Les Gens Heureux

Chapitre n°5

Chanson du chapitre n°5 : Alec Benjamin - Must Have Been The Wind.

Chapitre n°5 :

« Chocolat chaud ».

1er décembre 2023 – 9h20.

« Ça n'aurait pas dû me faire mal. Quoi qu'il arrive, je veux que mes souvenirs restent quelque chose qui me fasse sourire. Alors, je vous en prie, ne les transformez pas en quelque chose de douloureux ! ».

                                                                                                    Indigo, Sous le souffle d'un nouveau Printemps.

     Hantée par mes souvenirs, le silence s'installa entre Lek et moi. Ce dernier me regarda avec étonnement, surpris par mon mutisme soudain. Doucement, il entrouvrit les lèvres, comme s'il avait peur de me brusquer.

     -Excusez-moi, Merry, je me suis sûrement montré trop indiscret, me lança-t-il en cherchant mon regard, qu'il trouva.

     Mes yeux dans les siens, je ne pus m'empêcher de parler à mon tour.

     -Non, c'est moi qui devrais m'excuser, Lek, j'étais perdue dans mes pensées..., murmurai-je péniblement, avant d'hésiter à me lancer, ce que je fis finalement après un nouvel instant de silence. Ce collier...c'est quelqu'un de très important pour moi qui me l'a offert. Je ne saurai vous en dire plus sur sa provenance, vous m'en voyez désolée.

     Lek acquiesça sans rien ajouter de plus, comprenant visiblement que le sujet était compliqué pour moi. Malgré tout, il me regarda avec une compassion sincère et troublante. À l'intérieur de ses yeux bruns, j'eus la nette impression qu'il comprenait bien plus que cela. Qu'il me comprenait. Comme s'il connaissait tout de moi, comme s'il pouvait lire les lignes de ma détresse cachée au plus profond de mon âme. En cet instant, je sentis comme de fins filaments de lumière relier nos cœurs entre eux, si intensément que j'en eus le souffle coupé. Lek paraissait le ressentir également, ses pupilles se dilatant au fur et à mesure que sa respiration se faisait saccadée. Perplexe et quelque peu effrayée, je restai sur mes gardes tandis qu'il paraissait hésiter à me demander quelque chose. Finalement, il détacha son regard du mien, se refocalisa sur mon collier puis ouvrit la bouche.

     -Est-ce cette personne, celle qui vous a offert ce collier je veux dire, qui semble vous attrister autant... ? me demanda-t-il avec une voix emplie de bienveillance mais j'écarquillai les yeux, stupéfaite.

     -Pardon ? m'exclamai-je, sous l'effet de la stupeur.

     Lek parut immédiatement comprendre son erreur et passa une main nerveuse dans ses cheveux bruns. L'air terriblement désolé, il soupira.

     -Excusez-moi, je pensais que..., débuta-t-il mais je ne lui laissai pas le temps de finir.

     -Pensais quoi, Lek ? l'interrompis-je en me renfermant sur moi-même. Cela ne vous regarde en rien, nous ne nous connaissons même pas...

     Et pourtant, lorsque son regard s'était attardé sur le mien, mon être avait réagi comme si nous nous connaissions depuis toujours...Mes propos avaient claqué tel un fouet, arctiques. Ils semblèrent l'attrister, ses traits se durcirent et sa mâchoire se contracta. Dans le mutisme le plus complet, une bourrasque de vent glacée nous frappa et fit danser nos chevelures dans l'air. Lek soupira de plus belle, voyant que je préférais conserver le silence, et s'empara de l'une des caisses à ses pieds.

     -Vous avez raison, Merry, ça ne me regarde en rien, déclara-t-il d'un ton distant en soulevant une deuxième caisse. Je vous demande pardon, pour tout.