Chapitre 37

22 1 1
                                    


Yoon Nara

"Laisse-moi sortir d'ici !" Je hurle tout en frappant contre la porte de ma chambre. C'est ce que je fais depuis plus de deux jours.

Qu'ils me laissent sortir d'ici. Mais jamais personne ne me répond. Juste le silence. Je frappe encore et encore, mais quelque chose empêche la porte de céder. Quelqu'un a du pousser un meuble contre le temps où j'étais dans les vapes.

Ce sont des lâches. Tous des lâches.

Je hurle encore de toute mes forces, donnant des coups de pieds, de poings, d'épaules contre la porte mais rien.

Je suis dans une espèce de chambre à coucher assez chère au vu du mobilier. Un grand lit à baldaquins, une grand baie vitrée qui donne sur tout Busan.

Tout sent le luxe et l'argent, et je fais tache au milieu avec les habits empruntés, mes cheveux dégoûtants et mes yeux enflés.

Je ne me ressemble presque plus. Deux jours que je n'ai pas mangé. Deux jours que mon ventre se tort dans tous les sens. Deux jours que je sens cette sensation vouloir prendre possession de moi.

J'ai tellement faim. Mais j'ai peur. Est-ce que j'arriverai une nouvelle fois à redevenir moi-même une fois que ma faim sera rassasiée? Ou est-ce que je serai condamnée à devenir l'une des leurs ?

Je suis affamée.

Plus je m'énerve et plus cette sensation chaude se répand dans mon corps. Comme la sensation de rentrer dans un lit bien chaud et confortable après avoir passé une journée entière sous la pluie et d'être épuisée.

J'enfonce une nouvelle fois la porte mais rien ne bouge. Comme d'habitude. Je m'assieds contre la celle-ci et mes mains commencent à trembler.

Je ne vais pas pleurer.

Pourquoi je devrais pleurer ? J'ai eu ce que je méritais finalement.

Je ferme les yeux un grands coup et prends une grande inspiration. Ça va le faire. Heeseung doit être dans une situation bien pire que la mienne.

Est-ce qu'il est encore en vie ?

"Toi et moi nous allons avoir une petite discussion." Une voix que je connais que trop bien retentit de l'autre côté de la porte.

"Ouvre la porte et je serai prête à parler avec toi, maman." Je réponds aussi froidement que possible. Je veux juste sortir de là.

"Je peux parler avec la porte fermée." Son ton tranchant me fait lever les yeux au ciel. Connasse.

Elle reprend de plus belle. "Tu t'es calmée ? Tes excès de colère infondés se sont arrêtés ?" Elle me prend de haut, comme d'habitude.

"Infondés ? Tu rigoles j'espère ? Il n'a rien fait et tu le mets je ne sais où pour l'enfermer ! Tu trouves ça normal ?" Ma voix devient de plus en plus aiguë.

"Il a enlevé mon bébé, que voulais-tu que je fasse ? Le laisse agir impunément ?" Son air accusateur me fait ravaler un hurlement de frustration.

"Ton bébé ? Depuis quand est-ce que je suis ton bébé ?" Je nage en plein délire c'est pas possible. J'ai presque envie de rire. Son bébé.

"Oui mon bébé comme tu dis. Je t'ai porté neuf mois dans mon ventre, bien sûr que tu es mon bébé !" Sa voix tremble, elle commence à s'énerver.

"Dis le tout de suite que tu avais peur que j'ai des sentiments pour lui et que je refuse de marier la personne que tu me présenterai. Ou plutôt forcerai à épouser." Je me moque presque d'elle.

"Ce n'est absolument pas ce que j'ai voulu dire." Elle essaie de me répondre mais je la coupe. "C'est absolument ce que tu as voulu dire." Je la coupe. Et puis un silence.

"On ne peut jamais parler avec toi de toute façon. Tu es pire que ton père." Elle me hurle presque dessus. "Il faut bien que j'hérite quelque chose de toi, non ?" Je rétorque et puis j'entends ses bruits de talons s'éloigner.

Et je suis à nouveau seule.

Et puis j'entends un vibrement, quelque part dans la chambre. Il est à peine perceptible mais je me jette à sa recherche.

Il continue à vibrer et je me rends compte que c'est mon portable. Il est branché dans un coin de la pièce.

Je le débranche. Je ne connais pas le numéro. Mais je décroche quand même.

"Allô ?" Ma voix est un peu enrouée à force d'avoir crié et j'entends à l'autre bout du fil un soupire de soulagement.

"Tu es vivante. Elle est vivante tout le monde !" La voix de Minjeong me fait sursauter. Ils sont tous vivants ? Comment est-ce qu'elle a eu mon numéro ?

"Comment tu vas ?" Elle s'empresse de me demander. "Vivante, enfin je crois. Et vous ? Vous êtes toujours au complet ?" Un petit blanc s'en suit.

"Plus trop non. Yunjin et Jake sont partis de leurs côté et Sakura, Jay se sont transformés et Yeonjun a été abattus par les militaires parce qu'il saignait du nez. On est plus que trois. Jimin, Soobin et moi."

Merde.

"Et toi alors ? Heeseung a réussi à te rejoindre ? Vous êtes toujours à Séoul ?" Je tousse avant de lui répondre. "On a été transporté à Busan, dans une sorte de zone de quarantaine. Heeseung a été avec moi jusqu'à ce moment là, mais maintenant je ne sais pas du tout. Ils l'ont embarqué comme un prisonnier je ne sais où."

"Et toi ?" Minjeong me demande. Et je réponds instantanément. "Je suis coincée dans un appartement avec mes parents." Minjeong parle avec Jimin et Soobin sans que je comprenne ce qu'ils disent.

Et puis la voix de Soobin me parvient aux oreilles. "Toi, tu t'occupes de sortir de là, nous on se charge de Heeseung." Sa voix ne laisse pas de place à la discussion et je hoche la tête comme s'ils pouvaient me voir.

"Ça me va." Je lui réponds tout en regardant par la fenêtre.

"On est aussi à Busan. Comme ça tu es au courant. Ne parle pas de nous à qui que ce soit, comme ça, si il y a un problème de n'importe quel côté, du tien ou du nôtre, on ne sera pas lié ensemble. C'est notre meilleur moyen de survie." Soobin dit fermement.

Je n'avais jamais entendu Soobin parler de cette manière. Je ne veux même pas savoir ce qu'il ressent sachant que son meilleur ami est mort.

"Faites attention, s'il vous plaît." Je leur dit le plus calmement possible.

Moi il faut que je trouve un moyen de manger et vite.

Deadly embrace [L.HS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant