Chapitre 20

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Une pluie diluvienne s'abattait sur les cinq imposants navires qui fendaient les flots. Des bourrasques impétueuses gonflaient les voiles et chaque impact des vagues faisait trembler les ponts. Les capitaines hurlaient leurs ordres au-dessus de l'orage qui grondait au-dessus de leurs têtes, aboyant de baisser les voiles de tempête et de sécuriser les étais.
Loin de tout ce vacarme, à l'intérieur du plus large des navires, réunis autour d'une petite table faiblement éclairée, Elsa et Kristoff attendaient l'arrivée d'Anna.
Elsa gardait les yeux fixés sur une carte étendue sous la lampe à huile, réfléchissant à toute vitesse. Ses pensées étaient bien loin de leur objectif en ce moment même. En réalité, elle hésitait à aborder un sujet avec Kristoff, mais elle n'arrivait pas à trouver le courage de lui en parler. Le jeune homme, quant à lui, lui jetait des regards de temps à autre. Loin d'être idiot, il avait deviné que quelque chose tracassait Elsa, mais lui non plus ne savait pas comment en parler. Alors ils restaient tous les deux là, en silence, priant en leur for intérieur qu'Anna se dépêche de briser cette atmosphère quelque peu désagréable.
Leurs prières furent exaucées lorsque la reine ouvrit la porte à la volée. Son fiancé ne put retenir un sifflement impressionné face à son allure.


Anna portait une longue tunique vert impérial qui tombait jusqu'au niveau de ses genoux. Les bordures, d'un vert plus clair, arboraient des motifs nordiques propres à Arendelle. Nouée à sa taille, une longue ceinture en tissu, vert bouteille pour sa part, retombait gracieusement en deux pans dans son dos jusqu'à ses mollets. Par-dessus sa tunique, un plastron de fer léger couvrait son buste, orné d'innombrables fioritures dorées. Loin de la dissimuler, elles mettaient en valeur la fleur de crocus dorée - symbole d'Arendelle - gravée dans l'acier et qui scintillait de mille feux. Des tassettes, ornées d'or elles aussi, étaient accrochées au plastron et recouvraient les hanches de la jeune femme.
Anna avait légèrement remanié sa coiffure de reine ; elle avait gardé sa tresse latérale qui encadrait désormais un chignon sophistiqué. Des mèches légèrement bouclées retombaient sur son visage, derrière lesquelles brillaient ses yeux bleus déterminés.

- Ta-daaaa ! s'écria la jeune femme en tournant sur elle-même. Désolée pour le retard, j'ai eu un mal fou à mettre ce plastron !

Elsa ne put s'empêcher de sourire face à l'allure de sa sœur. Elle avait fait le bon choix en lui cédant sa place de reine, Anna incarnait la force et la détermination de leur royaume. Elle baissa les yeux et remarqua qu'à sa ceinture était accrochée une rapière à la poignée incrustée de pierres précieuses.

- Une épée ? demanda Elsa en haussant un sourcil, interloquée.
- Depuis notre combat contre Roderick, je voulais apprendre à mieux manier l'épée. Pendant que tu... (elle hésita un instant) étais enfermée dans ta chambre, j'ai demandé à Mattias de m'apprendre les bases du combat à la rapière.
- Il faudra penser à le remercier lorsque nous reviendrons, affirma Kristoff avec optimisme. D'autant plus que tu lui as confié les reines du royaume pendant notre absence.

Elsa, elle, gardait les yeux fixés sur la rapière, cherchant à mettre des mots sur ce qu'elle ressentait. Anna s'approcha et posa ses deux mains sur la table, autour de la carte maritime.

- Anna, je suis impressionnée que tu aies appris à te défendre, commença-t-elle doucement en posant une main sur celle de sa sœur. Mais je préférerais te savoir en sécurité plutôt qu'au combat aux côtés de la garde royale.

La rousse planta son regard dans celui d'Elsa.

- Elsa, je ne resterais pas en arrière pendant que tu affronteras Roderick, rétorqua Anna d'un ton tranchant. Je suis la reine d'Arendelle désormais, et s'il faut se battre pour mon royaume - celui de nos parents - alors je me battrais.

Les Ombres d'ArendelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant