49. La différence

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Angie


L'air m'étouffe soudain et je suis obligé de m'asseoir à ses côtés. Je ne dis rien, pourtant, les mots se bousculent dans ma tête. Pourquoi, où, comment, quand ? Tant de questions qui me brûlent la langue, mais que je ne parviens pas à poser.

— Il y a deux ans, j'étudiais le droit à Trinity High School. Ma mère y était femme de ménage. Ce n'était pas un boulot de rêve, mais ça payait toujours les factures. Un soir, alors qu'elle s'en allait, Neil lui a demandé de le rejoindre dans son bureau.

Il baisse la tête, fronce les sourcils de douleur.

— Il l'a violé.

Il lâche ça ainsi, sur un ton si froid qu'il transperce mon cœur. Je relève le menton vers lui, tente de retenir mes larmes comme je le peux.

— Le doyen connait du monde, Angie. Du grand monde. Et malgré la plainte de ma mère, les poursuites ont vite été abandonnées.

Mes paupières se ferment comme pour échapper à ces paroles. Mais il n'en reste pas là et avoue :

— Je l'ai vu sombrer, un jour après l'autre. Elle passait son temps à lui envoyer des mails, à le supplier de se confesser.

Son nez se retrousse, il continue.

— Alors, je me suis mis en tête de faire justice moi-même. J'ai pris les clés de la fac dans son sac à main. Elle n'a rien remarqué, de toute façon, elle était bien trop bourrée pour s'apercevoir de quoi que ce soit. J'ai attendu qu'il n'y ait plus personne à part Neil et j'ai agi de la même manière que lui. J'en ai fait ma proie.

Je déglutis, clos les yeux plus fort.

— Et ensuite ? tenté-je.

— Manu est arrivée. Elle avait compris avant tout le monde ce que je comptais faire. J'ignore comment, mais elle a réussi à me stopper.

Il secoue à nouveau la tête, les iris perdus dans le vide.

— Après ça, Neil a joué de ses relations. Il a obtenu le silence et le droit de me voir disparaître. Il m'a offert deux choix. Soit je m'en allais, soit il me faisait arrêter et jeter en prison. J'étais prêt à tout, mais pas ma mère. Mon père est mort quand j'étais gosse, elle n'avait plus que moi et... je n'avais plus qu'elle. Alors, on a déménagé.

Il fuit mon regard, cependant, je le vois s'effondrer intérieurement au rythme de son discours.

— Les jours passaient, et elle ne s'en relevait pas. Elle continuait les mails, l'alcool et même la drogue. Elle a tenté de se suicider. Deux fois.

Mes larmes coulent. Tout ça ne me parle que trop bien, malheureusement. La descente aux Enfers d'un proche, ou de plusieurs. La sensation de ne rien pouvoir y faire.

SYKE HACKER T1 - MONSTER (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant