Alors que je m'approche du lieu de rencontre habituel avec mon dealer, je ressens ce mélange familier d'anticipation et d'anxiété. Mon esprit tourne déjà autour de l'idée de ma prochaine dose, comme une habitude qui m'a piégé dans une routine malsaine. Mais lorsque j'arrive sur place, un frisson d'appréhension me traverse : mon dealer n'est pas encore là.
À sa place, un type avec les cheveux blond décoloré attachés en queue de cheval est assis sur le banc. Ses yeux me scrutent avec une curiosité qui me met mal à l'aise, comme s'il sait quelque chose que je ne sais pas. Je me demande s'il est là pour affaires ou simplement en train de passer le temps, mais une partie de moi espère qu'il est là pour la même raison que moi. Je m'approche avec prudence, ignorant les signaux d'alarme dans ma tête qui me disent de partir.
Je m'approche de lui, la tension palpable dans l'air alors que je cherche des réponses. Ma voix tremble légèrement quand je lui demande s'il attend également Moussa.
"Salut, est-ce que tu attends Moussa aussi ?"
Son regard se durcit un instant avant qu'un rictus ne déforme ses lèvres.
"Moussa? Non, j'connais pas de Moussa," répond-il d'un ton sec.
Un frisson de méfiance parcourt mon échine alors que je réalise qu'il n'est pas là pour les mêmes raisons que moi. Sans un mot de plus, je fais demi-tour, décidé à m'éloigner et à attendre mon dealer ailleurs.
"Ok, merci quand même," dis-je rapidement avant de me détourner.
Je sens sa main attraper mon bras, son geste n'a rien de violent ou d'agressif, mais mon instinct de survie se met en alerte. Je retire rapidement mon bras de son emprise, consciente du fait qu'un homme est un homme, et moi je suis une femme seule à deux heures du matin dans une ruelle sombre.
"Qu'est-ce que tu veux ?" lui demandai-je d'une voix un peu plus ferme.
"Il te faut de la cam ?" me demande-t-il.
"Hein ?" fis-je en jouant l'innocente.
"Arrête de faire la meuf qui comprend pas, je sais très bien ce que t'es venue faire ici. C'est pas vraiment l'endroit le plus discret," me dit-il d'un ton cynique.
"Va te faire foutre," lui répondis-je, tentant de garder ma contenance.
Mais il se lève du banc et s'approche de moi, nous voilà proches, très proches, et je peux observer son visage. Je ne peux nier qu'il est putain de beau garçon.
"Je te file un kilo, mais tu dois faire un truc pour moi," dit-il très sérieusement.
Un kilo. Le poids de cette proposition semble écrasant, une montagne de tentation qui menace de m'engloutir. Je me sens pris au piège, englué dans cette spirale infernale qu'est mon addiction. Chaque fois que j'essaie de m'éloigner, chaque fois que je pense en avoir fini avec ça, le désir revient, insidieux, implacable. Et maintenant, cet inconnu me tend cette offre alléchante, comme s'il lisait dans mes pensées les plus sombres.
Je lutte contre un mélange de désespoir et de désir. D'un côté, je sais que je devrais refuser, que céder à cette tentation ne fera qu'aggraver mon problème, m'enfoncer encore plus profondément dans cette obscurité. Mais de l'autre côté, il y a cette voix dans ma tête qui me dit que je mérite un peu de répit, un peu de bonheur, même si c'est éphémère.
Je déteste cette faiblesse en moi, cette dépendance qui me consume. Mais quand la douleur du manque se fait sentir, quand chaque fibre de mon être crie pour une bouffée de soulagement, il est si difficile de résister.
"Chez moi ou chez toi ?" ma voix tremble légèrement, trahissant à la fois mon désir et ma peur.
Lorsque je lui dis ça droit dans les yeux, je vois une lueur étrange traverser ses pupilles. Une lueur de peine, de tristesse ? Il passe une main sur son visage.
"J'ai l'air d'être un gros daleux ?" dit-il sèchement.
"Qu'est-ce que j'en sais, hein ?" lui répondis-je sur la défensive. "Tu veux quoi en échange alors ?"
"Viens on bouge," dit-il abruptement, brisant le moment de tension. "Ton dealer va se ramener."
J'hoche la tête et le suis, nous marchons côte à côte jusqu'à je ne sais où, je pense qu'il ne suit pas d'itinéraire en particulier.
"Antoine," me dit-il soudainement.
Je relève la tête, ne comprenant pas.
"J'm'appelle Antoine," répète-t-il.
"Sarah," lui dis-je en retour, une lueur d'humanité éclairant brièvement notre échange.
"Jsuis de la BAC," me dit-il, son regard sérieux contrastant étrangement avec son apparence décontractée.
À l'entente de ça, je ne peux m'empêcher d'exploser de rire. Nan mais sérieux ? Le mec est en Lacoste TN posé sur un banc dans une cité et il me sort qu'il fait partie de la BAC.
"J'rigole pas," insiste-t-il, sa voix perdant un peu de sa fermeté.
J'arrête de rire pour le regarder, curieuse de voir où il veut en venir.
"On cherche des infos pour faire tomber le réseau des Oliviers, et quoi de mieux qu'une go qui y habite et qui se cam," explique-t-il, son regard plongeant dans le mien avec une intensité qui me met mal à l'aise.
"T'es un grand malade, tu crois que j'vais poucave au risque de me faire buter," lui dis-je, tentant de garder une attitude ferme malgré mon malaise croissant.
"T'étais prête à baisser ta culotte pour ta cam, donc balancer deux trois infos ça va pas te tuer," rétorque-t-il, son ton se durcissant légèrement.
"Jsuis pas une salope donc j'te le dis, tu vas te calmer direct," lui dis-je, sentant la colère monter en moi face à son arrogance.
"Chez moi ou chez toi ?" répète-t-il en souriant, son sourire maintenant teinté d'une arrogance agaçante.
Je ne peux plus me retenir. Ma main part toute seule et je lui envoie une gifle retentissante en plein visage.
Il place une main sur sa joue endolorie, et pendant un instant, je peux voir une lueur de surprise dans ses yeux. Mais rapidement, cette surprise se transforme en quelque chose de plus proche de l'admiration que de la colère.
"Eh bah putain," dit-il, sa voix teintée d'une sorte de respect inattendu, "t'en a une bonne."
Moi qui pensais qu'il serait super énervé ou qu'il me remettrait une, au contraire, le gars a l'air tout sauf énervé. Son attitude me déstabilise, je ne sais pas à quoi m'attendre. Y a-t-il une stratégie derrière son calme, ou est-il juste indifférent ?
"Alors t'es partante ?" me demande-t-il, son regard toujours fixé sur moi, cherchant une réponse dans mes yeux.
Je sens mon cœur battre la chamade, les pensées tourbillonnant dans ma tête. Est-ce que je devrais juste partir, l'ignorer et trouver mon dealer ailleurs ? Mais il y a ce petit frisson d'excitation, ce sentiment d'être au bord de quelque chose de plus grand, même si je sais que c'est dangereux.
Je le fixe en retour, mon regard oscillant entre la peur et la curiosité.
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CHEMIN VERS LA RÉSILIENCE // BAC NORD
Fiksi PenggemarLes traumatismes, tels des tourments insurmontables, nous entraînent dans les abysses de l'âme, nous plongeant dans des abîmes de douleur et de désespoir. Mais au sein de cette chute vertigineuse, des rencontres inattendues se révèlent être des pha...