Chapitre 10 - Hëna

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Hëna me faisait face. Prête à me tuer. Elle avait toujours su, et elle avait tout prévu. Ma mort. Comme si j'allais me laisser faire et m'offrir à elle. Je n'étais pas du genre à me laisser vaincre si facilement. Elle me fixait, un regard puissant planté sur moi, et un sourire de psychopathe sur les lèvres.

— Amélia, d'abord ? Puis Pandore ? Pourquoi ? me hurla-t-elle.

Elle était loin, et si je le pouvais je l'aurais enflammée et tuée en une seconde, j'essayais de le faire, mais quelque chose empêchait ma magie de fonctionner. Elle parvenait à s'en protéger. Cependant, je le voyais, elle ne tiendrait pas ainsi très longtemps. Son visage était crispé et je sentais son cœur battre à mille à l'heure. Elle se mettait en danger toute seule. Alors dans un sourire amusé et ironique, je voulus gagner du temps en prenant soin de lui répondre :

— Eh bien, en torturant, je gagne leur magie pour plusieurs jours ou semaines, en les tuant, je récupère pour toujours leur magie. N'est-ce pas un pur bonheur ? Et puis voir le chaos dans votre misérable école est ce qui m'amuse le plus.

En prononçant ces mots, j'utilisai la télékinésie de leur ridicule Pandore, faisant s'envoler des branches et pierres autour d'elle, tentant de l'atteindre, mais sa bulle de protection l'empêcha d'être touchée. Elle ne bougea pas d'un millimètre.

— Pourquoi avoir épargné Xan et Lucille ? cracha-t-elle.

— Parce que j'espérais que vous viendriez les sauver, bande d'incompétents. J'espérais que vos professeurs viennent. Ainsi, en les contrôlant eux, j'aurais pu contrôler chacun d'entre vous.

— C'est donc nous les incompétents ? Alors que nous te les avons repris sous tes yeux et que tu n'as rien pu faire, lança-t-elle en éclatant de rire.

Je l'observai, complètement impassible face à tous les objets qui voletaient autour d'elle, ses cheveux rouges dans le vent, et le sourire aux lèvres. Quand je fis s'enflammer le sol à ses pieds, rien ne l'atteint non plus, aucune magie ne pouvait transpercer son sort. Voir sa facilité à manier sa protection me désarma, elle montrait plus de force que je m'y attendais. J'aurais dû, moi aussi, me concentrer sur la magie de protection en plus de la magie noire... Elle me demanda qui j'étais, je m'efforçai de récupérer mon assurance pour ne rien laisser paraître.

— Je suis le futur maître du monde.

Elle éclata de rire, et je me concentrais pour trouver suffisamment de magie en moi pour désamorcer son sort de protection.

— Ça ne risque pas, car je vais te tuer avant.

— Tu n'y arriveras pas, tu n'es qu'une étudiante !

Elle acquiesça lentement, avançant vers moi, toujours sereine, dans sa bulle qui éloignait mes rafales. Elle fit apparaitre une flamme sur mes mains, mais je l'éteignis en un instant avec son propre pouvoir, ne lui laissant pas le temps de me blesser. Dans un sourire sadique je l'insultais, mais elle continua d'avancer.

— Un mot de travers et tu n'as plus aucun pouvoir, je peux t'achever en un clin d'œil, murmura-t-elle devant moi à présent. Et tu ne peux même pas me toucher. Je suis invincible. Maintenant réponds-moi. Qui es-tu ?

Je reculai d'un pas, mais elle continua d'avancer, menaçante. Je ne m'attendais absolument pas à cela, mais elle me prouva une force étonnante.

— Retire ton masque, m'ordonna-t-elle.

Elle enflamma le haut de mon crâne, et en éteignant mentalement ce feu d'une facilité qui me rassurait, je retirai ma cagoule. Elle ne me connaissait pas, personne ne me connaissait. Mon visage ne lui donnait aucun indice sur ma personne.

— Personne ne me connaît encore, j'ai toujours agi dans l'ombre.

— Et tu mourras dans l'ombre.

Brusquement, je fus pris d'une convulsion, et un cri perçant s'échappa de moi, lorsque je sentis mon estomac brûler. Je me pliai en deux et tentai d'utiliser son pouvoir pour mettre fin à cette torture, mais ma concentration était devenue trop faible. La chaleur était intense, et remontait jusqu'à mon cerveau, je hurlai :

— Stop ! Stop ! Arrête ça.

Elle lâcha tout, arrêta, et me regarda avec un air faussement intrigué :

— Bah... Que se passe-t-il ? elle marqua un temps, puis reprit. Oh, tu veux savoir ce que j'ai ressenti en voyant Pandore morte sous mes yeux ? C'est mignon cette curiosité...

Soudain je senti mon cœur s'enflammer, la chaleur était dévorante et ma respiration laborieuse, j'étais au seuil de l'évanouissement. Je hurlais à la mort, mais rien ne faisait cesser cette torture. M'effondrant au sol, j'entendais sa voix si lointaine, son rire aux éclats. Elle fit cesser un instant cette douleur, et je pus retrouver de l'air.

— Mais quelle empathie ! Ça me fait plaisir d'être un minimum comprise, ajouta-t-elle avec un sourire. Tu en as assez ? C'est déjà trop ? Je n'ai même pas commencé.

Je l'observais, ratatiné contre le sol, suppliant du regard qu'elle arrête. Je ne pouvais même plus parler ni penser correctement, mais je priais qu'elle me laisse en vie et cesse cette horreur. Elle avait pris le dessus sur moi d'une manière si facile que j'en avais honte.

— Tu es faible, murmura-t-elle en s'agenouillant devant moi, prenant mon menton entre ses doigts. Comme c'est adorable, presque attachant. Et si simple, j'aurais dû faire cela depuis le tout début...

Je remarquai qu'elle avait lâché sa bulle de protection. Je ne pouvais utiliser aucun pouvoir pour me défendre, l'esprit trop endommagé par ses violences, mais je parvins à attraper le couteau que je cachais dans ma chaussure. Le contact me rassura en un instant. Je pouvais mettre fin à cette torture, je pouvais la tuer avant qu'elle ne me prenne la vie. Je simulai immédiatement une chute sur elle pour lui enfoncer la lame profondément dans son cœur, ou ses côtes, j'étais incapable de vraiment savoir... Elle poussa un cri perçant et recula, donnant un coup de pied dans mon ventre pour me repousser, pendant que je luttais pour rester en vie.

Soudain, elle reprit sa torture, dans mon cerveau cette fois, puis dans tout mon corps. Elle me brûla entier, et la douleur terrible s'épanouissait partout. Je me sentais partir et regrettai toute ma vie. Le monde se mit à tourner, je n'avais plus aucune capacité cognitive, et tout devint noir. Il n'y avait plus rien.

Sous le murmure des ombresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant