𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟑 | 𝐄𝐥𝐢𝐣𝐚𝐡

666 29 5
                                    




    Je me réveille en sursaut, essayant tant bien que mal de réguler ma respiration rebelle, mais je m'étouffe jusqu'à presque cracher mes poumons. La bouche pâteuse, je grimace en secouant la tête, une fine pellicule de sueur recouvre mon corps brulant en faisant coller les draps à ma peau. Je me bats avec la couverture qui refuse de libérer mes membres pantelants quand j'essaie de me lever, la chambre étant plongée dans l'obscurité totale. Avec précipitation, je rejoins le salon avant d'accourir vers le balcon. Un gout acide envahit ma cavité en même temps que la brise fraiche rencontre mon visage lorsque je me retrouve à l'extérieur.

    Encore ce putain de cauchemar.

    Il résume à merveille ma vie cauchemardesque.

    Je prends une grande bouffée d'air, le corps secoué par des spasmes, les flashbacks affluent dans ma tête. Des années que ce cauchemar s'autorise à perturber mon sommeil, des années qu'il me hante. Mon enfoiré de géniteur s'obstine à occuper mes pensées. Sans mon consentement, il s'est approprié mon esprit et en un claquement de doigts, il s'est mis à y loger comme si c'était son endroit favori.

    A l'époque, je n'étais qu'un gamin. Un foutu gosse qui refusait de se plier aux ordres qu'on lui donnait et qui préférait jouer les caïds. Et j'ignore si avoir désobéi à mon père était une bonne ou une mauvaise décision. Elle m'a ouvert les yeux sur sa véritable personnalité, car en réalité, je n'ai jamais vraiment su qui il était. Mais elle a également traumatisé mon cœur d'enfant, et elle torture mon âme adulte.

    Ma vie a toujours été merdique. De toute manière, la vie est un jeu merdique. Elle triche elle-même sans respecter ses propres règles qu'elle a instaurées, mais on s'y fait rapidement et on s'y habitue. Car chaque putain de jour de ma misérable existence, je mène des combats et m'obstine à vaincre mes ennemis. Je considère toute victoire comme un pas vers l'avant, un pas que j'effectue sur leur gueule de bâtard. Et tout cela sans franchise bien sûr. Sinon je ne me délecterais pas de l'échec des autres et n'y prendrais pas autant de plaisir. Et ce serait vraiment dommage.

    Mes clopes, j'ai besoin de mes clopes bordel.

    En quelques enjambées, je regagne ma chambre et récupère mon paquet de cigarettes ainsi que mon briquet sur ma table de chevet avant de retourner sur le balcon. Je m'accoude à la balustrade gelée qui me fait frissonner en coinçant un joint entre mes lèvres pour l'allumer, puis tire dessus en inhalant la nicotine.

    Ma vie est fichue, alors foutre en l'air mes poumons est le cadet de mes soucis. Ce n'est qu'un plus qui s'ajoute à ma situation.

    Je suis un homme perdu qui s'est égaré du droit chemin. Et putain, je ne cherche pas à le retrouver. Ce qui étonne le plus les autres, c'est le fait que j'assume totalement qui je suis. Dans ce monde, notre statut social et nos salaires comptent bien plus que nos principes et nos qualités. Les gens favorisent le contenu de vos poches plutôt que celui de votre cœur. Alors non, je n'ai pas honte de montrer à tous ces enfoirés qui ne vivent que pour le fric qui je suis véritablement.

    Un mec dont les pensées tournent constamment autour du réseau criminel le plus redouté d'Italie.

    Créer une organisation regroupant de nombreux hackeurs venant de tout le pays était sans aucun doute la meilleure décision que j'ai pu prendre. Et celle de démanteler les mafias l'est encore plus. Surtout si elle s'avère être celle d'Emile. Il l'ignore pour le moment, mais je serai la cause de sa perte. Je suis voué à semer des centaines de cadavres derrière mon passage, et si c'est l'unique solution pour l'atteindre, alors je persévérerai à faire couler le sang à flot.

    Le crépitement de ma clope et le seul à briser le silence profond si je fais abstraction des klaxons de voitures répétitifs un peu plus loin, au niveau du centre-ville. La nicotine pénètre pour la troisième fois dans mon corps, je souffle pour l'expulser en observant la fumée disparaitre dans l'obscurité, puis laisse mes yeux survoler le paysage plongé dans la pénombre.

    Encore une nuit où je suis privé de sommeil. Une nuit de plus que je vais passer sur ce balcon à contempler la ville endormie par le marchand de sable. Morphée ne veut définitivement pas de moi. Dès que le soleil voue sa place à la lune, il ouvre ses bras même aux plus hypocrites, mais pas à moi.

    Quelle injustice.

    Mais j'ai envie de dire, une de plus ou une de moins, ça ne changera pas grand-chose. La nuit elle même ne m'accorde pas quelques heures de repos.

    Je les emmerde tous.



__________________

𝐈𝐧𝐬𝐨𝐦𝐧𝐢𝐚𝐪𝐮𝐞 𝐬𝐮𝐫 𝐧𝐨𝐮𝐬 ?? 👀
𝐔𝐧 𝐜𝐚𝐮𝐜𝐡𝐞𝐦𝐚𝐫 𝐯𝐚𝐜𝐡𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐟𝐥𝐢𝐩𝐩𝐚𝐧𝐭 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐥𝐞 𝐜𝐨𝐮𝐩...

𝐍'𝐨𝐮𝐛𝐥𝐢𝐞𝐳 𝐩𝐚𝐬 𝐝𝐞 𝐯𝐨𝐭𝐞𝐫 𝐬𝐢 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐚𝐯𝐞𝐳 𝐚𝐢𝐦𝐞́ 𝐦𝐞𝐬 𝐬𝐭𝐚𝐫𝐬 !!

𝐋𝐈𝐀𝐑 𝐓𝟏 { en réécriture }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant