Sans repos

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Draco

La douleur de mes côtes me coupait le souffle. Ouvrant difficilement les yeux, terrifié de ce que je pourrais voir, je reprenais mon souffle doucement, le plus silencieusement possible. Regardant autour de moi, je finissais par reconnaître la chambre de Potter, et par comprendre que tout cela n'était qu'un cauchemars. J'étais tombé du lit. Par Merlin, j'étais glacé, bien que toujours enroulé dans la couette. Si je n'étais pas sûr de moi, je parierais que le gèle me recouvrait toujours. 

Quelque chose me coula sur le front. Fermant l'œil à temps, je passais ma main sur le liquide. Bien que la fenêtre laissait passer un peu de lumière pour que je reconnaisse les lieux,  je ne voyais pas ce que c'était. Mais je savais, pour l'avoir senti sur mes mains et pour en avoir reçu sur moi, que c'était du sang. L'odeur acheva de me convaincre. Je haïssais ce liquide. Je me relevais en hâte, manquant de m'étaler à nouveau à cause de le couette.

Au même moment, un vacarme pas possible retentit dans la maison. Le bruit que Potter était capable de produire simplement en se précipitant dans les escaliers me surprenait. Un instant plus tard, il déboulait dans la chambre, les yeux grand ouvert et visiblement affolé.

Il se rua sur moi.

- Tu vas bien ? me demanda-t-il en s'agenouillant à mes côtés, sans toutefois oser me toucher. Tu as hurlé...

Je me rembrunissais. Je ne criais pas d'habitude, le terreur me paralysait et je me crispais si fort qu'il m'était impossible d'ouvrir la bouche. Je le savais car les Détraqueurs se fichaient que l'on dorme ou non pour nous torturer. Un prisonniers d'une cellule proche de la mienne m'avait un jour demandé comment je faisais pour leur résister, pensant que l'absence de cri signifiait qu'il ne m'atteignaient pas autant que les autres. Je n'avais jamais répondu. De tout façon, cet homme était mort la même nuit.

Je sursautais quand Harry se releva brusquement et courut hors de la pièce. S'était-il offensé que je ne lui réponde pas ? Avais-je  à ce point usé de sa patience ? L'angoisse me tordait la gorge et le ventre. Un désagréable frisson de terreur bourdonnait dans mon dos et mes poumons se serraient.

Heureusement pour moi, il revenait avant que je ne fasse une crise de panique, un panier en osier dans les mains. Je le suivais des yeux sans rien dire. Je ne voulais pas qu'il voit ma vulnérabilité, et encore moi qu'il sente que j'avais eu peur quand il était parti.

Il posait le panier au sol et se mettait sur les genoux, farfouillant dans ses sachets dont je ne connaissais pas l'utilité. Qu'est-ce que c'était ? Et plus important, qu'est-ce qu'il faisait ? Avait-il oublié, en l'espace de quelque mois, que je ne voulais pas de lui dans les parages quand je me blessais ou n'allais pas bien ? Les mots les plus dur lui avaient pourtant été adressés dans ces moments là. Ou pensait-il que, parce qu'il s'était occupé de moi quand j'étais inconscient et que je ne lui avais pas fait payer, je l'autorisais à mes côtés ?

Je devais lui rappeler. Un Malfoy n'est pas faible. Un Malfoy n'a pas besoin d'aide. Un Malfoy n'a pas de faiblesse. "Tu dois arrêter de pleurnicher pour rien, Draco. C'était utile quand tu étais petit, mais c'est pathétique et humiliant maintenant." Mon père, encore une fois, venait hanter mon esprit. Je sentais mon rythme cardiaque accélérer.

- Va-t'en, lui ordonnais-je moins brusquement que voulu.

Mais il ne m'écoutait pas. Il continua à fouiller son panier, en sortant des trucs et en poussant d'autres. Je me dégageais de la couette lui plus inutilement et violement possible pour marquer mon rejet et ma contrariété. Rien. Je serrais le point, et cet abruti arborait maintenant un sourire victorieux, brandissant une bouteille au liquide transparent comme si elle était le vif d'or. J'adorais ce sourire. Et il ne le saura jamais.

- Ah-Ah ! Je l'ai trouvée ! s'exclamait-il déjà. Bouge pas, je vais soigner ta blessure à la façon des moldus, j'ai plus de potions. Et je me fous que tu sois d'accord ou non, si tu ne l'avais pas compris.

Les mots se bloquèrent dans ma gorge. Sa nouvelle attitude me perturbait. Le garçon sensible, impuissant et manipulable qu'il était avait-il définitivement disparu ? Sa naïveté aussi ? Et tout ça à cause de moi ? Je ne voulais pas. Hors de question qu'il me tienne tête et fasse sa vie comme il en avait envie. Il devait m'aimer sans faille, il le fallait !

Je sentais la rage monter, le désespoir tendre mes muscles. Mes émotions, mes besoins me poussaient à lui sauter dessus et lui rappeler qu'il m'appartenait. "Un Malfoy a toujours le contrôle. L'inconnu, le destin, et l'imprévu ne sont que des excuses pour les faibles. Nous sommes au-dessus de ça !". La voix de Père résonnant dans mon crâne, je m'apprêtais à lui donner une leçon. Il n'avait pas le droit d'échapper à mon emprise, ce n'était pas bien ! Ce n'était pas normal. Tout devait revenir à sa place habituelle, à commencer par sa soumission. Car s'il ne m'étais plus soumis, alors que c'était à cause de lui que ma vie était un enfer que je n'arrivais pas à quitter, qu'est-ce que je deviendrais ? Il m'avait rendu accro, incapable d'être normal et digne de mon père, il devait s'acquitter de cette dette. "Un Malfoy n'a que des débiteurs, jamais de dettes. Quiconque dira le contraire doit apprendre sa leçon." M'avoir rendu gay et amoureux, faible... "Un Malfoy gay ?! Jamais ! Ne me prend pas pour un imbécile, ton obsession est trop étrange... C'est répugnant !", "Toi, Draco Malfoy, tu ne me feras pas honte en étant un faible idiot, inutile pour la famille !"Ce genre de dette se payait à vie. 

Potter me fixait maintenant d'un air méfiant. Je devinais derrière une crainte. C'était bien. Il devait me craindre. Il devait sentir quand il me déplaisait et attendre ma réaction. Et surtout, il devait l'accepter...

Je commençais à me détendre, certain qu'il baisserait bientôt les yeux et que nous pourrons passer à autre chose, mais il se jetait maintenant sur moi. Pris par surprise et encore à moitié empêtré dans la couette, je me retrouvais projeté contre le sommier. La douleur éclatait à nouveau dans mon dos, me coupant le souffle, et un son pathétique m'échappait alors qu'il plaquait sur la ligne de mes cheveux un tissus mouillé. Le liquide qui l'imprégnait me brûlait. 

Je tentais de le repousser violemment, mais il pesait sur moi de tout son poids et, dans mon état, je n'arrivais à rien. La rage recommençait à m'envahir.

- JE VAIS TE TUER ! lui hurlais-je. 

Mais il ne bougeait pas, et son foutu mouchoir me brûlait toujours ! Je finissait par passer un genoux entre nous et, remontant la jambe le long de mon torse -bon sang, ça me faisait un mal de chien-, je me préparais à l'envoyer valser. Je contractais la jambe... Mais sans que j'ai eu le temps de faire quoique ce soit d'autre, il se relevait précipitamment et s'écartait, parfaitement impassible. Non, ce n'est pas le mot, il avait l'air mort.

- Je t'ai mis un sparadrap sur le front, pour protéger ta plaie, me disait-il d'une voix effroyablement éteinte, évite d'y toucher, ou le saignement recommencera.

Sans ajouter un mot, il se retournait et sortait de la chambre sans un regard en arrière. Sans une hésitation.

Et moi, je restais là, prostré étrangement contre le sommier, me sentant de plus en plus horrifié et terrifié en prenant conscience de mes pensées. Je prenais aussi conscience que ma menace de le tuer était sincère, sur le moment, et qui si je n'étais pas aussi faible, je me serais exécuté sans hésitation.

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 12 ⏰

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Pour l'interdit {Drarry}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant