Le grand retour

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Alors que je finissais de ranger mes affaires pour quitter le restaurant après une longue journée de travail, mon regard fut captivé par une table étrangement laissée en l'état, avec seulement une fleur posée dessus. Intriguée par cette scène inhabituelle, je m'approchai lentement, sentant une boule d'excitation monter dans ma poitrine.

La fleur était d'une beauté saisissante, un hibiscus, la même fleur que Santiago m'avait offerte sur la plage. À côté, une petite note, soigneusement pliée, attira mon attention. Mes mains tremblaient légèrement tandis que je la saisissais et que je lisais les mots écrits dessus : "Regarde dehors."

Une vague d'anticipation monta en moi alors que je me dirigeais vers la porte d'entrée du restaurant. Lorsque je franchis le seuil et que mes yeux se posèrent sur la scène à l'extérieur, mon cœur manqua un battement. Là, sous la pluie battante, se tenait Santiago, un sourire éclatant illuminant son visage.

Je restai figée sur place, incapable de détourner le regard de celui que je pensais avoir perdu à jamais. Les gouttes de pluie ruisselaient sur son visage, accentuant sa beauté et donnant à l'instant une aura de magie. C'était comme si le temps s'était arrêté, ne laissant place qu'à nous deux, seuls au milieu de l'averse.

« Gabrielle, » appela-t-il doucement, sa voix portée par le vent et la pluie, mais emplie de chaleur et de tendresse.


Je me suis précipitée vers lui, mes pas résonnant dans la rue déserte sous la pluie battante. Chaque goutte qui s'est abattue sur moi semblait emporter avec elle une partie de la douleur que j'avais ressentie en son absence. Mes larmes se sont mêlées à la pluie, mais cette fois, ce sont des larmes de joie, de soulagement, de retrouvailles.

Quand enfin je me suis retrouvée dans ses bras, c'était comme si le monde entier s'était arrêté de tourner. Son étreinte était chaleureuse, réconfortante, familière. Je me suis sentie en sécurité, comme si tout ce qui avait été perdu pendant ces sept longs mois était soudain retrouvé. J'ai respiré son parfum, si familier et pourtant si lointain dans ma mémoire. J'ai savouré chaque instant, gravant dans mon esprit chaque détail de ce moment précieux.

Pourtant, au milieu de cette étreinte, une douleur sourde a refait surface en moi. La colère, la frustration, le sentiment d'abandon qui m'avaient tourmentée pendant tout ce temps sont remontés. Je me suis reculée légèrement, nos visages se faisant face, et je l'ai regardé droit dans les yeux. Mes larmes ont continué de couler, mais cette fois, c'étaient des larmes teintées de peine et de reproche.

« Tu m'as abandonnée, Santiago, » ai-je murmuré d'une voix tremblante, mes mots porteurs de toute la douleur que j'avais ressentie en son absence. « Tu es parti sans un mot, sans une explication. Tu m'as laissée seule, à me demander ce que j'avais fait de mal, à me demander si tu reviendrais un jour. » Mon regard était empli de questions, de doutes, mais aussi d'une lueur d'espoir fragile.

Il m'a regardée, ses yeux sombres empreints de regrets et de tristesse. Il savait qu'il avait fait une erreur, qu'il m'avait blessée, la personne qui lui était la plus chère au monde. Mais même dans ce moment de confrontation, je sentais toujours cet amour profond qui nous liait, cet amour qui avait survécu à l'épreuve du temps et de la distance.

Soudain, il a posé une main sur ma joue, ses doigts caressant doucement ma peau mouillée par la pluie. « Je suis désolé, Gabrielle, » a-t-il murmuré d'une voix empreinte de sincérité. « Je sais que je t'ai fait du mal en partant comme ça, mais je voulais te protéger. » Ses paroles ont résonné dans l'air humide de la nuit, chargées de promesses et de regrets.

Je l'ai regardé, déchirée entre la colère et le désir de le pardonner. 

Je me suis éloignée de lui, sentant chaque fibre de mon être brûler de douleur et de colère refoulée. Mes yeux se sont plongés dans les siens, cherchant des réponses, cherchant à comprendre comment il avait pu me laisser ainsi, dans l'obscurité et l'incertitude pendant ces longs mois.

« Tu ne peux pas comprendre à quel point j'ai souffert pendant tout ce temps, » ai-je murmuré d'une voix tremblante, mes mots porteurs de toute la douleur et de la frustration que j'avais gardées enfermées en moi. « Chaque jour, chaque heure, chaque minute, je me demandais où tu étais, si tu étais en sécurité, si tu pensais à moi autant que je pensais à toi. »

Mes paroles se sont perdues dans le bruit de la pluie, mais je savais qu'il les entendait. Je pouvais voir dans ses yeux sombres qu'il comprenait la profondeur de ma douleur, la détresse qui m'avait étreinte pendant son absence. Et pourtant, malgré toute la souffrance, malgré toutes les larmes versées, mon cœur n'avait jamais cessé de battre pour lui.

« Tu m'as manqué, » ai-je continué d'une voix à peine audible, mes yeux reflétant toute la vérité de mes sentiments. « Peu importe ce qui s'est passé entre nous, peu importe les erreurs que nous avons commises, mon cœur n'a jamais cessé de t'appartenir. Et même maintenant, même après tout ce temps, je suis prête à te donner une seconde chance, à essayer de reconstruire ce que nous avons perdu. »

Je l'ai regardé, attendant sa réponse avec appréhension, avec espoir, avec une certaine peur du rejet. 

Je l'ai regardé, les mots qu'il venait de prononcer résonnant dans mon esprit comme un écho lointain. Il avait pensé à moi, tout comme je l'avais fait, et cette réalisation m'avait frappée comme un coup de tonnerre. Pourtant, malgré cette révélation, une part de moi restait en proie au doute, à la peur de revivre la même douleur, la même incertitude qui m'avaient tourmentée pendant son absence.

« Je dois réfléchir, Santiago, » ai-je finalement murmuré, mes mots hésitants trahissant la confusion qui régnait en moi. Je me sentais déchirée entre le désir ardent de le reprendre dans mes bras et la peur lancinante de me retrouver à nouveau brisée, à nouveau seule.

Sans un mot de plus, je me suis détournée et je suis partie, ma démarche trahissant la lutte intérieure qui faisait rage en moi. J'ai jeté un dernier regard par-dessus mon épaule, le voyant me faire un signe de la main avant de disparaître dans la nuit. Une part de moi voulait courir vers lui, le supplier de rester, de ne jamais me quitter à nouveau. Mais une autre partie, plus forte, plus prudente, me retenait, me rappelant les cicatrices encore fraîches laissées par son départ précédent.

De retour dans ma chambre, je me suis assise sur mon lit, la tête entre les mains, laissant mes pensées errer dans les méandres de l'incertitude. Il était revenu, comme je l'avais tant espéré, mais à quel prix ? Étais-je prête à risquer une fois de plus mon cœur, mon âme, pour lui ? Ou devais-je écouter la voix de la prudence, de la sagesse, et renoncer à ce qui aurait pu être ?

La nuit était tombée, enveloppant le monde dans son obscurité, mais pour moi, l'obscurité résidait au plus profond de mon cœur, où se jouait un combat silencieux entre l'amour et la peur. 


Me extrañaste *Tome 2*Où les histoires vivent. Découvrez maintenant