Tant que tu vis - Tome 2

Chapitre 40 : La fuite

Sa nuit fut l'une des plus reposantes qu'elle n'ait jamais connue. Elle avait dormi d'une traite dans des draps de soie noire parfumés d'un subtil mélange boisé et mentholé.

Aucun cauchemar n'était venu la tirailler et ce n'est que lorsque Tinky entra dans la pièce qu'elle se réveilla. Cette dernière s'était confondue en excuses, ne s'attendant pas à trouver quelqu'un dans le lit à cette heure-ci. Il est vrai que le professeur Rogue était du genre à se lever très tôt. Ce dernier avait dormi dans le canapé, à sa place, et elle trouva ce geste affectueux, ce qui était exceptionnel venant de lui.

Vêtue de sa robe de nuit, Hermione sortit de son lit et prit un instant pour coiffer sa tignasse qui lui donnait du fil à retordre avant de se glisser dans le couloir qui menait au salon. Lorsqu'elle poussa la porte, elle découvrit sur la table un florilège de nourritures lui indiquant ainsi que le petit-déjeuner était servi mais ce qui la frappa le plus, c'était la présence de deux assiettes encore vides.

Rogue était assis dans un fauteuil, dos à elle, tenant un livre entre les mains qu'il portait à hauteur de son visage.

- Je me demandais quand vous alliez me faire l'honneur de votre présence.

Elle se positionna juste derrière lui. Ce dernier ne bougea pas. Il était assis devant le feu et malgré qu'elle ait pris du temps à se lever, il devait encore être très tôt et le château tout entier devait probablement encore dormir.

Elle lui était reconnaissante de s'être occupée d'elle de la sorte. Jamais Severus Rogue n'aurait prêté son lit à quelqu'un, encore moins à une Gryffondor et encore moins à elle. Quelque chose avait changé en lui, elle en était certaine.

Elle posa ses mains sur chacune de ses épaules et elle le sentit se raidir à ce contact. Elle savait qu'il ne réagirait pas positivement mais elle avait très envie de le remercier en l'aidant à se sentir mieux. Il essaya de se lever brusquement mais Hermione l'en empêcha en appuyant sur ses épaules.

- Laissez-vous faire, lui dit-elle d'une voix apaisante.

Cette fois, il ne tenta plus de se lever et ne la repoussa pas alors de ses doigts, elle entama un massage de ses épaules et du haut de son dos.

- À quoi jouez-vous, Granger ?

- Avec ce qui pèse sur vos épaules, vous êtes certainement tendu et j'aimerais vous remercier pour ce que vous avez fait pour moi hier soir mais je ne pense pas que vous soyez le genre d'homme à recevoir des chocolats et encore moins des fleurs.

- Me remercier de vous avoir maltraitée ?

- Ne vous moquez pas, vous savez très bien de quoi je parle. Je ne savais pas que le grand et terrifiant Severus Rogue pouvait avoir un certain... sens de l'humour.

- Vous êtes bien la seule à le comprendre.

Ces mots avaient quelque chose de profondément mélancolique ce qui attrista Hermione. Il ne dit plus rien durant les quelques secondes qui suivirent. Elle ne voyait pas son visage mais pour sa plus grande joie, elle le sentit se détendre un peu. Ses muscles se relâchaient petit à petit. Avait-il seulement déjà connu ça ? Lui, qui était peu friand des contacts humains, ne devait probablement jamais avoir eu quelqu'un dans son existence qui se soit occupé de lui de la sorte.

Tout à coup, il se racla la gorge et elle sentit tous ses muscles se crisper à nouveau. Il se leva ensuite d'un bond.

- À table, dit-il froidement.

Hermione sentit la déception l'envahir mais elle décida de se raccrocher à ces quelques secondes durant lesquelles il s'était détendu, certaine qu'il avait dû apprécier mais beaucoup trop fier pour oser l'avouer.