Chapitre 5 - Hope

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Le ciel gris est menaçant.

Les nuages ne présagent rien de bon, si je n'accélère pas le pas je risque de me prendre une averse. Ce n'est absolument pas le moment, j'ai réussi à décrocher un entretien d'embauche, je dois être irréprochable.

Je suis tombée sur l'annonce par hasard avant hier, lors de mon jogging matinal. C'est la preuve que j'ai bien fait de me mettre au sport — autre que le yoga.

Il cherche une hôtesse de caisse dans une nouvelle petite boutique de vêtements qui vient d'ouvrir ses portes il y a peu. Apparemment, de ce que j'ai compris leur employé leur a fait faux bon.

Je ne suis pas une icône de mode, je ne suis jamais les tendances, je ne les crée pas non plus,  mais on ne peut pas m'enlever une chose : j'apprends vite. Deux choses, même : je m'adapte vite. J'imagine que si j'obtiens le poste, en feuilletant quelques magazines et en regardant des émissions de télévision, je saurais quelle est la couleur ou le motif de la saison qu'il faut absolument porter.

Avant de travailler pour Jeremy Parker je n'avais jamais porté plus de deux assiettes à la fois. En l'espace de quelques semaines j'ai su en prendre trois, puis quatre, puis cinq. C'est devenu un jeu d'enfant.

J'ai quand même travaillé le sujet, en fouillant plusieurs heures hier soir sur internet.

Une goutte d'eau.

Puis une deuxième.

Je lève les yeux au ciel et le nuage noir qui plane juste au-dessus de ma tête est sur le point d'éclater d'une minute à l'autre.

J'ai décidé de m'y rendre à pied.

Première mauvaise idée.

Je n'ai pas emporté avec moi mon parapluie.

Deuxième mauvaise idée.

Je porte un chemisier blanc.

Troisième mauvaise idée.

Voulant à tout prix éviter une douche je me précipite la tête la première dans un café, si bien que lorsque la porte se referme je sens tous les regards sur moi. Encore une fois, j'ai un peu abusé sur mon entrée. Pour ma défense, cette journée est très importante et je dois mettre toutes les chances de mon côté, et ça passe avant tout par mon look. Être soignée lors d'un rendez-vous joue forcément en notre faveur.
J'ai joué la carte de la simplicité, comme d'habitude. C'est ma marque de fabrique. Un jean brut accompagné d'un chemisier blanc en dessous d'un blazer. Toujours accessoirisé d'une broche, en forme de papillon sertis de petites pierres blanches ressemblant à des diamants.
Ni trop ni pas assez. J'ai mis plus de dix minutes à me faire une queue de cheval haute en veillant à ce qu'il n'y ait aucun petits cheveux qui ne dépassent. R.I.P à ma bombe de laque neuve. Pour mon compte en banque je ne ferai pas cette coiffure tous les jours.

J'ai bien fait de me réfugier à l'intérieur de ce café, quand je vois les trombes d'eau s'abattre sur la ville. Les passants s'agitent, se bousculent presque, une main sur la tête ou leur attaché-case en guise de parapluie, cherchant refuge sous les auvents des magasins. Ou à l'intérieur comme moi.

Un mélange de chocolat et de noisette, mélangé à celle du bois accrochent mes narines. Une odeur réconfortante. Celle qui me rappelle mon père.
Quelques personnes ont eu la même idée que moi, certains me bousculent alors je recule un peu vers les tables sans pour autant m'approcher du comptoir, je n'ai pas envie qu'on se méprenne sur mes intentions. J'imagine que la pluie va cesser d'une minute à l'autre et je pourrais alors reprendre la route.

Il n'y a pas de chaises, uniquement des fauteuils ou des canapés qui ont l'air tellement confortables — bien plus que mon vieux clic-clac. Les clients nous jettent des œillades tandis qu'un serveur âgé probablement de la vingtaine, avec un tablier autour de la taille, s'approche.

Last HopeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant