Chapitre 50

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Quelques jours avant

Yoon Nara

Je suis dans une salle sombre, et même avec ma vue- qui merci à ce foutu virus ou je ne sais quoi- est meilleure que quelqu'un en bonne santé, je ne vois presque rien devant moi. La pièce est probablement vide et sans fenêtre pour être sûre que je ne puisse rien décerner.

Je suis affamée, comme d'habitude j'ai envie de dire.

Je suis enchaînée, et j'ai une armée de tube qui me passe dans les bras, mon estomac et mon cou. Charmant.

Dès que je suis rentrée dans la voiture, dès qu'on a quitté la gare, quelqu'un m'a étouffée par derrière sans que j'ai pu faire quoi que ce soit.

Si j'avais réussi à me débattre et à me défaire de ça, je suis sûre que j'aurais tuer la personne sur le champs.

Et puis je me suis réveillée ici. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis enfermée, ni ce qu'ils comptent faire avec moi.

Tout ce que je sais c'est que j'ai vraiment vraiment faim, et que si quelqu'un s'approche de trop près, il sera mon prochain repas à coup sûr.

Mon père, l'homme qui a contribué à ma naissance, n'est passé qu'une seule fois pour me dire que je retournerai bientôt au lycée. Comme si étudier était de nouveau ma priorité et que je n'étais pas en train de mourir à petit feu.

Mais c'est pas comme si le bien être de sa fille était important à ses yeux. Tout comme ma mère, je ne suis qu'un trophée à exhiber. Pour pouvoir montrer aux autres à quel point c'est un père formidable et que sa famille est une famille modèle.

Toute ma vie est une façade.

C'est triste en y pensant. Mais tellement drôle à la fois. Il est prêt à tout pour couvrir "mes écarts de conduite" comme il le dit, mais il n'est pas capable de me regarder dans les yeux maintenant qu'il a vu ce que je suis devenue.

La mort de maman ne semble rien lui faire. Comme s'il ne l'avait jamais aimé. Je ne peux même pas dire si l'a aimé un jour.

Mais j'ose espérer que sa maîtresse, vit avec un homme qui n'a rien à voir avec celui que je connais. 

Un grincement de porte attire mon attention. Un médecin, un chercheur ou je ne sais pas qui, entre avec une seringue à la main. Par réflexe je recule. Je ne peux rien faire de plus. Je suis attaché comme un animal.

Il porte une combinaison blanche et des gants tellement épais que je ne peux probablement pas le mordre.

Je me débats autant que je peux, et lui donne un coup de tête lorsqu'il essaie de me piquer le bras.

Il trébuche sur la perfusion avant de se la prendre et de la faire tomber avec elle. Il grogne de douleur et se relève avant de reculer.

"N'essayez même pas de me toucher." Il s'effraie un peu, et je peux comprendre pourquoi.

A force de ne pas manger, mes yeux ont gonflé, et mes veines se sont assombries. La lumière m'aveugle, mais je vois juste assez pour identifier la personne qui est restée depuis tout ce temps contre la porte. Papa.

Il m'observe sans rien dire, les bras croisés.

"Tu vas arrêter ton cinéma ?" Son ton est glacial. "Parce que tu crois que ce que tu me fais subir c'est agréable ?" Comme seule réponse j'obtiens un regard plein de reproches.

Le médecin ou chercheur, enfin bref, celui qui s'est pris la perfusion recule avant de se mettre à le autre bout de la pièce, le plus loin possible de moi.

"Je n'aime pas la façon dont tu t'adresses à moi, Nara. Ce n'est pas comme ça que je t'ai éduqué." Il est impassible, et quelque part j'ai envie de pleurer.

Me voir dans cet état ne lui inspire rien ? Pas même de la tristesse ?

Je baisse ma tête. Peut-être que si je ne le vois plus, il finira par disparaître. Ma tête se fait brutalement tirée en arrière et je me retrouve face à son visage.

"Je te trouve bien muette pour une fille qui a tué sa mère." J'essaie de ne pas pleurer. Je suis plus forte que ça. Je me contente de le fixer, mon visage crispé pour qu'aucune larme ne puisse sortir.

"Tu vas ouvrir grand tes oreilles, Nara et tu vas m'écouter. Si tu ne veux pas que je te tue sur le champs, tu vas faire exactement ce que je vais te dire." Je secoue la tête.

"Tu peux toujours courir. Jamais je ferais ce que tu me diras. Tu me retiens ici, à moitié en train de mourir, prête à devenir un de ces monstres et en plus tu veux que je fasse ce que tu veux ?" Je rassemble mes dernières forces pour lui hurler dessus.

Il tire mes cheveux plus fort en arrière. "Si tu ne veux pas finir avec une balle entre tes deux yeux, t'as intérêt à faire ce que je te dis."

Je ne démords pas. Il ne faut pas. "Tire alors. Tue moi. Bonne chance pour cacher ça à la presse." Il balance ma tête en arrière et je ne prends le mur derrière. Un grognement m'échappe.

"Et si je m'en prenais à ce garçon. Lee Heeseung, pas vrai ?" Je palis mais ne dis rien.

"Tu veux qu'il meurt parce que tu n'as pas voulu coopérer ?" Un sourire mauvais grandit sur son visage.

"Heeseung n'a rien à voir là-dedans." Je fronce les sourcils. Et il fait plusieurs aller-retour entre la porte et moi.

"Bien au contraire. Il a tout à voir, ce garçon est ma clé pour te garder sur le droit chemin." Je ne réponds rien.

"J'ai appris que ses parents tenaient une boulangerie, pas vrai ? Et que tu l'as aidé à retrouver ses parents." Il desserre un peu sa cravate tandis que je le fixe surprise.

"Comment est-ce que tu es au courant de ça ?" Il me regarde de haut tout en ricanant. "Rien de m'échappe, Nara. Rien ne m'a jamais échappé, encore moins lorsqu'il s'agit de ta vie."

Je déglutis. "Je peux lui promettre un bel avenir, dans la recherche qui plus es. Il pourra aider ses parents à avoir une vie plus confortable, et vivre une vie plus que convenable." Sa voix pleine d'assurance, sa posture d'homme au dessus de tout.

Tout m'énerve.

"Il a du potentiel. Ses résultats scolaires sont bien mieux que les tiens, il est délégué de classe, fait parti de plusieurs club et fait du bénévolat." Ses yeux ne lâchent pas les miens.

"C'était avant l'épidémie." Je réponds sèchement. "Et donc ? Il est en train d'aider à réhabiliter le lycée, qu'est-ce que tu fais toi ? Rien."

"Parce que je suis coincée ici enchaînée comme une esclave sans avoir ni à boire ni à manger !" Ma tête valse sur le côté.

"Tu vas voir, tu finiras par accepter. Tu n'as pas le choix de toute manière."

Deadly embrace [L.HS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant