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CHAPITRE.
UN.




























LEANDER.



















Brooklyn, New-York.














Fuir.
Je ne cesserai jamais de le faire, souhaitant juste prolonger le moment de paix qui m'est accordé avant ma descente en enfer.

Cigarette entre les lèvres, nicotine qui rempli mes poumons de toxines, je soupire. Les paupières lourdes, une qui me démange à cause du coup que j'ai reçu plus tôt, je pousse mon dos contre le dossard du banc en métal.

Mouchoir rempli de sang à l'autre main, il est désormais inutilisable. Alors, je ne le serre plus autant fort qu'avant, desserrant ma colère autour de ce tissu qui n'a rien demandé. Mais suis-je vraiment en colère pour ce gars qui avait voulu me battre ?

Ne laisse personne te toucher, ne laisse personne te battre, pas quand tu es mon fils.

Promesse faite, pacte de feu sur le corps de chaque personne qui a voulu un peu trop se coller à mon âme ensorcelée par la noirceur. Je les ai tous battu.

Mais arriverai-je à te battre, maman ?

Rire qui s'échappe en même temps que la fumée de ma cigarette que je ne cesse d'aspirer car, je le sais.

Que c'est impossible.

Et je préfère me détruire que de continuer à rêver. Après toutes ces années près de lui, je l'écoute encore.

Ne rêve plus, tu n'es plus un enfant.

Fuir n'est que le moyen de m'échapper le temps de quelques secondes où mon corps n'est pas enfoncé dans cet océan qu'est le chaos. Courir pour que le présent ne m'attrape pas, sans savoir que je devrai plus avoir peur du futur.
Parce qu'il m'arrivera dix fois plus fort que la précédente, telle une gifle qui m'abattra pour toujours.

Le mégot au sol, j'attrape de nouveau un cigarette de mon paquet qui comme une habitude se colle entre mes lèvres. Allumer le feu qui me détruit encore plus me donne l'impression d'être enfin le roi de ma vie. D'être le chef de mes actions, faisant taire ces voix stridentes qui bourdonnent dans mes oreilles.
Voix qui appartiennent à mes bourreaux, les tortionnaires qui m'ont fait naître pour reprendre le flambeau.

Mains dans les poches en cuir de ma veste, mes converses tapent le sol légèrement, chauffant mes jambes refroidis par le temps froid de cet automne.

Cassant les feuilles sous mes pieds, le bruit du craquement résonne dans cet air de jeu éloigné, presque abandonné par la joie des enfants joueurs qui sont observés par des rêveurs.

Ils sont joueurs.
Je suis rêveur.

Telle une phrase qui restera toujours écrite dans ma vie, dans mon destin, une phrase qui ne cessera de me coller jusqu'à la fin des temps, je ne pourrais jamais m'échapper.

Et pourtant, si je prenais juste un sac d'affaires, mes économies et prenais le premier train qui me ramerait aussi loin qu'il ne pourrait, je serais enfin libre. Mais jusqu'à combien de temps avant qu'il ne me retrouve ?

KNIGHT.  Où les histoires vivent. Découvrez maintenant