Chapitre 5

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   Mais je me réveille toujours. Et c’est toujours le même enfer. J’ai même l’impression que ça empire : ils m’insultent plus souvent, me frappent plus fort, et sont de plus en plus horribles. Toujours, toujours plus, comme si ça n'allait jamais s'arrêter.
   Ils innovent pourtant, ils trouvent d’autres surnoms à utiliser, d’autres points à frapper. J’ai mal. Je n’en peux plus. Ça empire au fil des jours.
    Je ne vais pratiquement plus au lycée, feignant la maladie auprès de mes parents – même si je suis persuadée qu’ils se moquent de mon état – mais ça continue ! Où que je sois, ça continue, au lycée comme sur les réseaux. Je me prends des messages de haine. Même des menaces de mort. Qu’est ce que j’ai fait pour mériter ça ? Je ne peux pas contrôler mes sentiments ! Si ? En tout cas, ce n'est visiblement pas leur avis. Je les hais. Et je me hais encore plus.
    Il faut que je trouve un moyen de rester avec elle. C’est seulement avec elle que je me dis que ma vie à peut être un sens. Mais mes moments avec elles se font de plus en plus courts. J’ai de plus en plus de mal à m’endormir, et je me réveille au milieu de la nuit, au milieu d’une discussion avec elle.
   J’ai jeté mon téléphone. Il sonnait tout le temps et même si je bloquais tous les numéros, il y en avait toujours des nouveaux. Toujours, toujours plus.
   Je ne peux pas en parler à mes parents. De toute façon ils ne diraient rien, ne feraient rien. Mais si je le fais j'ai peur qu'ils me prennent pour quelqu'un de faible. En même temps ne le suis-je pas ? Ils auraient sûrement raison. Mais je préfère que mes parents ne me le disent pas en face. Ça ne ferait que m'enfoncer.
   Mon journal se remplit de plus en plus. Je l’ai presque fini et il fait peine à voir, il n’est fait que de taches d’encre, d’écritures emmêlées et de larmes.
   Je vais trouver un moyen. Il faut que je trouve un plan. Je vais la rejoindre, je dois la rejoindre. Jusqu’à la fin de ma vie.
Peut-être que si j’arrivais à faire en sorte de dormir plus longtemps…
J’y pense toute la nuit. Et celle d’après. Et toutes les autres. J’y pense à longueur de nuit, mais aussi de journée.
Bien sûr, j’en parle à Noor, qui est de mon avis. Il me faut juste trouver un moyen. Peut-être que l’école à la maison est une solution. Mais mes parents ne voudront jamais.

En tout cas, ça ne peut pas continuer comme ça.

J'ai rêvé d'un autre mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant