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Mardi 25 juillet 2023 - Paris

Des images de nos corps entrelacés, de ses murmures rauques à mon oreille, de ses mains parcourant chaque parcelle de ma peau, défilent dans mon esprit de manière de plus en plus explicite. Décontenancée, je sens clairement la chaleur familière du désir naître au creux de mes reins. Dans un geste brusque, je lance la couette et l'oreiller sur le sol avant de me précipiter dans ma chambre. Adossée à la porte, ma respiration est lourde, prise au dépourvu par cette vague de désir qui me submerge.

À travers le bois, j'entends Alec jurer, suivi du déclic distinctif de la lampe. L'appartement plonge alors dans l'obscurité totale, le silence reprenant sa place. Je reste, quelques instants, adossée à la porte, essayant en vain d'apaiser les battements frénétiques de mon cœur. Finalement, je me glisse sous la couette, mais comme je m'y attendais, la fatigue déserte mon corps, laissant place à l'envie irrépressible de sentir ses mains sur moi. Ressent-il la même chose que moi ?

Je pourrais facilement essayer de me contenter seule, mais je refuse qu'il s'insinue dans mes pensées les plus intimes. Je ne peux pas me permettre de penser à lui de cette manière, sinon je sais que je vais craquer et finir par aller le rejoindre.

Déterminée, je tente par tous les moyens de me le sortir de la tête, jouant à des jeux improbables sur mon téléphone, regardant des vidéos TikTok totalement absurdes, allant même jusqu'à faire défiler des photos de mes frères pour calmer mes ardeurs.

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Je cligne des yeux, perturbée par la lumière vive qui envahit la pièce. Je ne sais pas quand exactement je me suis endormie, mais une chose est sûre : j'ai étonnamment bien dormi malgré la nuit agitée que j'ai passée.

Je me love plus confortablement dans l'étreinte chaude des bras... Attends, quoi ? Je me redresse brusquement, manquant de faire tomber l'homme derrière moi. Désormais debout à côté du lit, je découvre Alec en caleçon, le visage encore imprégné du sommeil.

— Qu'est-ce que tu fais là, putain ? je m'exclame.

Je jette un coup d'œil à ma tenue, au cas où. On ne sait jamais, je n'ai jamais fait de somnambulisme sexuel, mais avec les multiples personnalités qui se disputent dans ma tête, tout est possible. Alec ouvre péniblement les yeux avant de les poser sur moi. Il semble soudain prendre conscience de la situation et finit par se redresser.

— J'avais mal au dos et je me suis dit que ce serait bête de dormir par terre alors que tu as un lit deux places, déclare-t-il d'un ton des plus naturels.

— Sauf que JE dormais déjà dans ce lit, Alec, je réplique avec irritation.

— Je l'ai remarqué, tu t'es collée à moi toute la nuit, rétorque-t-il en souriant en coin. Une vraie moule à son rocher, ajoute-t-il, taquin.

— Ah, excuse-moi, j'ai dû te prendre pour Noah, je riposte avec mesquinerie.

L'éclat taquin dans ses yeux disparait instantanément. Ses traits se crispent et son humeur change radicalement. Touché.

— Ne te permets plus jamais de faire ça, Alec, le préviens-je en tournant les talons.

Dans la cuisine, je me prépare un café et allume la musique pour essayer de chasser mes pensées, refusant d'admettre que cela faisait des semaines que je n'avais pas aussi bien dormies. Même sans savoir qu'il était là, mon corps a instinctivement reconnu sa proximité. Ce constat est à la fois incroyable et effarant.

Je jette un coup d'œil à l'horloge de la cuisine. Déjà midi, il est temps de se mettre en action, car j'ai une visite d'appartement prévue cet après-midi. J'avale mon café d'une traite pendant qu'Alec apparaît, le visage froid et fermé.

— Il y a du café et des gâteaux dans le placard, je vais me doucher, je lui indique avant de le laisser là, sans attendre de réponse.

Sous la douche, je frotte chaque centimètre de ma peau, cherchant à éliminer le parfum si addictif d'Hadès. C'est essentiel si je veux garder les idées claires. Une fois sortie et enveloppée dans une serviette, je m'hydrate la peau et me maquille légèrement.

Un coup retentit contre la porte de la salle de bain, me faisant rater mon application de gloss. Je grogne et retire le tout avec une lingette.

— Quoi ? je demande à travers la porte.

— Ton frère n'arrête pas de t'appeler, m'informe-t-il simplement.

Je lève les yeux au ciel et réapplique mon brillant à lèvres correctement cette fois.

— J'arrive, indiqué-je.

Évidemment, mes vêtements sont dans ma chambre. Je grogne, agacée par cet oubli. Je sais parfaitement que passer devant Alec dans cette tenue est risqué, je me vois déjà fondre sous son regard. J'inspire un grand coup et ouvre la porte, avec l'intention de faire une ligne droite jusqu'à ma chambre.

Mais voilà que le torse d'Alec surgit, bloquant mon passage sur le seuil de la porte. Mon corps entre en contact avec le sien, aussi solide que de la pierre, électrisant chaque centimètre de ma peau. Ses mains se posent sur mes épaules pour me stabiliser et m'empêcher de tomber.

Paralysée par son contact, je sens ses doigts glisser sur ma peau nue, parcourant mes bras. Ma respiration se coupe et les battements de mon cœur résonnent dans mes oreilles. Je perçois son regard posé sur moi, les frissons dans ma nuque me le signalent, mais je refuse de lever les yeux vers lui, gardant mon regard fixé sur sa silhouette parfaite.

— Laisse-moi passer, Alec, je dois m'habiller, j'ai un rendez-vous et je vais être en retard, je le repousse du bout des doigts.

Je ne sais pas où j'ai trouvé la force de le faire, mais je m'en félicite intérieurement. Ignorant délibérément le regard interrogateur qu'il me lance, j'attrape mon téléphone et file m'habiller. Le soleil brille intensément dans le ciel, annonçant une journée chaude. J'enfile une robe estivale légère et commence à tresser mes cheveux.

Liens interdits : entre cœurs et amitiéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant