Salut Thib

Vingt Et Cinq Mars

[ Assis sur un banc boisé aux couleurs ternes, Thibault guetta à nouveau l'heure sur son téléphone avant de l'enfourrer dans sa poche et de saisir une énième pierre qu'il fit faire échouer sur l'étendue d'eau. Elle était déjà en retard de 45 minutes. Il n'avait aucune certitude qu'elle allait arriver, rien ne laissait le penser, et pourtant à ce moment il s'était promis de l'attendre aussi longtemps que puisse filer les heures. Contrairement aux dires de son ami, bien que ça ne soit lointain et prompt, Thibault était déjà tombé amoureux. Car après tout, il était aussi humain. Il avait appris a aimer, à sourire lorsqu'il était heureux, et même s'il n'avait ni plus l'envie ni plus le temps de revivre ce sentiment il ne pouvait s'empêcher de porter de l'intérêt à la jeune fille si fragile et innocente qui lui avait pourtant avoué ses sentiments à de nombreuses reprises.
Thibault en arriva à penser qu'elle était un livre ouvert qu'il n'arrivait pas a lire. L'audace dont elle faisait preuve derrière son écran et la timidité qui la revêtait à chaque fois qu'il posait les yeux sur elle avaient l'air de s'échanger de roles à leur bon vouloir. Sa bipolarité le fascinait, tout autant que la sienne la fascinait. Il se rappella encore du jour ou il l'avait appercu, à ce meme lac et qu'il avait cru halluciner. Ce n'était pas la couleur d'un couché de soleil, elle avait les cheveux aussi rouges que le sang, un rouge vif, poignant, autant qu'on en croirait de la teinture. Peut-être etait-ce le cas, il se le demandait. Puis son esprit divagua vers ses yeux brillants qu'il avait sondé à peine quelques jours auparavant. De son nez minuscule et pointu, de ses pomettes rosées, de sa promette rosée... mais brûlée. Cette cicatrice qui parcourait sa joue droite pour s'effondrer a l'intérieur de son pull. L'histoire qu'elle cachait n'était peut-être pas belle, certainement, mais pourtant au fond de lui à ce moment là, il n'avait pu refouler l'envie de vouloir tant bien que mal la connaître un jour.

Dans un calme assourdissant, une ombre se plaça délicatement à côté de lui. Le jeune homme réalisa sans le moindre effort qu'elle venait d'arriver. Elle etait là. Il releva le regard sur elle et comme si celui ci savait parfaitement où se poser en raison de ces dernieres pensées, vient balayer la superficie totale de la cicatrice qui ornait sa peau. Elle s'arrêtait à la naissance de sa poitrine, ni très longue ni très large, mais pourtant qui semblait avoir été si douloureuse.
Ses yeux divagua vers ses cheveux qui s'étendaient de la racine jusqu'à ses epaules, contrastant avec la robe à la couleur crémeuse qu'elle portait.
Enfin, son regard fini sur son visage et à la place de ce gris révélateur il trouva des iris verts.
Un ange passa, il ne comprit pas. La curiosité qui le tenta soudainement était telle qu'il dut s'efforcer de ne pas froncer des sourcils face à elle.
La jeune fille en vint alors presque a se racler la gorge pour que Thibault se rende enfin compte du malaise que palpait la situation. Il detourna finalement le regard, et le posa a nouveau sur l'étendue d'eau les mains jointes et légèrement incliné comme si elle venait subitement de capter toute son attention.

A côté de lui, il l'a senti s'asseoir si placidement qu'on aurait dit qu'elle avait peur de faire effrondrer le banc.
Il senti sa respiration. Irrégulière. Et n'eut pas besoin de détourner le regard pour remarquer dans son champ de vision les tressaillements de ses petites mains posées sur sa robe. Le regard toujours rivé sur l'étendue d'eau, essayant de briser ce silence qu'il jugeait d'ores et déjà irritant, il vint dire d'une voix neutre;

- Tu trembles.

Elle ne répondit pas. Et il ne s'était pas attendu à ce qu'elle lui reponde.
Elle se contentait de tourner le regard en sa direction et sur la même tonalité Thibault rajouta;

- Tu avais dit que tu n'était pas timide.

Il se rappella du jour ou elle lui disait qu'elle etait de tous les qualificatifs sauf "timide" et qu'il n'avait pas eut besoin d'un certificat pour la croire. Derrière son écran, rien ne laissait l'entendre. Mais à cet instant précis il n'avait pas le même sentiment. Il avait l'impression d'être avec une nouvelle fille, une nouvelle Vert. Fragile, légère. Et intrigante. Elle l'était. Vraiment.
Elle se mura une nouvelle fois dans le silence et à une déception près, voyant la portée de cette conversation a sens unique Thibault eu le tic de reverifier l'heure sur son téléphone. Imperceptiblement, il souffla.
Le crépuscule s'annonçait.
Ce n'était pas exactement dans ses prévisions. Il n'avait pas organiser de rendez-vous galant ni quoi que ce soit qui puisse faire penser à celà.
Mais si lui en question n'en pensait pas autant, la jeune fille elle de son côté se demandait encore ce qui était entrain de se passer. Elle avait deja rêvé de ce moment, plusieurs fois, beaucoup de fois, mais jamais elle n'avait cru ni même espérer le vivre réellement. C'était Thibault, et il était là, avec elle, il l'avait regardé elle, et pas quelqu'un d'autre.
Et soudain à l'idée qu'il sache a présent comment elle est et qu'elle puisse le degouter, qu'il puisse la rejetter ou qu'il ait pu la faire venir pour l'humilier fait rapidement pulser son pouls. Ses yeux commencerent à étrangement la piquer et ses doigts trembloterent de plus belle sur sa robe.
A côté d'elle, son nouvel état d'âme n'échappa pas au jeune homme. Il s'en rendit aussitôt compte et se redressa, toujours assis, suspicieux.

- Ça va ? Lui demanda t-il posément.

Encore une fois, elle ne répondit pas. Pour seule reponse elle se contenta de prendre une grande inspiration et de haucher légèrement la tête avant de finir par placer son regard verdoyant dans celui de son amant qui la toisa comme s'il cherchait à resoudre une énigme. Une, c'est peu pour dire. Il la toisa, cherchant des réponses aux questions qui lui avaient traversée l'esprit depuis que leur deux regards s'etaient croisés.
Elle pu alors officiellement analyser ses traits. Jamais elle n'avait regardé ce visage qu'elle prônait comme l'un des plus beaux de si près. Les teintes orangé du soleil en effervescence se reflétaient dans ses iris marrons les rendant moyennement noisettes.
Elle était au courant de ce qui lui passait par la tête à ce moment même. Et pour y repondre, elle mit fin a cet et-quelquieme contact visuel et porta son attention sur son téléphone qui ne lui avait pas quitter des mains, pianota dessus puis l'apporta face au jeune garçon

"C'est des lentilles de contact."

Était noté dans qu'il devina être un bloc note.
Et cette fois, il fronça des sourcils, réellement. Car s'il venait de comprendre qu'elle avait les yeux naturellement gris, il ne comprit pas ce moyen de conversation numérique. L'air catégoriquement perdu il suivit
l'adolescente des yeux qui vint pianoter de nouveau sur son téléphone, et comme si elle avait de nouveau récupérer  une inspiration des plus radicale, lui fit lire ce qu'elle allait confesser.

"  Je ne parle pas

Je m'appelle Olivia " ]