Trahie par l'homme qu'elle aimait après avoir fait de lui le roi, Naga décide de se venger. Et quoi de mieux que de tout lui prendre, petit à petit, jusqu'à s'emparer de sa couronne ? À cœur vaillant, rien d'impossible. Même si des obstacles se dres...
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L'Ouroboros regardait la ville qui s'étalait devant ses yeux. Le présent, le passé et le futur se brouillaient, jusqu'à ce qu'iel ne puisse les distinguer. Iel sentait presque l'odeur âcre de la fumée et des corps calcinés – au loin, dans le quartier Est, celui des Rutilants, de gargantuesques flammes léchaient les murs.
— Votre Altesse ? fit une voix hésitante derrière iel, l'ancrant dans le présent.
Les flammes s'éteignirent et laissèrent place aux maisons, intactes, de la réalité.
L'Ouroboros se retourna et contempla celui qui lui avait adressé la parole. Un simple humain, une main sur le cœur en signe de respect, agenouillé sur le sol de marbre. Cet humain avait encore un long chemin à parcourir. L'espace d'un instant, l'image de l'homme se superposa avec celle de son futur – un vieil homme, vêtu d'ocre, mourant dans un lit somptueux et entouré de sa famille. Il avait encore beaucoup de temps devant lui.
— Parle, soldat, ordonna l'Ouroboros.
— Un jugement requiert votre supervision, votre Altesse.
Aucune réaction de l'Ouroboros tandis qu'il sondait le passé pour découvrir la vérité. Puis, quelques mots, soufflés par une voix lasse :
— L'accusé est coupable. Qu'il soit décapité en place publique et que sa dépouille soit offerte aux charognards. Cet homme servira d'exemple pour tous ceux croyant pouvoir souiller une femme impunément.
— Bien, votre Altesse.
Le soldat se retira silencieusement.
Lentement, l'Ouroboros quitta la salle où iel se tenait et se rendit dans un parc non loin. De grands saules pleureurs ombrageaient un petit lac et, devant celui-ci, une pierre tombale se dressait. Les écritures annonçaient : « Ci-gît Naga, femme-serpent ».
L'Ouroboros se replongea dans le passé ; devant ses yeux omniscients défilait la vie de Naga. Iel connaissait déjà l'histoire – passé, présent, futur, plus rien n'avait de secret pour iel, désormais.
