau, à s'immiscer si solidement dans mon cœur qu'il semble impossible de l'en déloger. Est-il même envisageable d'aimer quelqu'un à ce point ?

Sachant que cette douche ne suffira pas à calmer le tumulte dans ma tête, je me résigne à en sortir. Vêtue d'un large tee-shirt appartenant à Hayden, toujours le même, je retourne à la fenêtre.

Alec est maintenant tourné dos à celle-ci, recroquevillé sur ce lit improvisé. Pourquoi ne cherche-t-il pas un hôtel ? Après tout, nous sommes à Paris, où ils sont ouverts à toute heure. Pourquoi n'en a-t-il pas réservé un à l'avance ? Le vent souffle, et malgré l'été, les nuits peuvent être agréablement fraîches. Je sais déjà que je regretterai mon prochain geste, mais je ne peux me résigner à le laisser dormir dehors. Je ne suis pas si cruelle, même si par moments, j'aimerais réussir à l'être devant cet homme, tant il le mériterait.

J'ouvre la fenêtre et l'appelle, mais il ne répond pas, ne bouge pas d'un pouce. Je réessaie, mais toujours rien. S'est-il endormi ou essaie-t-il simplement de me rendre folle ?

Je soupire d'exaspération et enfile un jogging qui traine par terre ainsi qu'un gilet. Chaussée de mes claquettes en fourrure, j'attrape mes clés et décide de sortir. Je trébuche sur une valise qui traine sur le palier, surement celle d'Hadès qui l'a abandonné là quand il est entré comme un rugbyman plus tôt.

Le bruit de la porte de l'immeuble qui claque fait légèrement sursauter Alec, preuve qu'il ne dort absolument pas. Il m'ignore. Ce constat me donne envie de rebrousser chemin, mais mon côté transi d'amour ne peut s'y résoudre. Je m'approche de lui, en maintenant malgré tout une distance raisonnable.

— Alec ? tenté-je sans succès. Je sais que tu ne dors pas.

Aucun son ne sort de sa bouche, et il ne prend même pas la peine de tourner la tête dans ma direction. Je contourne le banc pour me placer dans son champ de vision.

— Tu ne vas pas dormir sur ce banc, remontes, lui dis-je simplement.

M'ignorant totalement, il se met sur le dos, le bras sur le visage.

Il est sérieux, ce type ? Déjà, la colère monte en moi. Je mets ma fierté de côté et m'approche de lui, retenant les insultes qui menacent de sortir de ma bouche.

— OK. Comme tu veux, je ne vais pas me battre avec toi. Tu veux faire le gamin et rester sur ce banc comme un sans-abri, eh bien, vas-y. Moi, je vais me coucher.

Sans plus de cérémonie, je m'éloigne. Je ne vais quand même pas insister pour qu'il monte et continuer à parler toute seule. En entrant dans le bâtiment, je me retourne pour fermer la porte et soudain, je sursaute en réalisant qu'Alec se tient juste devant moi, son corps beaucoup trop proche du mien. Je n'ai même pas entendu ses pas derrière moi. Mon cœur battant la chamade, je lui lance un regard furieux avant de l'ignorer et de monter les escaliers, sentant sa présence pesante sur mes talons. Arrivée dans l'appartement, je laisse la porte ouverte pour qu'il entre avec sa valise, avant de la verrouiller.

J'accroche les clés sur la paterne prévue à cet effet, tandis que le brun reste debout dans l'entrée.

— Tu peux dormir sur le canapé, je lâche en me rendant dans la cuisine pour prendre un verre d'eau.

— Tu te fous de ma gueule c'est ça ? il s'insurge directement.

Je me retourne abasourdie. Il a quoi encore comme problème, je lui offre l'hospitalité et ça ne va toujours pas ? Il veut peut-être que je lui taille une pipe et que je lui laisse mon lit aussi ?

— Quoi encore ? je demande lasse.

— Hors de question que je dorme sur le canapé où t'as baisé avec ton connard, il vocifère.

Here we go again. Mais cette fois, je ne compte pas rentrer dans son jeu.

— J'imagine que le tapis sera moins confortable, mais après tout, c'est toi qui vois, je hausse les épaules.

Après avoir terminé mon verre d'eau, je retire mon gilet et le pose sur une chaise. Je remarque le regard mécontent d'Alec lorsqu'il remarque le tee-shirt de mon ex. Je me rends dans ma chambre tout en l'ignorant, avec beaucoup de difficulté. Même énervée contre lui, l'envie de me blottir dans ses bras, de sentir son parfum salin ne s'évapore pas.

Agacée par mes propres pensées, je ferme la porte derrière moi et retire mon jogging rageusement. Je sais d'ores et déjà que je n'arriverais aucunement à dormir en le sachant juste de l'autre côté de la porte. Même si je meurs d'envie de le sentir contre moi, ma tête sur son torse, bercée par les battements de son cœur, il est hors de question que cela se produise. Il en va de mon amour propre.

Je vais chercher un plaid dans l'armoire et un deuxième oreiller, puis je retourne dans le salon. Je m'arrête immédiatement en remarquant le torse musclé d'Alec dénudé. Mes yeux glissent involontairement sur ses bras musclés, ses pectoraux bronzés, ses abdominaux bien dessinés, et finalement jusqu'à ce V qui disparait dans son caleçon.

La chaleur de la pièce monte en flèche lorsque je remarque qu'il ne porte que ce vêtement, le contour de son membre étant clairement visible. Pour reprendre contenance, je me racle la gorge, mais je m'aperçois qu'il me fixe également, ses yeux avides parcourant mes jambes nues. Une lueur de luxure passe dans son regard quand il remarque l'absence de mon soutien-gorge, rendue évidente par mes tétons qui durcissent sous son simple regard.

Liens interdits : entre cœurs et amitiéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant