Chapitre 38

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Lee Heeseung

"Tu vas parler, oui !" Ma tête valse à nouveau sur le côté. Encore un poing en pleine face. Ma tête tourne, et c'est comme si un marteau tapait dessus en permanence.

Je ne réponds rien. Je n'ai rien à leur dire.

Je suis ligoté sur une chaise. Pieds et poignets liés, dans la même salle depuis trop longtemps. Je ne me suis pas lavé depuis des lustres. Je ne sais pas quand est-ce que j'ai mangé pour la dernière fois. Je n'ai aucune notion du temps.

Depuis combien de temps je suis ici ? Deux jours ? Une semaine ? Un mois ? Je ne sais pas, je ne sais plus. J'ai arrêté de demander.

Un des deux soldat présents me prend par le col. "Réponds moi, petit. J'en ai marre de parler sans le vide." Il me jette en arrière et la chaise bascule. Je tombe et ma tête heurte le sol.

Je ne crie pas, je ne pleure pas. J'encaisse. Ou alors j'essaie encore d'encaisser. Je me sens vide. Comme si mon âme avait quitté mon corps.

Je ferme les yeux et prend une grande inspiration. Je vais y arriver. Encore juste un peu de temps.

Un autre soldat relève ma chaise pour que je me retrouve face à lui. Il me regarde de haut. Comme si je valais moins que rien.

"Pourquoi avoir enlevé la fille Yoon ? Tu étais obsédé par elle ? Tu la voulais que pour toi ? Tu voulais la faire souffrir ? Tu voulais la violer ? C'est ça ?!" Il me crie dessus. Tellement fort que je reçoit des postillons sur mon visage.

Je me contente de le regarder sans rien dire. Je ne saurais même pas quoi lui dire de plus que le fait que je suis innocent, que je n'ai rien fait.

J'ai essayé au début de lui dire que c'était faux. Qu'il mentait. Qu'il m'inventait une vie qui n'était pas la mienne. Que je voulais juste l'aider et voir si elle allait bien. Que moi aussi j'étais une victime dans tout ça. Mais il ne m'a pas cru.

Est-ce que j'avais l'air de mentir ? Pourquoi est-ce qu'il ne voulait pas me croire ? Qu'est-ce que j'avais fait à Nara, ou sa famille pour qu'ils fassent ça ?

J'ai essayé de comprendre. J'ai vraiment essayé. Mais rien ne m'es venu à l'esprit. Je me suis juste contenté de l'aimer de loin. C'est tout.

Qu'est-ce qu'il faut que je fasse pour sortir d'ici ?

Est-ce qu'il faut mentir ? Est-ce que c'est ça ma dernière solution ? Le mensonge et leur donner ce qu'ils veulent de moi ? Il veut un coupable. Et pour lui c'est moi.

Il me frappe mais cette fois-ci en plein dans l'estomac. L'air sort brutalement de mon corps. Et je me mets à tousser. Si j'avais quelque chose dans le ventre, je crois que j'aurais tout vomi à terre. Ou je me serait vomi dessus.

"Pourquoi tu ne me réponds pas, hein ? Tu as peur de moi ? T'en as pas assez de te prendre des coups ? Tu crois que garder le silence va te sauver hein ?" Il rit tellement que j'ai des frissons sur tout mon corps.

Il prend mon visage entre ses mains avant de me cracher en plein milieu du visage. Mes yeux se ferment par réflexe. "Tu sais petit, moins tu parles, plus tu m'énerve. Alors dépêches toi de parler avant que je te tue de mes propres mains. Et je te promets que ça ne fera pas du bien."

Il s'apprête à me donner un nouveau coup et j'abandonne. Je ne supporterais pas d'en recevoir encore un. J'ai mal partout, je suis à bout de force, je suis affamé, je suis assoiffé. Je veux que tout s'arrête.

"Je vais tout vous dire." Je signe mon arrêt de mort. Le soldat rétracte son poings. Au début il est un peu dubitatif, mais quand il voit mon air sérieux, il sourit et s'installe plus confortablement sur sa chaise.

"Eh bien voilà petit. Il t'en a fallu du temps pour que tu craques. Trois solides semaines. Je veux bien l'avouer, tu étais coriace." Il sort son portable.

"Je veux des aveux filmés. Alors vas-y parle petit, raconte-moi pourquoi tu as enlevé la petite Yoon."  Il a beaucoup trop l'air d'aimer ça. Il doit sûrement se dire qu'il a fait un bon travail. Qu'il a réussi à me faire cracher le morceau.

Qu'est-ce que j'ai honte, bordel.

Une seule et unique larme coule. C'est la seule que je laisse couler. Je suis tellement désolé papa et maman.

Je prends une première grande inspiration et je commence à parler. "J'ai enlevé et j'ai séquestré Yoon Nara. Je l'ai enlevée parce que ça fait des années que je suis amoureux d'elle. Et que je suis un psychopathe monstrueux et obsédé. Je la voulait que pour moi. Je ne supportais pas que les autres garçons la regarde." Je prends une deuxième inspiration. Mais les mots se bloquent au fond de ma gorge.

Comme si les sortir me feraient m'étouffer.

Le soldat plisse les yeux d'un air menaçant, et je me force à continuer. "Je voulais la- Je voulais la violer. Elle est si gentille, si innocente, si parfaite. Je n'ai pas pu m'empêcher d'avoir ces pensées." J'ai envie de vomir à mes propres propos. Mais je me force à regarder la caméra.

J'espère que personne ne tombera dessus. Ou alors qu'elle comprenne que ce n'est qu'un amassé de mensonges.

Je suis épuisé. Je veux que tout s'arrête. J'ai honte de ce qu'il sort de ma bouche. J'ai honte de devoir m'imaginer des scènes horribles pour raconter des mensonges. J'ai honte d'abandonner parce que je n'en peux plus.

Il me regarde d'un air satisfait et me force à continuer de parler. Il prend plaisir à me voir m'humilier devant une caméra. A me voir me traiter de violeur, de monstre. De vouloir lui faire du mal.

"Elle me faisait confiance et j'ai voulu utiliser sa confiance pour avoir ce que je voulais d'elle. Je me suis dit qu'en attendant un peu, elle finirait par se laisser faire, ou pas." Mes yeux piquent et ma gorge me brûle. Mais je me force à continuer.

"La vérité, c'est que j'aurais tout fait pour elle." La seule vérité que j'ai dit jusque là. "Je suis désolé, pour tout." Il éteint son portable et sans prévenir, je ne mange un nouveau coup en plein visage, et ma chaise bascule en arrière.

Ma tête tape contre le sol en béton une nouvelle fois, et cette fois-ci mon corps lâche. Mes yeux se ferment, mes oreilles sifflent.

J'espère mourir.

Je suis désolé de t'avoir laissé tomber.

Deadly embrace [L.HS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant