Chapitre 6

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TW : Pensées suicidaires

Lorsque Shoto réouvrit les yeux, il faisait déjà nuit. L'obscurité l'empêchait de clairement voir ce qu'il se trouvait autour de lui et, à la place, il ne distinguait que des ombres abstraites dans le noir. C'est uniquement lorsque sa mémoire cessa de lui faire faux bond qu'il compris. Deux options possibles s'offraient désormais à lui, l'une le titillant bien plus que l'autre. La première et la plus désagréable des deux à imaginer était qu'il se trouvait actuellement à l'hôpital et que son père devait l'attendre de pied ferme à proximité. La seconde possibilité se basait quant à elle sur la théorie farfelue que Yaoyoruzu n'aurait pas jugé bon d'appeler les urgences et que, par conséquent, il se trouverait encore dans son humble demeure. Durant de longues minutes, Shoto n'osait pas bouger d'un yota de peur de ce qu'il pourrait apercevoir dans le noir. Et même s'il l'aurait profondément souhaité, son corps ankylosé n'était décidément pas prêt de lui obéir à nouveau, encore trop sonné par le contrecoup de la fatigue. Le bicolore eut d'ailleurs tout le plaisir de le constater dès l'instant où il voulut se redresser. Comprenant que c'était peine perdue, il grogna et se résignait à attendre patiemment. Puis, lorsqu'enfin, il eut l'impression de retrouver un semblant de vitalité, il réitéra l'expérience et parvint cette fois-ci à se tenir assis, son dos appuyé contre la tête de lit. En se tournant légèrement sur le côté, il entre-aperçu une lumière vive, filtrant du dessous de la porte. Dans un geste, duquel se dégageait encore une certaine fragilité, le mi-feu mi-glace s'appuya sur ses avants bras en amorçant un mouvement pour se relever. À pas feutrés, il s'avançait en direction de cette faible lueur tout en restant à l'affût du moindre mouvement brusque provenant de l'extérieur de cette pièce cloisonnée. Il s'imaginait déjà son père ouvrir la porte à la volée dès l'instant où un bruit suspect l'aurait interpellé. Et recroiser un jour le chemin de Enji Todoroki, c'était tout ce que Shoto cherchait à éviter. Le simple fait d'évoquer son nom lui procurait des sueurs froides et une envie de vomir insoutenable. Alors qu'il se trouvait désormais face à la porte qui le séparait de ce qu'il devinait être un couloir, Shoto restait figé. Son corps refusait de faire un pas de plus, comme s'il marchait tout droit dans le corridor de la mort. Agacé par cette perte soudaine de contrôle, le bicolore se attela à forcer le destin. Et au moment où il parvint enfin à poser ses doigts tremblotants sur la poignet, celle-ci s'abaissa d'elle-même sans qu'il n'ait besoin d'y émettre une quelconque pression. Son sang ne fit qu'un tour et, cette fois-ci, il se liquifia pour de bon lorsque la porte s'ouvrit avec fracas face à lui. Son cœur battait à tout allure à tel point que le jeune homme le crut sur le point d'exploser. Par réflexe, il fermait les yeux en se sentant tomber en arrière :

"- Todoroki-kun ! S'écria une voix quasi imperceptible pour ses oreilles bourdonnantes. Il était sur le point de toucher le sol quand il sentit deux bras l'entourer avec force afin de le maintenir debout. Le jeune homme se risquait à entrouvrir les yeux et lorsqu'il aperçut le doux visage de Yaoyoruzu face au sien, sa tension redescendit d'un coup. Mais, en voyant une lueur inquiète se jouer dans les yeux de sa camarade, il se figea à nouveau et s'efforçait d'avoir meilleure mine. Comme si elle avait lu dans ses pensées, Momo intervient aussitôt :

- Todoroki-kun, tu es dans un état déplorable. Arrête de faire semblant que tout va bien, tu te fais du mal.
- Je vais très bien, je t'assure. J'étais simplement fatigué.
- À d'autres. Assieds-toi et laisse moi m'occuper de toi. Tu n'as rien mangé et ça ne doit pas aider." Lança t-elle en le forçant presque à rasseoir sur le lit.

Shoto, étant particulièrement réfractaire vis à vis des ordres qu'on pouvait lui donner, s'apprêtait à protester mais en sentant son terrible mal de crâne le rattraper, il s'exécuta presque docilement. La brune l'aidait à s'allonger en s'assurant qu'il ne retombe pas dans les vapes. D'un geste de la main, elle alluma la lampe de chevet se trouvant à sa droite avant de sortir de la pièce en vitesse. C'est quelques minutes plus tard qu'elle réapparue dans l'encadrement de la porte, un plateau repas à la main :

Un grain de sable dans l'Univers- TodoMomo Où les histoires vivent. Découvrez maintenant