Lee Heeseung
Je frappe à sa porte doucement et l'ouvre aussi délicatement que possible. Nara est assise en tailleur sur son lit, son regard fixé au plafond.
Je m'installe à côté d'elle. Mais je laisse tout de même un peu de distance entre nous. "Tu vas bien ?" Je lui demande aussi calmement que je peux. J'ai peur de l'effrayer. Peut-être qu'elle n'a pas remarqué que j'étais là.
Elle tourne la tête vers moi, me regarde quelques secondes puis repose son regard la où il était quelques secondes plus tôt.
"Je ne devrais pas être celle qui te pose la question ?" Nara soupire et réajuste sa position. "Tu veux que je fasse comme si tu l'avais posée ?" Je lui demande.
"Tu veux que je te la pose ?" J'acquiesce. "Alors, comment tu te sens, Heeseung ?" Sa voix est juste un peu plus fort qu'un chuchotement. "J'ai mal partout." Je lui réponds.
"Je sais. Ça se voit." Je prends un air faussement offusqué. "Très gentil de ta part." Elle relâche une bouffée d'air. "Toujours."
"Comment toi tu vas ?" Je lui demande plus sérieusement. Nara me fixe quelques secondes. "Je suis fatiguée. J'en ai marre. Mais j'ai eu ce que je méritais dans un sens. La roue finit toujours par tourner."
Je l'observe sans rien dire. "Tu sais ne pas dormir me force à réfléchir à plein de choses." Elle déglutit. "J'ai fait des trucs vraiment moches. Seoran n'avait rien demandé, Jihye non plus. Toi non plus."
Elle se ressaisit. "Par contre je ne regrette rien de ce qui est arrivé à Haewon. S'il le fallait, je la traînerai à nouveau par les cheveux sans scrupule. Pareil pour Beomgyu, je lui écraserai la tête contre tous les murs de la maison sans relâche s'il avait fallu en arriver là."
"Merci d'être venu me chercher." Je lui dit simplement. Nara se retourne vers moi me regardant étrangement. "Comment tu le sais ? Quelqu'un te l'a dit ?"
Je secoue la tête. "Je me doutais que ça devait être toi. Il n'y a que toi pour te jeter la tête la première dans ces situations."
"Tu parles d'une idiote." Elle plaque l'oreiller sur son visage. Et l'enlève de son visage quelques secondes plus tard. "J'ai quelque chose pour toi."
Elle fouille dans son portable quelques secondes avant de me le tendre. "J'ai trouvé le numéro de téléphone de tes parents. Ce n'est pas beaucoup, mais voilà. Il est tard, je ne sais pas s'ils vont répondre, mais si tu veux les appeler, maintenant ou quand tu veux, tu peux me demander."
Mes mains tremblent et je prends le portable de Nara avant de m'écarter un peu d'elle. Je lance l'appel sans réfléchir.
Le téléphone sonne une fois, deux fois et au bout de la troisième fois, j'entends une voix que je reconnais tout de suite.
"Maman ?" Ma voix craque et Nara sort de la pièce. "Qui est-ce ? Vous n'avez pas la même voix que la fille qui m'a appelé tout à l'heure."
Je renifle et rit un peu. "C'est Heeseung, maman, c'est moi." Un blanc de quelques instants s'installe puis j'entends des sanglots.
"Heeseung ? C'est papa, désolé ta maman pleure trop- oui je mets en haut parleur." Je sourit et renifle plus fort. "Vous êtes où ?" Je leur demande presque immédiatement.
"Nous sommes dans la zone de quarantaine de Séoul, je me suis porté volontaire pour aider tout le monde à remettre la ville sur pied. J'ouvre à nouveau ma boulangerie pour inciter les gens à revenir."
Je retiens mon souffle quelques instants. "C'est pas trop dangereux ? Ça ira ? Je pense rentrer rapidement aussi." Mon père rit à l'autre bout du fil. "Oui, tout va bien ici. Tout est encadré par les militaires, on n'a pas vu d'infectés depuis des semaines déjà."
Je soupire de soulagement. "Fais quand même attention à toi s'il te plaît. Je te rejoins dès que je peux. Dès qu'on peut je veux dire. On est un petit groupe de cinq."
"C'est parfait ! Dis leur de passer à l'occasion, j'ai hâte de rencontrer la fameuse Nara !" La voix de ma mère retentit à l'autre bout du fil et je deviens tout rouge.
"Promis, sur ce prenez soin de vous, ok ? On se voit très vite de tout de façon." Mon père répond. "Toi aussi, et on attend à la maison. La porte est ouverte à toi et tes amis." Je coupe l'appel et m'assieds sur le lit.
Quelques minutes plus tard, la porte s'ouvre à nouveau. "Ça s'est bien passé ?" Nara demande et referme la porte derrière elle.
Sans rien dire, je la serre dans mes bras aussi fortement que je peux. Elle hoquette de surprise, mais me rend mon étreinte.
"Merci, merci pour tout." Je répète encore et encore. Et au bout d'un moment je m'écarte d'elle. Ses joues sont un peu rouges, alors que les miennes sont écrevisse.
"Ce n'était pas grand chose." Elle s'assied sur le lit, et je m'installe à côté d'elle. "C'était beaucoup pour moi. Vraiment. Tu ne peux pas savoir comme je suis soulagé de savoir qu'ils vont bien."
"Je suis contente pour toi alors." Elle joue avec ses doigts. "Comment vont les tiens ?" Je demande, mais je regrette instantanément les mots qui sortent de ma bouche lorsqu'elle se crispe.
"Ils vont bien." Son regard ne croise pas le mien. Mais je ne pousse pas plus loin, si elle ne veut pas plus en parler, c'est son droit.
"Je peux dormir ici ?" J'essaie de changer de sujet, mais c'est de mal en pire. Elle me regarde les yeux exorbités. "Pardon ?"
"Je ne voulais pas dire ça comme ça, je veux dire- si tu veux je peux dormir sur le canapé." J'essaie de trouver quelque chose à dire, n'importe quoi pour me sauver de l'embarras que je ressens là tout de suite.
"Tu, euh, tu peux rester ici si tu veux. Je ne dors pas de toute façon." Elle se lève et se dirige vers la porte. "Est-ce que ça t'embêterai de rester avec moi jusqu'à ce que je m'endorme ?"
Nara se fige puis se retourne lentement vers moi. "Tu n'as pas peur que je te mange ?" Elle essaie de détendre l'atmosphère. "Non plus trop non." Je me glisse sous la couette et fait face à l'autre côté.
Nara se dirige doucement vers l'autre côté et prend place. S'installant contre le sommier et en fixant devant elle.
Je la fixe quelques instants avant qu'elle me regarde. "Arrête de me fixer tu me gênes." Je pouffe de rire et me retourne pour être dos à elle.
Plusieurs minutes passent sans que personne ne parle. Le silence est apaisant.
Je commence à m'endormir lorsque je sens sa main serrer juste à peine mon poignet. "Qu'est-ce que tu fais ?" Je chuchote. Je n'étends plus rien, la télé est éteinte et ils doivent sûrement tous dormir.
"Comme ça je sais que tu es encore en vie." Nara répond tout aussi bas. "Je pensais que tu pouvais entendre le rythme cardiaque des gens ?"
Sa main serre encore moins fort mon poignet. "Le sentir me rassure un peu plus. Sauf si ça t'embête." Sa main relâche mon poignet mais je la rattrape rapidement pour la serrer dans la mienne et la coller à ma poitrine.
"Comme ça tu sentiras mon cœur battre en direct. En plus de ma respiration." Pas de réponse. Mais je m'en fiche, elle ne cherche pas à s'éloigner. Et c'est tout ce qui compte à mes yeux.
Mes yeux se ferment lentement. Mais sûrement. Et finalement quelques minutes suffisent à ce que je tombe de sommeil comme une mouche.
"Tu es vraiment pas croyable." Je l'entends murmurer, avant de ne plus rien entendre.
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Deadly embrace [L.HS]
Fiksi PenggemarDans la ville de Séoul, Nara et Heeseung sont deux lycéens que tout oppose. Nara nourrit depuis toujours une aversion profonde envers Heeseung, le considérant comme un rival parfait et insupportable. Pourtant, Heeseung, secrètement amoureux de Nara...