Les lumières de la ville défilaient derrière la vitre en un kaléidoscope de couleurs alors que le regard de Keira se perdait dans le vide. Le crachat de la radio du taxi n'était qu'un bourdonnement sourd à ses oreilles, accompagné du vrombissement du moteur. A ses côtés avait été jeté un sac de sport, à moitié fermé dans la précipitation.
– ...ame ? Madame ! L'interpella-t-on de plus en plus fortement.
Keira sursauta et ses yeux écarquillés croisèrent le regard interloqué du chauffeur.
– Oui ? Croassa-t-elle.
– Votre téléphone.
– Mon téléphone ? Répéta-t-elle avant de se tourner vers son sac.
Ses paupières papillonnèrent alors que les sensations lui revenaient peu à peu. La sonnerie de son téléphone lui parvint enfin et ouvrant son sac, elle le prit en main. Le nom « Wilhelm » s'afficha et sa poitrine tressauta. Oh...
La gorge soudain nouée, Keira s'efforça de déglutir et après une bonne respiration, elle déclina l'appel. Je ne peux pas. Pas maintenant. Elle l'éteignit et l'enfouit dans son sac quand elle s'en aperçu enfin. Un anneau, serti de diamants et surmonté d'un saphir d'un bleu familier, encerclait innocemment son annulaire. Son cœur loupa un battement avant de repartir de plus belle, tambourinant dans sa poitrine. Une bouffée de chaleur lui fit rougir les joues alors qu'un frisson remonta le long de son épiderme. Je crois que je vais être malade.
Le cœur au bord des lèvres, Keira réprima sa nausée et les mains tremblantes, s'empressa de le retirer. Le bijou entre les doigts, une seconde passa et elle songea à le jeter par la fenêtre. Tel une boîte noire, il emporterait avec lui cette journée et alors, c'est comme si elle n'avait jamais eu lieu. Mais à peine s'était-elle décidée que le remord l'envahit. Il s'enroula autour de son estomac avant de se frayer un chemin dans sa poitrine pour finir par déverser son venin dans son cœur. Alors, pinçant ses lèvres, elle glissa la bague dans son sac et tira la fermeture-éclaire une fois pour toute.
Le reste du trajet défila devant ses yeux, lent et rapide à la fois. Elle reprenait à peine ses esprits que déjà, le taxi s'arrêtait. Elle paya le chauffeur et celui-ci ne put s'empêcher de jeter un coup d'œil perplexe dans son rétroviseur alors qu'elle sortait du véhicule. Peut-être se demandait-il pourquoi cette jeune femme, vêtue d'une élégante robe de soirée, semblait fuir comme si elle avait le diable à ses trousses.
Keira le salua et, lanière sur l'épaule, pénétra dans l'aéroport. A l'intérieur, elle se mit aussitôt en quête des toilettes. Elle poussa la première porte d'une cabine et le verrou tiré, troqua sa tenue de soirée pour des habits plus confortables. Quand elle eût fini, elle s'arrêta à un lavabo et se sentant toujours nauséeuse, elle se passa vigoureusement de l'eau sur le visage. Enfin, elle releva la tête.
Devant elle se tenait une jeune femme dans la vingtaine, de l'eau ruisselant le long de sa mâchoire, les quelques mèches s'étant échappées de sa coiffure lui collant au visage et puis, au centre, un regard d'un bleu intense, presque électrique. Elle souffla, agacée, et entreprit de remettre de l'ordre dans ses cheveux, les nouant négligemment à la base de sa nuque. Ressaisis-toi, bon sang !
Perdue dans son reflet, elle sursauta lorsque la porte des toilettes fut soudainement poussée par une femme tenant son nouveau-né dans les bras, le visage rendu vermillon par ses pleurs. Leur regard se croisèrent brièvement dans le miroir et Keira s'empressa de s'éponger le visage. Elle vissa précipitamment une casquette sur son crâne et vérifia que celle-ci couvrait bien une bonne partie de son visage avant d'empoigner son sac et de sortir.
VOUS LISEZ
Sous l'emprise d'un criminel
RomanceDes histoires de mauvais garçons et de petites filles gâtées, vous en avez déjà lu des centaines. Mais Daniel Kang n'est pas un simple mauvais garçon, et Keira Maxwell n'est pas qu'une enfant gâtée. Lui, un criminel au passé trouble, est aussi dange...