Tant que tu vis - Tome 2

Chapitre 4 : Le passé est futur

Rogue baissa sa baguette, l'air grave et soucieux. Hermione se sentit encore plus affaiblie suite à l'assaut du professeur Rogue dans ses souvenirs encore trop récents dans sa mémoire. Elle ne put empêcher ce sentiment de culpabilité de l'envahir à nouveau, celui-là-même qui accaparait ce qu'il lui restait de force pour obtenir la confiance de Rogue.

Ce dernier, justement, la fixait sans rien dire. Il remarqua qu'elle semblait abattue, vidée de ses forces mais il n'en avait que faire. Il bouillonnait de rage contre cette insupportable Miss "Je sais tout" qui venait de tout foutre en l'air.

- COMMENT AVEZ-VOUS PU FAIRE UNE CHOSE PAREILLE ! hurla-t-il soudainement.

Hermione se sentit glisser de sa chaise. Elle avait envie de disparaître sous le bureau. La honte l'envahit de plus en plus, la faisant rougir.

- PAR MERLIN, JE VOUS CROYAIS PLUS INTELLIGENTE QUE CA !

Malgré la gravité des circonstances, Hermione parvint tout de même à relever le fait qu'il venait, pour la toute première fois, de lui faire un compliment. Elle aurait seulement aimé qu'il le fasse dans d'autres circonstances.

Soudain, elle sentit une main se serrer autour de son bras, l'obligeant ainsi à quitter sa chaise sur laquelle elle se sentait plus en sécurité que debout. Cette même main la colla au torse de son professeur. Jamais elle n'avait été si proche d'un de ses professeurs, encore moins de lui. Elle sentit son souffle heurter la sensibilité de ses lèvres. Hermione sentit son corps trembler sous la colère de l'homme qui la maintenait fermement. Il affichait un air si menaçant, si effrayant qu'elle ressentit son estomac se serrer. Elle n'avait plus rien avalé depuis plus de vingt-quatre heures mais elle avait envie de vomir le peu qu'il devait lui rester.

Ses yeux étaient aussi noirs que le plumage des corbeaux et Hermione s'imagina un instant qu'ils pourraient la pétrifier s'il le souhaitait.

- De quel droit, au nom de quoi, vous êtes-vous permis de modifier le cours du temps ? Vous venez de tous nous mettre en danger comme personne ne l'avait jamais fait, reprit-il d'un ton plus calme mais plus inquiétant encore.

- Je ne pensais pas que tout cela allait prendre des proportions si...

- VOUS NE PENSIEZ PAS ? Dites plutôt que vous aviez perdu votre cerveau durant cette bataille !

Hermione baissa les yeux en signe de déception. Elle était tellement honteuse, déçue de ce qu'elle avait fait. Cela ne lui ressemblait pas et pourtant, elle l'avait fait pour lui, pour lui sauver la vie, pour qu'il ait cette chance qu'il n'eût pas pu avoir.

- Vous pouvez être fière de vous, Granger, vous avez réussi à me maintenir en vie le temps que cette bataille arrive... une seconde fois, dit-il en lâchant la jeune femme.

- Je voulais seulement réparer une injustice de trop.

Rogue, qui venait tout juste de lâcher la jeune femme et qui s'apprêtait à reprendre sa place, fit volte-face et l'empoigna à nouveau jusqu'à la coller contre le mur glacé derrière elle.

- MA VIE N'AVAIT AUCUNE IMPORTANCE FACE À LA MENACE QUI PLANAIT SUR NOUS ET QUI PLANE ENCORE ! hurla-t-il de fureur.

Ils se regardèrent un instant sans rien dire. Hermione sentit des larmes lui monter mais elle refusa de les montrer devant lui. Elle fit tout ce qu'elle put pour les ravaler.

- Bon sang, Granger, je vous déteste et je vous ai mené la vie dure durant toutes ces années où j'ai été votre professeur. Je me suis même ouvertement moqué de vous devant tout le monde. Je déteste tout ce que vous représentez. Vous vous contentez d'apprendre dans des livres et de reproduire ce que vous avez lu. Vous attirez l'attention de tous sur vos compétences mais la vie ne se résume pas à de la théorie. Il ne suffit pas d'utiliser une potion qui soigne la plupart des venins et de revenir dans le passé pour sauver un maître des potions.