Ai hod yu in

24. L'ivresse des sentiments

"La prochaine tournée, c'est moi qui la paye !"

Clarke Griffin lève son verre de vodka vers ses camarades de beuverie avant d'avaler la boisson translucide qui remplissait le contenant quelques secondes plus tôt. Elle est la première à faire claquer son verre sur le zinc du bar, l'alcool brûlant sa gorge sans même qu'elle n'y porte attention. Depuis le temps qu'elle fait cela, son corps n'est plus sensible à cette torture. Ses cheveux blonds viennent parfois cacher son visage de ceux qui tentent de la regarder tant ses gestes sont vifs et désordonnés.

Bellamy, l'homme qui l'a abordé en premier ce soir-là, laisse sa main glisser sur les fesses de la jeune femme alors que ses amis sont occupés à chanter les paroles d'une chanson insupportable. Il ne les écoute pas vraiment, trop occupé à reluquer la jeune femme qui le surprend à chaque shot qu'elle descend. La blonde lui adresse un sourire empli de sous-entendus avant de glisser ses mains sur ses joues pour l'embrasser follement. Il ne faut pas longtemps au brun pour y répondre et laisser ses doigts devenir un peu plus insistant sur ses chairs. Elle sait déjà où elle passera le reste de sa soirée, mais aussi la manière dont elle pourra remercier cet homme pour lui avoir payé quelques verres qu'elle n'aurait pas pu se permettre.

Derrière son bar, le grand serveur essuie un verre avant de la ranger proprement. Ses amis disent de lui qu'il n'est pas taillé pour tenir un bar mais pour faire un sport de combat. Il aurait bien aimé mais son parcours l'a amené à acheter ce bar pour trois fois rien avant de le restaurer entièrement et d'en faire un commerce qui fonctionne assez bien. Il soupire lorsque, en baissant son bras pour attraper le verre suivant, il constate que l'heure de fermeture est passée depuis plus d'une heure. S'il était professionnel, il servirait cette dernière tournée promise par la seule femme du groupe afin de s'assurer un revenu supplémentaire ainsi que d'autres qui pourraient venir par la suite. Cependant, il est épuisé et sait parfaitement que la blonde n'a pas de quoi se payer les huit prochains verres, sinon elle n'aurait pas toujours besoin de draguer un autre client pour payer sa consommation. Cela fait déjà quelques semaines que le patron l'observe, discret derrière son zinc mais vif dans ses conclusions.

"Désolé les jeunes, je dois fermer. L'addition est ici et je vous laisse le temps de laver vos derniers verres pour la régler."

Un concert de gémissements résonne dans la pièce mais le barman retire les verres afin de les laver un peu plus loin tandis que chacun discute de la répartition des frais avant de poser en billets la somme requise. Soucieux, Lincoln les recompte pour s'assurer que l'alcool ne leur a pas fait perdre l'ensemble de leurs mathématiques puis conclut sa caisse. Une fois le ticket de final imprimé, il range le range avec les billets retirer et le pose sur le comptoir pour aller fermer la porte.

Sur le trottoir, la blonde embrasse son Roméo du soir qui commence déjà à défaire la ceinture de sa future conquête. Ils n'ont donc pas assez de respect et d'amour propre pour rejoindre un lieu plus convenable afin de se satisfaire. Lincoln soupire puis baisse le rideau sans que les deux amants ne s'en soucie avant de rejoindre le fond de son bar où se trouve la porte qui mène à son appartement. En chemin, il récupère d'un geste las le tas de billets qu'il monte ranger à l'abri des possibles intéressés.

Une fois le coffre fort refermé et son plat de pâtes avalé, l'homme rejoint sa chambre où il s'empresse de retirer ses vêtements pour se laisser tomber sur le matelas. Un coup d'œil au réveil lui indique qu'il est plus d'une heure du matin. Puisqu'il n'a pas fait le ménage avant de monter, il règle son réveil à huit heures pour être sûr que tout soit prêt à l'ouverture le lendemain.

Étendu sur son lit, il ne parvient pas à s'endormir tant que l'idée qu'il a lui trotte dans la tête. Il récupère alors son téléphone pour écrire à sa sœur avant de sombrer dans le sommeil.