Tant que tu vis - Tome 2

Chapitre 33 : La clé du cœur

- Lily est morte et elle en aimait un autre.

Rogue arrêta sa plume qui griffonnait son nom en bas de tout un tas de parchemins et leva les yeux, étonnés, vers l'auteur de ces paroles dites avec tant de cruauté.

- Si vous étiez vivant, je vous tuerais sur le champ, dit-il sombrement, mais comme c'est chose faite, je ne peux malheureusement plus réitérer mon geste.

L'homme dans le portrait, nullement impacté par ces menaces de mort, le regardait avec un air plein de malices derrière ses lunettes en demi-lune. Cela faisait déjà dix bonnes minutes qu'il observait Rogue en train de s'afférer à remplir le plus rapidement possible les documents afin de partir au plus vite de ce bureau. Il lui avait fait comprendre, lors de sa dernière visite, qu'il n'aimait pas rester ici.

- Miss Granger, en revanche, semble éprouver quelque chose pour toi... et elle est toujours en vie.

Rogue avait repris le travail. Il redoutait cette conversation mais il comprit qu'il n'y échapperait pas.

- Certainement, répondit-il sans cesser ce qu'il était en train de faire, de la tristesse et probablement de la colère aussi.

Une fois encore, le portrait de l'ancien directeur eut une sorte de rictus audible qui rappela celui d'une certaine Dolores Ombrage. Rogue leva à nouveau le regard vers le portrait.

- Et de l'amour, Severus, et de l'amour.

- Comment êtes-vous au courant ?

- Tout ce qui est secret à Poudlard finit un jour ou l'autre par se savoir, dit-il dans un rictus.

- Et que savez-vous exactement ? demanda-t-il soupçonneux.

- Juste ce qu'il faut.

Rogue se pinça l'arête du nez et soupira d'exaspération.

- Et plus précisément ?

- Qu'il s'agit d'une Miss Granger du futur et non celle que nous connaissons actuellement. Une Hermione qui semble t'affectionner tout particulièrement et dont tu devrais prendre le temps d'écouter.

- Je n'ai pas besoin de conseils venant d'un vieux gâteux dans son portrait. Vous êtes mort, je vous ai tué, fin de l'histoire.

Il se pencha de nouveau sur ses documents et le bruit de la plume qui grattait le parchemin résonna une fois de plus dans le bureau.

- Tout comme Lily.

- CELA SUFFIT ! dit-il en se levant. VOUS ALLEZ ARRÊTER CE PETIT JEU AVEC MOI. JE NE VOUS AI RIEN DEMANDÉ ET VOUS NE SAVEZ RIEN.

- Oh, j'en sais bien plus que tu ne le penses, Severus. Je sais, par exemple, que Miss Granger est tombée amoureuse de la personne la plus détestable que je connaisse mais aussi de la plus dévouée. Elle a compris qui tu étais, ce que personne n'a jamais réussi, pas même ta très chère Lily.

- ARRÊTEZ CELA, TOUT DE SUITE !

- Et toi tu ressens aussi quelque chose pour elle mais tu refuses de l'admettre, tu refuses de penser que ton cœur puisse s'ouvrir à une autre personne.

- Arrêtez ! dit-il entre les dents.

Rogue se leva d'un bond, empila tous les parchemins qui traînaient et contourna le bureau.

- Tu as le droit, toi aussi, à une part de bonheur.

- Parce que vous croyez que Lily était heureuse lorsque le Seigneur des Ténèbres est venu la tuer parce que je lui ai donné la prophétie ?

Il passa devant le tableau sans un regard pour lui, honteux de ce qu'il avait fait et des conséquences que cela avait eu.

- Cela s'est passé il y a dix-sept ans, Severus, elle a eu sa part de bonheur lorsqu'elle était avec James Potter et celui qui les a réellement trahis c'est Pettigrow, pas toi.