Je n'en reviens toujours pas de la décision que je viens de prendre, de la tenue que je porte. Ce style ne me ressemble pas mais me fait sentir si désirable. Je m'observe durant quelques instants et suis légèrement incommodée d'être vêtue ainsi, de dévoiler autant mon corps. Ce n'est pas comme si Hisoka ne m'avait pas déjà vue complètement nue, néanmoins j'ai l'impression d'être une personne différente habillée ainsi.
Cette robe est somptueuse ... Lekha a raison, elle est parfaite pour ce soir !
Je me serais bien passée de la plaie qui pare dorénavant mon épaule gauche. Hisoka a fait du bon travail, la suture est propre et permettra une bonne cicatrisation. Mais pour cela, je dois la protéger en l'enduisant d'un baume accélérant sa guérison et en la protégeant d'une bande propre, ce que je fais non sans grimacer dès que je touche un peu trop fort la peau.
Après avoir relevé négligemment quelques mèches d'un côté de ma tête à l'aide d'une barrette ornée d'une fine chaîne dorée, j'enfile mes chaussures mais me trouve trop peu vêtue pour affronter la fraîcheur hivernale.
Et si jamais je croise quelqu'un ? Impossible de partir sans une veste par-dessus une telle tenue. Et pour demain c'est pareil, je dois prévoir de quoi me changer si je ne veux pas éveiller les soupçons.
J'attrape donc un sac, glisse dedans des vêtements de rechange et me couvre de ma veste matelassée rouge.
J'entrouvre la porte comme m'a demandé mon frère puis quitte enfin la maison en passant par la fenêtre de ma chambre.
Quelques personnes arpentent encore les rues de la cité, pressant le pas pour rentrer chez eux. Je prends soin de les éviter en empruntant de petites ruelles désertes jusqu'à ma destination.
Lorsque j'arrive devant la maison, les souvenirs du passé ressurgissent aussitôt et me déclenchent un léger pincement au cœur. Depuis cette terrible nuit, tous les bons moments passés sont désormais devenus l'écho d'un temps révolu. Avec tristesse, je laisse traîner mon regard sur la façade de la bâtisse et constate que les volets sont tous fermés. Est-ce qu'Hisoka est déjà arrivé ?
Vérifiant que personne aux alentours ne m'observe, je pousse doucement la lourde porte et entre dans la maison.
Le silence tout comme l'obscurité règnent au premier étage. Sans un bruit, j'avance jusqu'à la grande table où nous avions l'habitude de prendre nos repas et dépose dessus mon sac.
Alors que mes yeux commencent à s'habituer à la pénombre de la pièce, je décide d'allumer l'une des nombreuses bougies poussiéreuses qui l'ornent. Sa lumière révèle ainsi le décor familier dans lequel j'ai grandi, comme figé depuis que mon frère et moi avons décidé d'habiter avec nos grands-parents. La longue table recouverte des bons plats préparés par notre mère, le fauteuil douillet dans lequel Père aimait se reposer après une longue journée de chasse ... c'est comme si tout était endormi en attendant de pouvoir servir à nouveau.
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Double je(u)
FanficÉtant enfant, Keya avait cent fois écouté son grand-père lui raconter comment des étrangers venus au-delà du mur des gardiens avaient tentés à plusieurs reprises de s'emparer des richesses de leur terre, ne trouvant au bout de leur quête que souffra...