Chapitre 8

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Chapitre 8 :

"-Ramène nous Elysia ! s'écria Lorcan d'une voix où pointait la panique et un soupçon de colère."

Mais les dernières étoiles s'étaient éteintes dans le ciel et l'aube grisâtre des montagnes d'Illyrie nous enveloppait déjà. Mon pouvoir s'était rendormi aussi vite qu'il s'était déchainé. La peur se répandit en moi, tel un poison me privant de peu de maîtrise dont je disposais encore. Merde !

"-Je ne peux pas... bredouillais-je désolée. Mon pouvoir ne m'obéit plus.
-Je t'en foutrai des levers de soleil au Pavillon du Vent ! répliqua le Fae avec une franche colère cette fois. Est-ce que tu sais au moins exactement où on se trouve ?"

Aucune des montagnes qui nous cernaient ne me paraissait familière. Je ne reconnaissais aucun des monts qui encerclaient "Sous le Vent”, le camp Illyrien dans lequel Rhys, Cassian et Azriel avaient grandi et appris à combattre. L'Illyrie était un vaste territoire, et je dûs reconnaître qu'en dépit des origines de ma mère je n'aimais pas me rendre dans les camps de guerres. Les mâles de cette contrée étaient connus pour leurs comportement possessif et brutal envers leurs femmes. Pire encore qu'ailleurs à Prythian. J'avais réalisé bien assez tôt la chance que j'avais eu de grandir à Vélaris, car partout ailleurs dans les autres Cours, les femmes servaient surtout de pouliche reproductrice, de faire-valoir ou de monnaie d’échange pour des alliances. Si une patrouille de guerriers Illyriens nous tombaient dessus, ils ne feraient qu'une bouchés de deux jeunes Fae et d'une Métisse. Pire, si nous étions confrontés à un Clan en lutte contre les dernières lois édictées par mon frère, la Mère seule savait à quel point ils allaient vouloir mutiler mes ailes... Je repoussais la panique et m'obligeais à réfléchir. Toutes ces séances d'entraînement avec Cassian et Azriel, ces leçons avec Mor et ma participation à certaines réunions du Premier Cercle... Le but n'était-il pas que je puisse me débrouiller dans ce genre de situation ?

"-Je suis vraiment désolée... répetais-je. J’ai vraiment merdé. Je vais nous sortir de là, je vous le promets. Mais il va falloir me faire confiance. Si je vous dis de ne pas bouger, vous ne bougez pas. Si je vous dis de fuir, vous fuyez...
-Tu crois vraiment que je vais obéir alors que tu ne sais même pas où on est ? poursuivit Lorcan toujours plus en colère.
-Arrête Lorcan, coupa Miren. Tu vois bien qu'elle est désolée. C'est la seule de nous trois qui connaisse un tant soit peu la région. Si quelqu'un peut nous sortir de ce pétrin c'est bien Elysia."

Je fus frappée par le calme avec lequel Miren avait prononcé ces mots. De notre trio c'est elle qui aurait dû être apeurée car elle ne savait pas se battre et n'avait que rarement quitté Velaris. Mais une froide résolution brillait dans ses yeux. Je me nourrit de la sérénité qui émanait de mon amie. Lorcan lui-même parut s'apaiser. Miren avait toujours cet effet là sur lui lorsqu'il s'apprêtait à piquer une colère de jeune noble Fae pourri gâté. La priorité était de découvrir notre localisation exacte, puis de tenter de rejoindre Sous le Vent au plus vite et de préférence en évitant les patrouilles. Plusieurs clans s'étaient avérés ouvertement opposés à la nouvelle loi proclamée par Rhysand interdisant la pratique sordide de la mutilation des ailes des jeunes Illyriennes.

"-Nous devons rester sous le couvert des arbres pour éviter les patrouilles en vol, expliquais-je le plus calmement possible. Si nous avons de la chance, nous repérerons des guerriers du Seigneur Devlon avant de tomber sur d'autres combattants plus... Hostiles. Je dois prendre un peu de hauteur pour essayer de localiser Ramiel. Restez cachés et ne faites pas de bruit."

Souple et silencieuse je pris mon envol, en prenant soin de rester dissimulée sous la cîme des arbres. Je recherchais le sommet caractéristique de la plus sacrée des montagnes Illyrienne : Ramiel. Je l'aperçus enfin bien au sud de notre position : un pic qui dominait tous les autres et qui pourtant n'était pas recouvert de neige. J'étais trop loin pour percevoir la roche noire qui le couronnait, mais nulle erreur n'était possible. Que le Chaudron m'ébouillante, j'avais entraîné mes amis sur l'un des territoires les plus dangereux de Prythian, sur les terres d'un clan particulièrement réfractaire aux nouvelles lois de mon frère. Je devais garder la tête froide si je voulais protéger mes amis et revoir un jour ma famille. Amren avait prévu de me retrouver au Pavillon du vent seulement en début d'après-midi. C'était elle qui avait insisté pour me faire travailler lorsque le soleil serait à son apogée. Elle ne s'apercevrait donc pas de ma disparition avant. Et même à ce moment-là, elle pesterait après les jeunes Fae irresponsables et elle me chercherais à l'hôtel particulier, puis chez Lorcan et Miren, mais tout cela sans succès. Rhys était trop loin pour qu'elle puisse le prévenir et Mor ne rentrerait pas avant demain. Az se trouvait je ne sais où, mais Cassian était ici, en Illyrie. Mes dons de Daemati étaient encore plus aléatoires que tout le reste, mais je tentais malgré tout de tendre mon esprit vers celui du Général. Pas même un murmure... Héritière de la Cour de la Nuit... Tu parles ! Si nous ne pouvions quitter ce territoire ni par les airs, ni par tamisage, il allait falloir utiliser nos pieds et nos cerveaux. Je rejoignis mes amis sur la terre ferme. Ils étaient en train de deviser à voix basse, Miren avait posé sa main sur le bras de Lorcan et le grand Fae avait l'air plus calme. Depuis notre adolescence, j'avais toujours soupçonné que ces deux là étaient plus que des amis et je me réjouissais pour eux. Lorcan était beau et athlétique, mais son caractère épouvantable de mâle dominant et protecteur était parfaitement incompatible avec mon besoin de liberté et d'indépendance. J'avais déjà trois frères Illyriens sur le dos et c'était bien assez.

Un Pont de verre et d'étoiles (Fanfiction ACOTAR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant