A toi, Heathcliff

Heathcliff

Lettre à Heatcliff.

Heathcliff,

je sais que tu ne peux pas m'entendre, tu n'es qu'un personnage, je sais que tu ne peux pas me comprendre car ton autrice est anglaise. Mais j'espère que par delà l'imaginaire mes mots sauront parvenir ma lettre à ta tombe. Sans vouloir te vexer, ce n'est pas moi qui est pris l'initiative de lire ton livre, ni de t'écrire une lettre d'ailleurs. C'est un travail d'école dont je me suis délesté, tout simplement. Je n'avais jamais entendu parler <<Des hauts de Hurlevent>> avant, et je n'en aurais jamais entendu parler très probablement, car les bijoux de littérature ont la fâcheuse habitude de disparaître avec le temps. Très souvent les anciens ouvrages d'anciens auteurs, complètement abandonnés par les générations récentes et dépoussiérés seulement pour le temps d'un chapitre du programme scolaire. Pour cette raison je pourrais faire mine de ne pas avoir aimé le livre, mais le mensonge ne me va très bien et en outre, <<Les Hauts De Hurlevent>> fait partie, à jamais, des bijoux de littérature dont je te parlais. J'ai adoré l'œuvre d'Emily Brontë n'en déplaise aux adeptes de livres d'aventure. Ça ne doit sûrement pas t'intéresser depuis l'au-delà pas vrai? Et là-bas y as-tu rejoins ta précieuse Catherine ? Je peux te l'avouer ? Je ne l'espère pas, j'ai prié de toutes mes forces que tu meurs à la fin du livre. Tu as vu ? C'était une question rhétorique, j'ai entendu ça à la radio. Tiens encore une autre. Rhétorique ou pas je n'attends pas de réponse à ma lettre hein. C'est pas comme si je vais rendre à la prof de français l'enveloppe et qu'elle me la rende avec ta réponse en provenance de la tête agitée de Emily Brontë. T'imagines la scène?

Après, il est vrai que j'ai une vision post-fin du livre de toi et, ainsi -je ne sais pas si je dois m'excuser à Hindley qui te déteste (comme tout le monde)- mais t'as été mon chouchou la plus grande partie du livre. J'ai admiré ta patience dans ton esclavage par Hindley, comment tu t'es raccroché à la seule chose qui te tenait à cœur : Catherine, alors que tout le monde te regardait avec mépris, surtout les petits Linton. Et forcément quand tu entends la confession de Catherine à Mrs Dean tu as le cœur et l'esprit, surtout l'esprit, en lambeaux. Je pense que c'était déjà là le début de ta folie. Par contre comme racontait Mrs Dean à Mr Lockwood, tu n'aurais jamais dû revenir à Hurlevent, tu as tout gâché. De ce fait au fur et à mesure que tu détruisais tout poussé par ta haine débordante - Ou alors était-ce juste une passion violente ?- je commençais à te détester et souhaiter ton trépas, et ton corps loin du cercueil de Catherine. Paradoxalement je commençais à aimer Edgar Linton que je détestais auparavant, oui peut être un peu couard, gâté, et faible d'esprit, mais j'ai l'impression qu'il a pris en maturité sur les dernières années de sa vie. Et son amour protecteur pour sa fille a fait que je me suis attaché à lui jusqu'au deuil silencieux mais déchirant durant et après la lecture. C'était le genre de personnages -j'ai trouvé- qui nous fait verser des larmes quasi muettes. Ça doit te rappeler la haine que tu as pour lui, celui qui t'a volé Catherine Earnshaw, mais bon tu l'as bien mérité. Ce qui me fait marrer c'est que tu n'as jamais eu de problèmes avec la justice alors que tu as plus ou moins laisser mourir ton fils, ce capricieux et détestable enfant gâté, mais ton fils quand même ! Mon côté rationnel aurait aimé que tu restes à Londres ou je ne sais où mais pas revenir sur le lieu de ton décès pour ne pas tout raviver. Ou alors te réconcilier avec tout le monde, mais la force du lien qui existe entre vous deux aurait quand même été dangereux, oui tu n'aurais pas dû revenir fils de bohème ! Malgré mon égoïste envie d'action. J'ai 12 ans, cela peut te paraître dérisoire certes, et mes conseils te passent par dessus la tête, mais je ne peux absolument pas concevoir de consacrer ma vie, ma santé mentale pour une personne et gâcher la vie de tous êtres vivants environnants. Mais Heathcliff, qui sait, peut être pourrais-je mourir pour la littérature ?

PS : Tu ne dois pas connaître mais la radio est une sorte de télé ;) ha ha

Alexis un de tes francs lecteurs.