Lui et La niqabi 🌙

Chapitre - 8

Le lendemain, une nouvelle journée commençait à Londres. Contrairement au vent d'hier, aujourd'hui les rayons de soleil tapaient fort. Les températures étaient cependant toujours aussi moyennes. On frappa à la porte d'une chambre. La jeune Layna était déjà réveillée mais elle n'arrivait juste pas à se lever de son lit.

-"Réveille-toi, sors de ta chambre" grogna Asma contre sa porte.

-"Attends, j'arrive..." dit-elle d'une voix rauque du matin.

-"Attention, tes cousins sont en bas, n'oublie pas ton voile" chuchota-t-elle à travers la porte avant de redescendre rapidement dans le salon.

Une fois levée, elle alla se barbouiller avant d'enfiler une longue abaya et un sitar. Elle regarda ses yeux à travers son sitar, les nettoya rapidement. Alors qu'elle s'apprêtait à sortir, elle fit demi-tour, se regarda dans le miroir, et s'envoya un baiser volant. Elle était mignonne.

Dans le salon, Layna pensa que la bonne humeur de la maison devait sûrement se faire sentir dans tout le quartier. Elle était rentrée la veille et les familles respectives, des deux amies, étaient réunies pour les voir. Les parents de Layna généreux et accueillant avaient invité la famille d'Asma à les rejoindre, bien que leur maison soit de taille moyenne.

-"Al hamdulillah pour ma grande famille" murmura Layna avant de rejoindre les autres.

La matinée se déroula entre les sourires des adultes, les pleurs des enfants et les chamailleries d'Asma et Layna. Les deux jeunes femmes finirent par se détendre sur le balcon, posant leur petit thé sur la table.

-"Wahh, tu vois tout ce monde juste pour nous, j'avais presque oublié ce sentiment" dit Asma en posant sa tête dans ses bras.

-"Oui, mais ça m'avait manqué" lui répondit Layna en sirotant son thé.

-"Ils sont vraiment excités de notre retour et tu as vu tous les cadeaux à l'entrée" ajouta Asma en affichant un sourire.

-"Oui, je vois que tu es plus excitée pour les cadeaux" dit Layna en la regardant droit dans les yeux.

-"Parle pour toi et arrête de prendre l'intonation de ma mère" lui dit-elle avant de lui lancer un coussin au visage.

-"Toi, viens ici que je t'attrape..."

-"Tu ne peux pas courir avec ta abaya."

-"Tu en portes une aussi, je te signale."

-"Ah oui... mais je cours quand même plus vite que toi..."

Les deux jeunes femmes finirent par se calmer lorsque leurs oncles passèrent devant la porte du balcon. Elles se rassirent et se mirent à rire aux éclats. L'oncle d'Asma et la tante de Layna s'arrêtèrent, les regardèrent avec amusement et se joignirent à elles. La journée continua sous le regard bienveillant des aînés de la famille.

Quelques semaines plus tard

Cela faisait déjà 4 semaines que les filles étaient de retour à leur vie d'avant. Étrangement, elles avaient réussi à oublier ces 2 années en quelques semaines. Les deux amies ne voulaient pas travailler dans des milieux où elles seraient exposées à des altercations avec des hommes étrangers et où elles devraient enlever leur voile. Pour aller plus loin que leur voile, on leur disait de venir voilées mais de porter un jean. Une expérience déroutante pour Asma, qui avait postulé une fois dans un supermarché par nécessité financière. Désormais, elle se consacrait au foyer et à la religion.

Quant à Layna, après avoir fréquenté une école privée depuis ses 16 ans pour pouvoir garder son sitar, elle n'avait pas fait grand-chose, si ce n'est un voyage à New York avec Asma. Contrairement à la situation financière de la famille d'Asma qui s'était améliorée au fil du temps, la sienne peinait encore. Elle avait donc repris l'enseignement religieux trois fois par semaine à la mosquée de sa ville pour s'offrir quelques luxes. Ne voulant pas importuner ses parents qui travaillaient au restaurant, elle avait repris cette activité à son retour. Elle donnait désormais des cours aux frères et sœurs des enfants qu'elle avait déjà eus en classe, une expérience qui lui procurait une certaine émotion à chaque fois qu'elle y pensait. Cela lui permettait également d'étudier sa religion, de réciter le Coran et de recevoir de l'argent de manière licite, ce qui était essentiel pour elle.