Chapitre 29

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16 Mars 2024.


Quand je quitte la gare de la ville, je vois déjà Alistair me reprocher d'être là. Lorsque je monte dans le bus, j'entends son discours. Il serait déçu que je sois aller voir sa mère sans l'avoir emmené avec moi, parce qu'il les aime tellement qu'il souhaiterait passer plus de temps avec eux.

Tu devrais faire demi-tour maintenant. Alistair ne va pas apprécier que tu demandes conseils à sa maman-chérie. Tu devrais interroger Estéban plutôt, c'est lui l'expert. Et il serait peut-être moins vexé.

Et risquer qu'il aille tout raconter à son meilleur ami ? Je préfère encore parler avec une femme que je ne connais pas. C'est beaucoup plus sûr.

La porte d'entrée s'ouvre avant que je traverse totalement l'allée, comme si ma présence était attendue. La petite Léane saute dans mes bras en hurlant mon prénom. J'entre dans la maison sans la lâcher.

Et aussi surprenant que cela puisse paraître, Estéban apparaît, décoiffé et mal habillé. Il m'accueille d'un immense sourire heureux et déclare :

— Tiens, tiens, tiens. Maya Rossi, la femme de la vie du fils Weber. Qu'est-ce qui t'amène ici ?

— Oui, bonjour à toi aussi Estéban. J'ai rendez-vous avec la mère d'Alistair.

— Alors c'est toi qu'elle attend avec impatience depuis ce matin ? Je suis choqué et tu n'as même pas amené son rejeton avec toi ?

— Ne fais pas comme si tu ne connaissais pas son emploi du temps. Je profite de sa journée de travail pour discuter avec sa mère. Toi, qu'est-ce que tu fais là ?

Léane passe de mes bras aux siens sans faire d'histoire et il dépose un bisou sur sa joue avant de l'envoyer au salon avec sa tante.

— Je venais apporter les cadeaux d'anniversaire à la petite, dit-il. Ce qu'il y a de bien avec les Weber, c'est que peu importe depuis quand tu connais leur fils, ils t'accueilleront toujours les bras ouverts.

J'acquiesce sans savoir quoi lui dire d'autre. Et il n'attend pas que je fasse la conversation puisqu'il déclare :

— On a préparé un gâteau spécialement pour votre après-midi entre filles. Si tu as besoin de quoique ce soit, tu n'hésites pas, je vais rester avec la petite. Et celle que tu cherches est dans le salon, elle t'attend.

— Merci, Estéban. Je n'hésiterai vraiment pas à te solliciter.

Je fais un pas vers le salon avant de me résigner à me tourner vers lui.

— Tu ne diras rien à Alistair, hein ? je demande d'une petite voix.

— Je n'ai vu personne entrer, ni sortir, répond-il en cachant ses yeux avec ses mains.

Je le remercie et entre dans le salon, le cœur battant fort contre ma cage thoracique. La femme se lève du canapé, le visage illuminé par la joie. Elle m'étreint rapidement et me force à m'asseoir à ses côtés.

— Je suis vraiment ravie que tu aies demandé mon aide, déclare-t-elle gaiement. Tu paraissais très mystérieuse au téléphone, tu as attisé ma curiosité, jolie Maya. Raconte-moi tout. Tu veux une tasse de thé ? Café ? Estéban a fait un gâteau, tu veux une part ? Ça va peut-être t'aider à te détendre, tu m'as l'air toute tendue.

Elle est super cette dame. Fais-lui confiance, vas-y. Détruis tout ce que tu as créé. Puisque tu n'as aucun scrupule à le faire.

J'accepte tout ce qu'elle me propose, priant pour qu'elle ait raison. Je veux me détendre et pouvoir tout lui dire sans bégayer. Il faut qu'elle comprenne. Elle se lève de son canapé, quitte la pièce pour aller chercher du thé.

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