Le temps qu'on s'accepte

~Chapitre 1~

FELIX, 4 mois après

Sinon, vous avez vu ce que le lycée veut organiser en ce moment ? nous demande Jade.

-Non, ils ont prévu quoi ? répond Chloé

-D'après ce que j'ai compris, ils veulent mélanger les groupes de spécialité afin qu'on puisse s'aider, toutes les classes seront mélangées par matières, pour l'épreuve de fin d'année.

-Oh ! J'adore l'idée, ça peut être vachement bien ! s'extasie-t-elle.

À ce moment-là, je vois ce mec, Andréas, il est en train de s'entraîner sur un terrain de tennis en compagnie de Sophia qui, je suppose, est sa petite amie. Cela fait quatre mois qu'il est arrivé dans notre établissement et depuis, on ne s'est plus regardé une seule fois, du moins il ne m'a plus regardé, moi, à chaque fois que je le vois, je m'imagine lui parler et l'embras...

-Félix, qu'est-ce que tu mates encore ? Dit Alexia, interrompant mes pensées.

-De quoi ?

-Tu matais Andréas ?

- NON JAMAIS DE LA VIE !

-C'est de l'humour, qu'est-ce que tu peux être premier degré toi pff. Lâche-t-elle avec humour.

Les filles se mettent alors à se foutre littéralement de ma gueule, mais bon, je me mets aussi à rire. Malgré leur méchanceté à certains moments -bien sûr je ne le pense pas- elles savent me remonter le moral. On devrait tous avoir des amies comme elles dans notre vie !

À la sonnerie, on se dirige vers la salle de conférence afin de connaître notre nouveau groupe de spécialités. En arrivant, les professeurs nous indiquent où nous devons nous asseoir, par chance, je me retrouve avec des amies, je n'aime pas être avec des personnes que je ne connais pas.

La proviseure commence à annoncer les premiers groupes de spécialités, c'est à ce moment que je remarque que mes amies ne sont pas dans le même groupe que moi, elles ont déjà été annoncées et il ne reste que moi, l'angoisse, je vais me retrouver avec des personnes qui me détestent et vivre un enfer.

J'entends une voix de loin, c'est Jase, le grand et ténébreux harceleur de mes années de collège, il est la représentation du diable sur terre.

- Oh, il semblerait que le pédé soit avec nous. Dit-il avec un ton malfaisant

J'espère ne pas me retrouver avec lui, je n'ai pas envie de retourner en classe de 4ᵉ, je ne veux pas être sa cible.

- Et pour terminer, le groupe numéro 6. Informe la
proviseure.

Jase est le premier dans la liste, suivie de ses nombreux camarades qui ne sont rien d'autre que des moutons à la recherche de reconnaissance. Le sourire de ce même me parvient, un sourire qui veut tout dire, bienvenue aux enfers.
- J'appelle Andréas Klein puis Félix Le Roy.

QUOI ? Andréas est dans le même groupe que moi ? Je ne l'avais même pas remarqué dans la salle. Je ne peux pas être avec lui, c'est impossible. Garde ton calme, Félix, du calme, réveille-toi, bordel ! Je ne veux pas ce groupe, pas avec Jase et sa bande, ni avec Andréas. Sans mes amies, je suis seul contre le reste du monde. Je ne demande qu'une seule requête au ciel, qu'on me réveille de ce cauchemar au plus vite.

À la sortie de la salle, Jase me regarde passer en vitesse afin de l'éviter.

- Minute papillon, tu ne veux même pas dire bonjour à ton meilleur ami ?

Ignore-le, ne t'arrête pas, cours, Félix, COURS ! Je me mets donc à courir, ce qui a l'entrain de faire rire cette bande de cons. Je les déteste, je les déteste tous ! LAISSEZ MOI TRANQUILLE ! Je ne veux pas revivre ce que j'ai déjà vécu auparavant, c'est impossible ! C'est si difficile de laisser des personnes innocentes tranquilles ? De les laisser vivre sans les déranger ?
Jase a toujours eu quelque chose contre moi, je n'ai jamais su pourquoi la seule idée qui me vient à la tête est par rapport à mon orientation sexuelle, depuis qu'il a su que j'étais gay, il ne m'a plus laissé tranquille sans même me dire la raison de ses actes, mais bon j'en suis devenu habitué malheureusement, maintenant je subis sans rien dire, lui et sa bande sont plus forts que moi et personne ne me prendrait au sérieux si je demandais de l'aide aux CPE, enseignant(e)s,etc.

On arrive en classe, les professeurs annoncent les places qui nous sont attribuées pour chacun, je me retrouve désespérément avec Andréas Klein, je ne sais même pas s'il se souvient de moi, malgré qu'il m'ai fixé longtemps à travers la vitre de son bus.

- Salut, je suis Andréas.

- Salut, moi, c'est Fé...

Il m'embrasse, interrompant la fin de ma phrase, ses tendres lèvres parfaitement posées sur les miennes. Je n'aurais jamais pensé qu'il serait capable d'embrasser une personne sans la connaître, en plus devant tout le monde ? Depuis quand il me désire autant ? Il ne serait donc pas en couple avec Sophia ? Je ne l'ai jamais vu sous cette façade. Le mec que toutes les filles veulent embrasser, serais-je l'heureux élu ? Puis il serait gay et non pas hétérosexuel ?
Dès qu'il quitte ses lèvres des miennes, je le regarde attentivement. J'ai envie de l'embrasser encore et encore, je veux rester collé à lui, à l'embrasser jour et nuit, sentir son odeur de noix de coco et ressentir sa chaleur corporel qui m'apaise, j'ai l'impression d'être dans un rêve, que rien n'existe autour de nous, qu'on est seulement deux dans un monde infini où les jugements ne sont pas importants à nos yeux.

- Tu te sens bien ? Me demande Andréas, me ramenant à la réalité, où devrais-je dire l'enfer.

- Ouais, excuse-moi, je pensais à un truc, je m'appelle Félix. Dis-je dans un coup de panique.

- Oh, pas de problème, cela arrive à tout le monde. En tout cas, ravi de faire ta connaissance, Félix. M'adresse-t-il avec un sourire.

-De même Andréas.

Qu'est-ce qui vient de se passer là ?

Je n'arrive pas à penser à autre chose durant les 30 minutes qui passent. Comment j'ai pu imaginer une scène pareille ? Je ne le connais même pas, puis il est hétéro, c'est sûr, voire en couple avec Sophia. Il faut que je m'enlève ces pensées de ma tête. Je n'ose même pas le regarder, il va me trouver bizarre.

- Tu n'aurais pas Instagram ou autre ? Me lance-t-il en plein travail.

- Pardon, direct comme ça ?

- Je veux juste un de tes réseaux pour se répartir les tâches sur le travail, ne me dit pas que tu pensais...

- Non non non, j'avais bien compris que c'était pour le travail.

On s'échange alors nos comptes, je sais déjà ce que je ferai en rentrant ce soir, regarder ce qu'il a publié, au moins cette fois, je n'ai pas besoin de le chercher. On se remet alors à travailler comme si de rien était.

Je sens que mon cœur va vite succomber sous son charme.