𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟖 | 𝐑𝐨𝐬𝐞

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La fête bat son plein. La musique qui émane des enceintes fait vibrer les murs de la fraternité comme elle fait tressaillir mon cœur au rythme de ses pulsations. Mes oreilles bourdonnent tandis que la maison se remplit de plus en plus. La porte d'entrée grande ouverte ne cesse d'accueillir toujours plus de monde, tous excités à l'idée de boire et de faire la fête toute la nuit. Il y a tellement de personnes qu'on étouffe presque à l'intérieur.

    Le jardin est aussi bondé. Tous en maillot de bain devant le coucher de soleil orangé. L'eau de la piscine ondule comme un océan agité.

    Et moi, je m'en veux d'avoir succombé à la belle gueule de ma colocataire. Je ne sais même pas ce que je fous ici à l'observer se déhancher sur la piste de danse. Au centre de la foule, elle rayonne en se trémoussant, encouragée par l'engouement qu'elle a provoqué par sa simple présence. Ses cheveux d'or se balancent dans tous les sens tandis que les jeux de lumière multicolores courent sur les murs et ne se privent pas de glisser le long de sa robe de soirée rose bonbon.  

    Mes iris se braquent sur le gobelet rouge dans ma paume. Je hume l'odeur forte et sucrée qui s'émane de la vodka cerise à l'intérieur. Je n'en ai pas pris une seule gorgée même après une heure passée ici. Si bien que mes lèvres hésitent à tremper dedans, et ça ne rate pas. Sa saveur fruitée satisfait mes papilles gustatives, le liquide brule ma trachée dès la première gorgée en me faisant retrousser le nez. J'écarte rapidement le verre de ma bouche en grimaçant.

    Des minutes s'écoulent avant que je n'avale tout d'une traite, puis me lève et joue des coudes pour me frayer un chemin entre ces corps luisants. L'air s'alourdit, une odeur nauséabonde de transpiration mélangée à celle de l'alcool embaume la pièce tandis que les murs semblent se rétracter. Je me stoppe en plein milieu de la foule, la respiration courte et les jambes en coton.

    On remercie les talons de Lyah.

    Je halète, l'angoisse me noue les tripes. Je parviens en un temps record à rejoindre la porte-fenêtre du salon, à la recherche d'un coin calme et isolé. Ils se frottent les uns aux autres, je comprends désormais mieux pourquoi je ne suis jamais allée à une de ces soirées. 

    Il existe mille et une façons de se libérer l'esprit en s'amusant, et ce n'est clairement pas dans ce genre d'endroit que je me rendrais si l'envie me prenait.

    Pourtant, tu es où là.

    Bouffonne.

    Il fait nuit noire pendant que je traverse le jardin animé. Les éclaboussures d'eau jaillissent de la piscine creusée ainsi que les cris de joie et les rires qui fusent dans l'air. Les lumières blanches au fond du bassin éclairent les étudiants qui se précipitent en courant au bord pour plonger la tête la première. À la recherche d'un coin plus tranquille et éloigné, je m'aventure à l'arrière de la maison.

    À pas feutrés, la noirceur de la nuit profonde m'engloutit tandis que j'observe les plantes grimper sur les murs de la bâtisse en se propageant sur les parois. J'ai perdu toute notion du temps. Il doit surement être minuit, ou dans les alentours d'heure du matin. Mais ce n'est pas ce qui me préoccupe pour le moment. Tout ce que je souhaite, c'est que personne ne vienne m'embêter.

    Je m'enfonce un peu plus vers le fond du jardin en me retrouvant désormais dans l'obscurité totale. Soudain, je grimace en entendant des plaintes de plaisir et des gémissements féminins.

    Il y a des chambres pour ça, merde.

    Ils deviennent plus forts à chacun de mes pas. Je m'arrête net, l'oreille tendue et le regard balayant les alentours, mais la pénombre m'empêche d'y voir clair. Je reprends mon chemin, mais un mouvement que j'aperçois du coin de l'œil m'immobilise.

𝐋𝐈𝐀𝐑 𝐓𝟏 { en réécriture }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant