Maudits

Aaron

31 Octobre 1995, Roppogni

C'était le soir d'Halloween. J'avais 5 ans et mon frère  Aaron en avait 15. On avait déménagé au Japon l'été même.

Je venais de rentrer de ma petite chasse aux bonbons, toute contente à l'idée de pouvoir les manger avec mon frère plus tard. Je criais dans la maison, toute heureuse avant d'entendre des sanglots étouffés provenant de la cuisine. En arrivant, je vis ma mère effondrée et complètement en larmes. Mon père, lui, regardait dans le vide avec une expression toute aussi horrifiée que celle de ma mère, un bout de papier à la main. D'une petite voix, je leur demandai en m'avançant vers eux :

-Maman...? Papa...? Qu'est-ce qui se passe...? Ou est Aaron...?

Je les regardai tour à tour sans comprendre ce qui se passait quand j'entendis les sanglots de ma mère s'intensifier. Toujours sans comprendre je dis :

-Je vais poser mes bonbons dans ma chambre...

Lorsque je voulus m'avancer dans le couloir, je sentis mon père me retenir avant de me dire d'un ton doux :

-Non ma chérie... reste à la cuisine... il vaut mieux les manger à table tu ne penses pas ?

-Mais je veux les manger avec Aaron !

Je vis à nouveau son expression se décomposer mais il se força à afficher un petit sourire avant de dire :

-Alors attends-le à la cuisine Chelsey d'accord ?

Je finis alors par acquiescer avant d'aller m'installer vers ma mère. Curieuse, je me penchai vers elle et d'une petite voix innocente je demandai :

-Maman, pourquoi tu pleures ?

Je l'entendis renifler avant qu'elle ne me prenne dans ses bras en murmurant :

-Chelsey.... Aaron...Aaron n'est plus la... Il va falloir que tu apprennes a te débrouiller seule maintenant.

~~

Je me réveillai en sursaut au bip incessant de mon réveil. Je m'assis en tailleur et repris ma respiration avant de passer ma main dans mes cheveux. De la sueur froide coulait le long de ma colonne vertébrale et l'angoisse s'empara de moi

Je m'étais juré de ne plus jamais penser à ce jour.

Après quelques secondes, je me levai en titubant pour aller à la salle de bains me préparer. Je pris une douche, me maquillai pour recouvrir ma cicatrice, mis mon uniforme, me coiffai et sortis. Lorsque je franchis le pas de ma porte d'entrée je vis Ran et Rindou fumer de l'autre côté. Je leur souris ce qui fit apparaître mes fossettes et dis :

-Coucou, vous avez bien dormi ?

Ils me rendirent mon sourire quand Ran répondit :

-Nan pas assez...

Je ris doucement en disant que je devais y aller et descendis les marches de mon immeuble, un petit sourire scotché aux lèvres.

Cependant, en arrivant au lycée, une boule se forma à nouveau dans mon ventre et l'angoisse revint. Je déglutis difficilement et passai l'entrée. Sur mon passage tout le monde se retournait pour chuchoter quelque chose à son voisin en riant. Je ne compris pas tout de suite ce qui se passait avant que je n'arrive dans ma salle de classe. En allant vers ma table, je vis une affiche avec ma tête dessus. Je la pris, les mains tremblantes et lus ce qui y était écrit :

La salope du Roppogni

Pleins de dessins et mots obscènes se trouvaient sur la feuille  ainsi que sur ma photo. Immédiatement, mes yeux se remplirent de larmes. Soudain l'un des potes à Yumi dit haut et fort :