𝐒𝐚𝐛𝐚𝐡Me voilà assise devant Hanane, qui semble, je dois l'admettre, de mauvaise humeur aujourd'hui. Ses sourcils sont légèrement froncés, et son regard, d'ordinaire vif, semble aujourd'hui voilé par une irritation. Je devine facilement que mes cinq, ou plutôt quinze, minutes de retard ont joués sur son humeur déjà maussade.
Hanane est assise sur un tabouret en bois, qui, à en juger par son allure, pourrait bien dater de l'époque omeyyade. L'assise semble absolument pas confortable, et je peine à imaginer comment elle parvient à s'installer avec une telle aisance. La pièce est dépouillée de toute présence autre que la nôtre, accentuant ainsi le sentiment d'intimité forcée de cette leçon de calligraphie.
Je la regarde attentivement tandis qu'elle montre avec précision la formation des lettres en calligraphie. Son geste est sûr, mais il y a quelque chose dans sa façon de manipuler le calame qui trahit une certaine tension. En règle générale, j'apprécie énormement la calligraphie, c'est une activité que j'affectionne beaucoup. Mais, je ne peux m'empêcher de ressentir un pincement de regret en pensant à Tiziri, qui était autrefois ma professeure de calligraphie.
Ses cours étaient empreints d'une douceur et d'une patience qui rendaient l'apprentissage agréable. Depuis son retour dans son pays natal, Hanane a pris sa place, et bien que ses compétences en calligraphie soient indéniables, son approche est plus rigide, presque punitive. Je ne peux pas m'empêcher de comparer les deux enseignantes, regrettant silencieusement le départ de Tiziri et espérant secrètement qu'elle reviendra un jour pour reprendre les rênes de mes leçons de calligraphie.
— Sabah concentre toi !
Alors que je reporte mon attention sur le papier devant moi, où Hanane trace ses élégantes calligraphies, je m'efforce de reproduire avec précision l'exemple qu'elle vient de donner. Cependant, les critiques incessantes de la professeure, cinglantes et directes, me crispent et perturbent ma concentration déjà fragile.
Seigneur, je t'en supplie, fais en sorte que se cour se termine...
Soudainement, comme une mélodie familière dans un silence oppressant, une voix que je reconnais trop bien résonne dans la pièce. Chaque mot prononcé par cette voix fait vibrer une corde sensible en moi, réveillant des souvenirs enfouis et des émotions intenses. Mon cœur, jusque-là calme, s'emballe à son rythme familier, comme s'il reconnaissait instinctivement cette présence auditive qui lui est si chère.
Puis, dans un crescendo d'anticipation, la porte s'entrouvre sur trois silhouettes masculines. Leurs contours se dessinent dans l'encadrement de la porte, révélant une présence attendue et pourtant toujours surprenante. Mon cœur s'accélère à la vue de l'homme qui se tient au centre du trio, celui dont la simple apparition suffit à éveiller en moi un tourbillon d'émotions. À ses côtés, mon père, imposant et rassurant dans sa stature, apporte avec lui un sentiment de familiarité bienvenu dans ce moment chargé de tension.
VOUS LISEZ
𝐎𝐦𝐛𝐫𝐞 𝐝'𝐞́𝐭𝐞𝐫𝐧𝐢𝐭𝐞́
Roman d'amourDans le somptueux décor de l'Égypte médiévale, où les pyramides veillent silencieusement sur des secrets millénaires, une princesse royale, prisonnière de ses devoirs, et un artisan des carrières de pierre, simple mais fier, s'abandonnent à une pass...